lundi 26 octobre 2009

Le socialisme est planétaire

Ceux qui produisent les richesses du monde n'ont pas de patrie. Ils ont un intérêt commun, qui est le socialisme, indépendamment de la langue qu'ils parlent, de la couleur de leur peau, ou de l'endroit où ils vivent.

Les ressources du globe sont depuis longtemps plus que suffisantes pour nourrir, loger et vêtir tous les habitants de la planète. L'obstacle à l'abondance n'a pas de causes techniques mais des causes sociales. C'est la propriété par une classe sociale des moyens de production et l'utilisation qu'en fait cette même classe pour réaliser des profits et non pour satisfaire les besoins des hommes, qui entravent la politique d'abondance.

L'unique objectif du Mouvement pour le Socialisme Mondial est le socialisme, l’abolition du capitalisme sous toutes ses formes et sous tous les cieux et son remplacement par le socialisme. Le socialisme n'existe encore nulle part au monde et ne saurait exister quelque part sans exister partout. Il n'a jamais existé que dans sa forme primitive (en société de pénurie) et doit succéder au capitalisme (en société d'abondance).

Lorsque la majorité voudra le socialisme, en ayant compris ce qu'il signifie , nous saurons que l'avenir est pour demain. La règle de l'Humanité est aujourd'hui la contrainte et le capitalisme. La règle, demain, doit être et sera, pour l'Humanité, le socialisme et la liberté.

mercredi 21 octobre 2009

Daniel De Leon

Nous attirons l'attention de nos lecteurs sur cet article intéressant sur Daniel De Leon (1852-1914), théoricien du Parti Ouvrier Socialiste d'Amérique, parti qui a pris la même position que nous sur certaines questions-clefs, y compris qu'un parti socialiste ne devrait pas prôner des soi-disant « palliatifs », c’est-à-dire des réformes du capitalisme censées améliorer la situation de la classe travailleuse. Il s'agit d'une introduction à une traduction espagnole de la brochure de De Leon Two Pages from Roman History (« Deux Pages de l'Histoire Romaine »). Plus tard, De Leon allait proposer l’« unionisme industriel socialiste » comme moyen d'émancipation de la classe travailleuse. A la date de cette brochure (1902) il prenait la même position que nous -- que c'est l'action politique, et non pas l'action industrielle (syndicale), qui est la plus importante, comme cet extrait de la brochure le montre :

« Évidemment, l'action politique indépendante et consciente de classe est la tête de lance du Travail (des travailleurs). Même si d'autres armes peuvent être utiles, c'est cette arme-là qui est le facteur déterminant. Retranchée dans les pouvoirs publics, la classe capitaliste domine le paysage. Seule l'arme politique peut déloger les usurpateurs et introniser la classe travailleuse, c'est-à-dire, émanciper les travailleurs et construire la République socialiste. »

lundi 19 octobre 2009

L’économie bourgeoise

Pour l’économie marxienne, le capital n'est jamais une chose - machines, outils, etc. - ni une somme d'argent. Marx démontre longuement que si la valeur s'accroît au travers de l'échange de marchandises, c'est parce que la force de travail a été exploitée. Dans la théorie marxienne, le capital, comme valeur qui s'accroît, est un rapport social entre classes. La question de l'origine du profit, de la rente et de l'intérêt ayant été ainsi posée, il reste aux économistes rivaux à trouver une meilleure solution.

Les économistes bourgeois expliquent la répartition du revenu en termes d'« intensité marginale ». Le revenu dérivé du « capital » ou du « travail » est expliqué en termes de l'intensité de leur utilisation en accord avec « la loi des rendements décroissants ». Il y a beaucoup de problèmes avec cette formulation mais elle a l'attrait terrible — pour les capitalistes — d'expliquer le profit dans des termes qui affirment que le capitaliste et le salarié gagnent exactement ce qu'ils contribuent à la production.

L'économie bourgeoise continue à nier la possibilité d'abolir l'argent, les prix et les marchandises en invoquant le fait que l'« on a toujours besoin du capital ». Mais le capital est un rapport social entre classes. Les marchandises sont faites par des marchandises et nous sommes les marchandises productrices. L'existence du capital et du capitalisme est une question de conscience de classe. Le balayage des mythes générés par l'économie bourgeoise est un petit pas vers la disparition finale de la marchandise à jamais.

lundi 12 octobre 2009

Pour un monde sans argent

Depuis octobre dernier il existe un mouvement mondial qui, comme nous, revendique un monde sans argent qu‘il appelle « une économie basée sur les ressources ». Il s'agit du « Mouvement Zeitgeist ». Nous ne sommes pas d’accord avec tout ce qu’il dit (en particulier non pas avec la méthode qu‘il préconise pour y arriver), mais nous publions ci-dessus des extraits d’une de ses publications. le Guide d'orientation activiste pour montrer que l’idée d’un monde sans argent est quelque chose que le capitalisme génère comme solution objective aux problèmes qu'il crée et et n'est pas le produit des seules activités des socialistes.
Une Économie Basée sur les Ressources utilise les ressources existantes plutôt que le commerce. Tous les biens et les services sont disponibles sans utiliser de monnaie, de crédit, de troc ou toute autre forme de dette ou d’esclavage.

Le but de ce nouveau concept social est de libérer l’humanité des tâches répétitives, quelconques et arbitraires qui n’ont aucune réelle pertinence vis-à-vis du développement social, tout en encourageant un nouveau système de motivation qui est focalisé sur l’auto-accomplissement, l’éducation, la conscience sociale et la créativité, en totale opposition avec la poursuite d’objectifs superficiels et égocentriques comme la richesse, la propriété et le pouvoir qui sont dominants de nos jours. Le Projet Venus reconnaît que la Terre regorge de ressources, et que nos méthodes dépassées de rationnement des ressources à travers le contrôle monétaire ne sont plus adaptées. En fait, elles sont même contre-productives pour notre survie. Le système monétaire a été créé il y a des milliers d’années, pendant des périodes de grande pénurie. Son but initial était d'organiser une méthode de distribution des biens et des services basée sur les contributions en travail. Cela n’est pas du tout lié à notre réelle capacité à produire des biens et des services sur cette planète. (Partie 3, chapitre 5).

Dans une Économie Basée sur les Ressources, le système monétaire ne polluera plus l'esprit humain via son bras manipulateur — « la publicité ». L'océan infini de panneaux d'affichage, de supports publicitaires, de magazines et autres n'empoisonneront plus le paysage ou nos perceptions. Cela entraînera un changement radical du système de valeur humain et donc de son mode de vie.

Plus puissamment, dans une Économie Basée sur les Ressources rien ne justifie la propriété. La propriété est une excroissance de la rareté. Les gens qui doivent travailler très dur pour créer ou obtenir un produit ou une ressource finiront par le protéger car il aura une immense valeur relative au travail occasionné ainsi qu'à la rareté qui lui est associée. La propriété n'est pas une idée « Américaine » ou « capitaliste »... c'est une perspective mentale primitive générée par des générations de rareté. Les gens réclament leur « droit de propriété » car c'est une forme légale de protection.

Dans un système d'abondance, sans besoin d'argent, l'idée de propriété devient hors de propos. Dans ce nouveau système personne ne possède rien. Au lieu de cela, tout le monde a un accès illimité à tout.

Le droit de propriété est un énorme fardeau. Une personne ne sera plus obligée de vivre à un seul endroit. Elle pourra constamment voyager à travers le monde. Tout ce qui est nécessaire est obtenu, sans restrictions. Il n'y a aucune raison d'abuser car il n'y a rien à en tirer. Vous ne pouvez voler quelque chose que personne ne possède et vous ne pourriez certainement pas le vendre.

Les articles de ménage sont obtenus par le biais des centres de distribution dans les villes, tandis que les objets de loisirs sont disponibles sur appel ou à proximité de leur lieu d'utilisation. Par exemple, si vous vous rendez à un parcours de golf vous choisirez, sur place, vos clubs parmi les modèles les mieux conçus disponibles. Vous les utilisez, et vous les rendez. Si vous voulez les garder, allez-y — c'est votre fardeau... car pourquoi une personne voudrait transporter, entretenir et stocker des clubs de golf, lorsqu'ils peuvent toujours y avoir accès et ensuite les remettre sur le site ? Nos maisons aujourd'hui sont pleines de rebuts que nous conservons en raison de leur supposée valeur. Ce gaspillage ne sera dorénavant plus nécessaire.

Dans ce modèle, les complexes urbains ou, en vérité, le monde entier, est vraiment votre maison. Au lieu d'avoir des objets accessoires tels que des équipements de loisirs et des voitures qui occupent votre maison, collectant de la poussière lorsqu'ils ne sont pas utilisés, ils sont stockés de manière centralisée pour que tout le monde puisse y accéder librement, les produits étant utilisés activement, minimisant les déchets superflus.

Si vous avez besoin d'une voiture pour quelconque raison, la voiture est rendue disponible pour vous. Lorsque vous arrivez à votre destination, le système de conduite par satellite rendra automatiquement la voiture disponible pour d'autres usagers, au lieu de la laisser sur une place de parking et de gaspiller de la place et du temps.

Dans la société d'aujourd'hui, le besoin de propriété engendre une accumulation de produits et un gaspillage superflu.

Il n'est pas nécessaire que chacun personne « possède » une voiture. La plupart ne les utilise qu'une heure par jour. Il est bien plus intelligent de créer un système de partage universel, car il réduit considérablement les déchets, le surplus et augmente l'espace et l'efficacité. (Partie 3, chapitre 6).

lundi 5 octobre 2009

William Morris, artiste et socialiste

William Morris était déjà bien connu dans l'Angleterre victorienne en tant qu'artiste, artisan et surtout poète (auteur d'un poème épique, « Le Paradis sur Terre ») quand à l'approche de la cinquantaine, il adhéra en 1883 à la première organisation à s'être déclarée explicitement marxiste en Angleterre, la Social Democratic Federation.

Morris resta jusqu'à sa mort en 1896 un socialiste convaincu ou « communiste » comme il préférait s'appeler pour souligner que son but était de voir s'établir une société libre d'égaux dans laquelle la propriété privée, la coercition politique, l'esclavage salarié et l’échange commercial auraient disparu. Durant la majeure partie de cette période il fut un membre très actif de la Socialist League, une scission de la SDF, à la fondation de laquelle il a participé à la fin de 1884. Morris et la Socialist League n'étaient pas d'accord avec la politique de la SDF qui consistait à participer aux élections en proposant des réformes à réaliser au sein de la société capitaliste. Pour eux, l'activité des socialistes devait être essentiellement propagandiste : « Eduquer pour la Révolution », « Former des Socialistes », comme l'exprimait Morris.

Son roman communiste utopique, Nouvelles de nulle part, dont plusieurs traductions françaises existent et auquel nous renvoyons ceux qui veulent un exposé plus complet des idées de Morris sur ce qu'une société, communiste, sans classes, sans Etat et sans argent rendrait possible, a paru pour la première fois sous la forme d'une série d'articles dans le journal mensuel de la Ligue avant d'être publié sous forme de livre en 1890.

La contribution principale de Morris à la pensée socialiste, contribution basée sur sa propre expérience en tant que dessinateur et artisan (et il a pratiqué une grande variété de métiers, de l’imprimerie et la reliure à la teinture et l'ébénisterie en plus de dessiner des papiers peints et des vitraux), était de souligner comment le travail, en tant qu'activité humaine essentielle, pourrait — et devrait — être attrayant et agréable dans la société communiste que visaient les socialistes.

D'autres socialistes, considérant le travail comme un malheur et une torture, soutenaient (quelques-uns le soutiennent encore) que l’on devrait le réduire au minimum dans la société future. Typique de cette approche était le livre de la célèbre brochure de Paul Lafargue le Droit à la paresse et aussi, dans une certaine mesure, la distinction que Marx a faite dans le troisième livre du Capital entre « le règne de la nécessité et « le règne de la liberté. »

Morris était en profond désaccord avec une telle attitude. Pour lui, le travail — l'exercice de nos énergies corporelles — est une activité humaine essentielle qu'il ne faut pas chercher à réduire au minimum mais qu'il faut au contraire chercher a rendre agréable. Ici, comme avec son utilisation du terme « civilisation » d'une façon péjorative, il suivait Fourier plutôt que Marx. Pour lui, même le soi-disant règne de la nécessité pourrait être rendu agréable ou, plus exactement, cette distinction entre un règne de la nécessité et un règne de la liberté n'avait aucun sens pour lui. Dans une société communiste, pensait Morris, les gens seraient libres tout le temps en ce sens qu'ils feraient une activité librement choisie même quand ils effectueraient le travail socialement nécessaire de production des moyens matériels de leur survie. C'était précisément parce qu'il avait compris que le système capitaliste privait la plupart des gens — les non-possédants obligés de se salarier pour vivre — de la possibilité d'un travail quotidien agréable, rendant ainsi impossible tout art en tant qu'expression du plaisir du travailleur dans son travail, qu'il était devenu socialiste.

On peut trouver des traductions des articles socialistes de Morris dans Contre l'art d'élite (Collection Savoir chez Hermann, 1985) et dans L’Age de l’Ersatz (Éditions de l’encyclopédie des nuisances, 1996)