lundi 6 janvier 2014

2014 année de la xénophobie ?

Les perspectives pour 2014 ne sont pas bonnes. Le élections au Parlement européen en mai prochain risquent de devenir un festival de xénophobie où les principaux partis tenteront de surenchérir sur l’ UKIP (Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, dans le même groupe parlementaire européen que Philippe de Villiers, note de la BS) en étant autant, sinon davantage, anti-étrangers qu’eux. En août ce seront les célébrations du début de la Première Guerre mondiale. Celles-ci risquent de devenir une célébration du nationalisme, avec d’éminents historiens qui expliquent déjà que c’était une guerre justifiée que l’Angleterre méritait de gagner.

Nous devrons donc cette année, en plus de nos activités habituelles, intensifier le discours socialiste contre le nationalisme et la guerre.

L’expression même "Etat-Nation" suppose que les Etats qui se partagent le monde sont l’expression politique de "nations" pré-existantes. En fait c’est l’inverse: c’est la "nation" qui est une création de l’Etat. Les Etats inculquent à leurs ressortissants qu’ils formeraient une communauté, avec des intérêts communs représentés par l’Etat. Les gens en viennent à se considérer, eux et les autres du même Etat, comme un "nous".

Les socialistes ne parlent pas de "nous" en lien avec les soi-disants "Etats-nations" où ils naissent ou vivent. Nous savons que dans chaque Etat il y a deux classes aux intérêts opposés: la classe de ceux qui possèdent et contrôlent les moyens de production et la grande majorité qui n’a que sa force physique et intellectuelle à vendre pour vivre et qui le fait pour un salaire.

Les guerres ne se font pas entre "nations" mais entre Etats, et les Etats représentent les intérêts de leur propre classe dominante. Les guerres naissent de conflits économiques entre Etats représentants ces classes dominantes, sur les sources de matières premières, les routes commerciales, les marchés, débouchés et zones stratégiques qui les protègent. La boucherie de la Première Guerre mondiale ne fait pas exception.

Le nationalisme est utilisé par les Etats pour obtenir un soutien à la guerre de sa "chair à canon". Mais il peut se révéler contre-productif s’il échappe au contrôle de l’Etat, comme cela risque d’arriver sur la question européenne. L’intérêt de la section dominante de la classe capitaliste britannique, c’est que la Grande-Bretagne reste dans l’union européenne afin d’avoir accès au "marché unique" européen, mais une grande partie de l’opinion publique y est opposée sur des bases nationalistes que l’UKIP exploite.

Tout au long de l’année, nous insisterons: les salariés dans un Etat ont les mêmes intérêts que leurs camarades des autres Etats. Nous sommes tous membres de la classe travailleuse mondiale et avons un intérêt commun à travailler ensemble à l’établissement d’un monde sans frontières où les ressources deviendront patrimoine commun de tous les peuples du monde et seront utilisées au bénéfice de tous.

Editorial du Socialist Standard de janvier, mensuel du Parti socialiste de Grande-Bretagne, traduit par Bataille Socialiste.