mercredi 31 décembre 2008

Qui a eu raison, les sionistes ou les socialistes ?

Encore une fois Israël se révèle être un État militariste et impérialiste. Ce n'était pas de cela que les pionniers sionistes avaient rêvé, mais c'était bien là que devait mener leur projet de création d'un État juif. Car tout État est potentiellement militariste et expansionniste, "les raisons d'État" l'emportant en fin de compte sur toute autre considération.

Les premiers sionistes voulaient établir une patrie pour les Juifs. Ils partageaient donc le mythe accepté par tous les nationalismes selon lequel l'humanité serait composée de divers "peuples", chacun d'entre eux constituant une communauté "naturelle" ayant droit à son propre territoire et à son propre État. Nous ne sommes pas parmi ceux qui pensent que tout le monde, sauf les Juifs, a ce soi-disant "droit à l'autodétermination". Nous contestons dans sa totalité cette façon de voir l'humanité. Le peuple, tout peuple, est un mythe. L’autodétermination, ça ne veut rien dire.

Pour nous les hommes sont simplement . . . des êtres humains. La seule communauté "naturelle", c'est la race humaine, c'est l'humanité. Nous sommes tous des Terriens, des citoyens du monde. La division de l'humanité en peuples (et même en races), loin d'être un fait naturel, est éminemment politique, donc factice. Ce ne sont pas des peuples préexistants qui ont créé des États mais bien des États qui ont fabriqué des "peuples" par la propagande, par l'endoctrinement et par la répression de ceux qui refusaient de se conformer.

Ce qu'on appelle un peuple n'est en fin de compte qu'un groupe d'hommes soumis à l'autorité et aux lois d'un même État. Ce sont les sujets d'un État, ou plutôt de la classe qui contrôle cet Etat. Car le nationalisme, tout nationalisme, est une idéologie qui sert toujours l'intérêt, soit d'une classe qui est déjà dirigeante dans un Etat, soit d'une classe qui aspire à le devenir. Un peuple ne constitue donc pas une communauté, mais au contraire tout soi-disant peuple est divisé en classes ayant des intérêts opposés.

Dans le cas des sionistes, il est vrai, c'était un peu plus complexe que cela. Pour établir leur Etat ils avaient deux choses à faire. D'abord convaincre les Juifs de se considérer comme un peuple, et non comme une simple minorité religieuse. Puis convaincre un Etat impérialiste de leur accorder une terre à coloniser.

Dans leur propagande parmi les Juifs les sionistes se sont heurtés à deux oppositions : celle de ceux qui disaient que les Juifs n’étaient que des Français, des Allemands, des Autrichiens, selon le cas, de religion israélite et devraient donc s'identifier a l'Etat où ils se trouvaient (ce que la plupart des Juifs ont toujours fait) ; et celle des socialistes qui disaient (et qui disent toujours) que les travailleurs d'origine juive faisaient partie de la classe travailleuse mondiale et n'avaient aucun intérêt à l’établissement d'une soi-disant "patrie juive". Avant la dernière guerre mondiale les sionistes étaient très minoritaires parmi les Juifs. Ils restent minoritaires aujourd'hui (il y a beaucoup plus de Juifs aux Etats-Unis qu'en Israël) mais les expériences terribles des Juifs européens pendant cette guerre leur apportèrent assez de recrues pour procéder à l'étape finale du projet sioniste.

Quant à la terre sur laquelle ils devaient bâtir leur Etat, pendant la première guerre mondiale les sionistes réussirent à convaincre le gouvernement britannique. Dans sa fameuse déclaration de novembre 1917 le ministre anglais des Affaires étrangères de l'époque, Arthur Balfour, acceptait le principe d'un "foyer national juif"... en Palestine qui allait passer sous contrôle britannique après la chute de l’Empire ottoman. Avec l’exploitation des gisements pétrolifères du Moyen-Orient l'Angleterre eut sans doute eu l'occasion de regretter la "Declaration Balfour" mais les sionistes en firent plein usage. Ils amenaient de plus en plus d’immigrés juifs en Palestine provoquant, souvent délibérément, des frictions avec la population locale dont la présence gênait la réalisation de leur projet.

Après la dernière guerre mondiale les sionistes se sentirent assez forts pour forcer les choses et ils lancèrent une campagne de terreur – avec bombes, assassinats, etc – contre l'“occupant", c'est-à-dire contre les autorités britanniques qui gouvernaient toujours la Palestine sous mandat de la Societe des Nations. Finalement tous les Etats impérialistes tombèrent d'accord, y compris la Russie, pour établir un Etat juif en Palestine, ou plutôt y établir deux Etats, l'un juif, l'autre arabe. C’est ainsi que le 1er mai 1948 naquit l'Etat d'Israël.

Ce fut tout de suite la guerre avec les Etats de la Ligue arabe qui refusaient d'accepter ce nouvel Etat ... et avec la guerre les massacres, les intimidations, les réfugiés et toutes les autres horreurs qui accompagnent toujours ces conflits entre nationalistes rivaux qui se sont arrogé le droit de parler – et de combattre, d'assassiner, de bombarder – au nom des "peuples", qui ne sont en fin de compte que les victimes innocentes de conflits qui ne les concernent pas. L'Etat d'lsraël a gagné en ce sens qu'il a survécu comme il allait gagner dans toutes les autres guerres auxquelles il a participé, en 1956, en 1967, en 1973, en 1982 . . . .

Puisqu'aucun petit Etat ne peut survivre sans se lier dans une certaine mesure à l'un ou l'autre des deux blocs impérialistes qui rivalisent pour dominer le monde, Israël a dû choisir son camp. Dès le début il a choisi le camp américain et ce sont les Etats-Unis qui l'ont toujours financé et armé. II est vrai que récemment en cherchant des "frontières sûres" Israël a été amené à s'établir comme sous-impérialisme à son propre compte mais il reste le seul allié stable qu'ont les Etats-Unis dans la région, l'Arabie Saoudite et l'Egypte pouvant facilement basculer dans le chaos comme l’Iran.

Qui donc a eu raison, les sionistes ou les socialistes ? Les sionistes ont eu leur Etat, mais qui peut dire que les Juifs qui y habitent sont plus en sécurité que s'ils étaient restés en Europe, comme la propagande sioniste prétendait qu'ils le seraient ? L’établissement même de l'Etat d'Israël a rendu impossible la situation des Juifs qui habitaient des pays arabes, les obligeant à en fuir ... en Israël où ils forment aujourd'hui la majorité de la population, victimes non pas de l’antisémitisme européen mais du projet sioniste. Et les attentats antisémites en Europe n'auraient pas eu lieu si l' Etat d'lsraël n'existait pas. Le seul "avantage" que les sionistes peuvent montrer, c'est le droit des Juifs israéliens d'agiter leur propre petit drapeau en entretenant les mêmes préjugés bêtes et le même sentiment de supériorité envers leurs voisins que certains Etats européens d'avant-guerre encourageaient leurs sujets à montrer aux Juifs. En même temps, les travailleurs salariés en Israël, qu'ils soient "juifs" ou "arabes", subissent les mêmes problèmes (chômage, inflation, crise du logement, etc...) que leurs frères de classe partout dans le monde, problèmes attribuables à la seule existence du capitalisme.

Ce sont donc nous, les socialistes, les antinationalistes, qui avons eu raison. L'établissement d'un "foyer national juif" n'a résolu en rien ce qu'on appelait la question juive. Il a même créé un nouveau problème tout à fait identique, "la question palestinienne”. Ceux qu'on appelle "les Palestiniens" (soi-disant peuple, non-juive – et non-bédouine? – de l’ancienne division administrative de l’Empire ottoman de ce nom) sont, eux aussi, des Terriens ayant le même droit de vivre en paix et en sécurité que ces autres Terriens qu'on appelle "les Juifs" (soi-disant peuple, constitué facticement d'une secte religieuse). Mais ils risquent fort de déchanter s'ils suivent les "sionistes" palestiniens du Fatah et du Hamas qui prêchent pour l'établissement d'"un Etat palestinien” comme solution à leurs problèmes.

Le Fatah et le Hamas n'ont rien à offrir aux travailleurs palestiniens sauf un nouvel Etat où les dirigeants de ces organisations régneraient sur eux en nouveaux maîtres. S'ils ont des doutes à ce sujet, ils n'ont qu'à regarder vers les autres pays arabes.

Ni l'établissement d'un Etat palestinien, ni la destruction d'Israël, ni même une confédération israélo-palestinienne ou israélo-jordanienne ne résoudrait les problèmes des gens de cette région. Aussi longtemps que le capitalisme existera, le Moyen-Orient sera condamné à rester un panier de crabes à cause des rivalités impérialistes à propos du pétrole et des points stratégiques pour contrôler et protéger la route de pétrole.

La seule solution reste l'établissement d'un monde socialiste où tous les êtres humains, quelles que soient leurs origines ou leurs traditions, seront membres égaux d'une communauté humaine vivant en paix, en sécurité et dans l'abondance sur la base de la possession commune des ressources de la Terre. C'est vraiment la seule façon d'éviter d'autres Gaza, à Beyrouth, à Damas, à Bagdad . . . à Jérusalem.

lundi 29 décembre 2008

Le conflit à Gaza

Il faut souhaiter un cessez-le-feu immédiat. Les victimes des conflits armés sont toujours les travailleurs qui seront blessés ou tués, qui vivront dans la peur et verront se développer la haine.

La véritable solution à ce carnage dans la bande de Gaza et plus largement dans la région est que les travailleurs palestiniens et israéliens comprennent leur position de classe et reconnaissent qu’ils ont plus en commun qu’avec leurs classes dirigeantes, que ce soit le gouvernement israélien ou le Hamas. Un ou deux États, là n’est pas la solution. Le sionisme et les autres nationalismes (aggravés par les superstitions religieuses) ne font que diviser la classe travailleuse

“Les travailleurs n’ont pas de patrie, ils ont un monde à gagner” est une maxime aussi vraie aujourd’hui qu’elle l’était en 1848. Mais une telle position internationaliste n’émergera que lorsque les travailleurs adopteront cette position socialiste.

(traduit du blog SPGB par La bataille socialiste)

samedi 20 décembre 2008

Le socialisme mondial, seule alternative

L’existence du capitalisme comme système économique mondial implique qu’il n’y a pas de solution nationale aux problèmes qu’il génère. Les Etats, ou plutôt, les plus puissants d’entre eux, peuvent en effet distordre le marché mondial en leur faveur et acquérir ainsi, aux dépens d’autres Etats, une plus grande part des profits mondiaux pour leurs entreprises (privées ou étatisées). Mais, comme aucun Etat n’est assez fort pour contrôler toute l’économie du marché mondial, de telles distorsions ne peuvent jamais être permanentes, et les gouvernements de tous les Etats sont finalement obligés de se soumettre aux forces du marché mondial et de donner la priorité à l’accumulation du capital, à la concurrence et à la rentabilité, au lieu de satisfaire les besoins des gens dans des domaines tels que le logement, la santé, l’éducation et l’environnement.

La solution au problème de la guerre et de la menace d’un holocauste nucléaire qui tuerait des millions et des millions d’êtres humains ne peut se trouver, c’est encore plus évident, qu’à l’échelle mondiale. A cause de la nature du capitalisme comme système mondial, impliquant une lutte concurrentielle pour les profits dans laquelle la force armée d’un État, qu’elle soit effectivement utilisée ou pas, peut être un facteur subsidiaire de réussite, le désarmement est impossible dans le cadre du capitalisme et les « conférences pour le désarmement » ne sont qu’une blague cruelle. Non seulement le désarmement, fût-il partiel ou progressif, n’est pas possible sous le capitalisme, mais la tendance va dans le sens inverse : vers un armement croissant, pas seulement des super-puissances, mais de tous les États. Cela durera aussi longtemps que le capitalisme lui-même, entraînant un gaspillage de ressources de plus en plus important, tandis que plus de la moitié de la population du monde n’est même pas correctement nourrie, sans parler de la satisfaction de tous ses autres besoins. C’est là le seul futur que le système mondial capitaliste a à offrir à l’humanité.

La leçon est claire. S’il faut résoudre les problèmes auxquels se confronte l’humanité aujourd’hui, l’économie capitaliste doit partir. La seule alternative est un autre système mondial, un système conçu pour servir les intérêts humains, où les ressources de la terre deviendraient l’héritage commun de tous les gens de la planète pour être utilisées à satisfaire pleinement les besoins matériels et culturels de toute la population du monde. Une telle société socialiste serait, comme le capitalisme, un système mondial fonctionnant en tant que tel et non une collection de sociétés socialistes séparées existant sur une échelle nationale. De même, l’action pour établir une telle société socialiste mondiale ne peut être qu’une révolution sociale mondiale et non une série de révolutions socialistes « nationales ».

samedi 13 décembre 2008

Les luttes de classes à Sercq

Sercq, une des îles anglo-normandes, était la dernière partie de la Grande-Bretagne à avoir un système gouvernemental féodal avec le pouvoir politique aux mains des propriétaires fonciers héréditaires. Il y a quelques années deux capitalistes, les frères Barclay, qui possèdent le Daily Telegraph, le Spectator et d’autres titres de presse, s’y sont déplacés et ont financé une campagne, qui est allée jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg, pour renverser l’ancien régime. Pour la première fois s’y sont donc déroulé jeudi dernier des élections démocratiques.

Les frères Barclay, en tant que capitalistes riches, avaient leur propre liste de candidats, mais elle n’a pas réussi, les partisans du seigneur féodal (son titre officiel c’est vraiment “The Seigneur”) obtenant une majorité de sièges.

Vaincus, les capitalistes ont immédiatement eu recours au pouvoir de l’argent, à l’opposé de celui de la terre, et ont fermé leurs entreprises sur l’île pour punir ceux qui n’avaient pas voté pour eux.

Voilà qui montre que le discours capitaliste sur la “démocratie” est encore, comme au XIXème siècle, une façon d’essayer de transférer le pouvoir politique des vieilles classes foncières à eux-mêmes. Un changement de maîtres pour les gens ordinaires, comme lors de la Révolution française. Mais les gens de Sercq ont préféré le démon qu’ils connaissaient au démon qu’ils n’avaient pas encore. Et nous pouvons constater que les capitalistes ne croient en la démocratie qu’aussi longtemps qu’ils en reçoivent un intérêt.

(Traduit du blog du SPGB par Bataille Socialiste)

jeudi 11 décembre 2008

Le Canada colonialiste

La Bataille Socialiste vient de publier ici une traduction d'un article sur le Canada colonialiste.

mine de Bulyanhulu (Tanzanie)