dimanche 29 mars 2009

Le capitalisme, touche-t-il à sa fin ?

Devant l'Assemblée nationale le 14 octobre dernier, Yves Cochet a déclaré au nom des Verts :

« Nous ne sommes pas à l'aube d'une nouvelle croissance matérielle ou industrielle, mais dans la phase terminale du capitalisme, comme le disait Immanuel Wallerstein il y a trois jours. Les possibilités d'accumulation réelle du système ont atteint leurs limites, pour des raisons géologiques et économiques que vous ne voyez pas. »
Selon les Verts, la crise que nous traversons actuellement n'est pas une des crises cycliques que le capitalisme a toujours connues, mais une manifestation du fait que le capitalisme heurterait aujourd'hui contre les limites écologiques de la Terre.

C'est contestable. Même si de telles limites existent, on est loin d'arriver à ce point. Il s'agit plutôt d'une crise « normale » de surproduction, même si plus importante que d'habitude. En ce cas, tôt ou tard la croissance de la production matérielle reprendra et le cycle continuera . . . jusqu'à la prochaine crise.

L'historien Immanuel Wallerstein, auteur d'un ouvrage en plusieurs volumes Le système du monde du XVe siècle à nos jours et du livre Le capitalisme historique, interviewé dans Le Monde du 11 octobre, a effectivement dit que « le capitalisme touche à sa fin. » Mais la raison qu'il a avancée n'était pas la même que celle des Verts.

« Je pense », a-t-il écrit, « que les possibilités d'accumulation réelle du système ont atteint leurs limites. Le capitalisme, depuis sa naissance dans la seconde moitié du XVIe siècle, se nourrit du différentiel de richesse entre un centre, où convergent les profits, et des périphéries (pas forcément géographiques) de plus en plus appauvries. A cet égard, le rattrapage économique de l'Asie de l'Est, de l'Inde, de l'Amérique latine, constitue un défi insurmontable pour l' « économie-monde » créée par l'Occident, qui ne parvient plus à contrôler les coûts de l'accumulation. »
D'après lui donc, c'est l'industrialisation des anciennes « périphéries » qui limite la possibilité d'une accumulation réelle dans les pays capitalistes de l'Occident. Wallerstein a même hasardé une prédiction :

« Dans dix ans, on y verra peut-être plus clair ; dans trente ou quarante ans, un nouveau système aura émergé. Je crois qu'il est tout aussi possible de voir s'installer un système d'exploitation hélas plus violent que le capitalisme, que de voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire et redistributif. »
En offrant une telle perspective Wallerstein écrit plus en tant qu'historien qu'économiste, mais sa thèse est également contestable, le déplacement éventuel du centre du capitalisme vers l'Asie ne représentant pas la fin du système.

Bien que l'on ne puisse exclure qu'un nouveau système d'exploitation émerge, il est plus probable que le capitalisme continue. De toute façon le socialisme ne viendra pas avant que la classe travailleuse mondiale s'organise pour le mettre en place. Il ne viendra pas d'un simple effondrement du capitalisme.

mardi 24 mars 2009

Manifester contre le G20 ?

Diverses organisations appellent à une « mobilisation internationale » ce samedi, le 28 mars, « contre le Sommet du G20 » qui se tiendra à Londres le 1er avril (date qui s'avérera sûrement bien choisie !). Mais à quoi ça sert si elle ne s’accompagne pas d’une lutte pour l’instauration d’une société nouvelle et différente ? En effet, il est vain de s’agiter tous azimuts en tentant de traiter les effets sans s’attaquer aux causes profondes du mal.

Les partisans de la résistance pure et simple se divisent en deux groupes. Premièrement, les réformistes authentiques, qui n’ont aucun projet de société alternatif à proposer en lieu et place du capitalisme et qui se bornent à vouloir introduire quelques changements mineurs. Il s’agit des ONG, de groupes religieux et d’autres organisations comme le mouvement ATTAC. Pour se rendre compte de ce type de réformisme il suffit de lire ce que ATTAC-Québec propose que le gouvernement canadien devrait faire pour lutter contre la crise : établir un contrôle public des banques et du secteur financier ; éliminer les retraites par capitalisation boursière ; établir une fiscalité équitable ; investir massivement dans les services publics et dans les infrastructures ; etc., etc.

La seconde catégorie est composée de gens qui conçoivent uniquement la résistance pure et simple comme une tactique. On les reconnaît aisément, dans les manifestations, aux drapeaux rouges et aux portraits de Lénine qu’ils arborent, aux côtés de ceux de Trotski, de Mao ou de Che. En tant que léninistes, ils pensent que le commun des mortels est incapable d’imaginer une alternative au capitalisme, qu’il peut tout au plus résister à la détérioration progressive de son niveau de vie et que, de ce fait, il a besoin d’être dirigé par une minorité consciente, à savoir. . . eux-mêmes. Leur stratégie consiste à faire de l’encouragement à la résistance pure et simple un instrument de conquête du pouvoir. C’est dans ce but qu’ils ont créé des organisations-écrans, dénommées par exemple « Résistance globale » ou « Rèsistance internationale », qui rivalisent avec les réformistes authentiques par le manque d’ambition de leurs revendications. En réalité, ils proposent bien une solution de rechange au capitalisme privé, mais, s’agissant d’une version idéalisée du capitalisme d’Etat qui a existé autrefois en Russie, ce projet est loin d’être attrayant. Rien d’étonnant dès lors à ce qu’ils éprouvent le besoin de le déguiser.

Mais alors, quelle est la véritable alternative au capitalisme ? Le socialisme ! mais dans sa conception originelle, celle d’une société bâtie à l’échelle mondiale, dépourvue de frontières, fondée sur la propriété collective des ressources de la Terre et sur l’application universelle du principe « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». Une telle société n’a jamais existé, et certainement pas en Russie ou en Chine ni sous aucun gouvernement « socialiste », social-démocrate ou de gauche. Cette société nouvelle reste à créer, et il est urgent d’oeuvrer en ce sens si l’on veut s’attaquer efficacement aux problèmes auxquels notre monde fait face aujourd’hui.

« Face à la crise, d’autres politiques s’imposent, au Canada comme ailleurs », dit ATTAC-Québec. Non, face à la crise, c'est une autre société mondiale qui s'impose.

mercredi 18 mars 2009

Marx et la Commune de Paris

A l'occasion de l'anniversaire aujourd'hui de la proclamation de la Commune de Paris en 1871 nous reproduisons un article paru dans Socialisme Mondial en 1976.

Les événements survenus à Paris en mars 1871 ont dû lors passer pour une importante convulsion politique. Le gouvernement français perdit son contrôle sur Paris à l'avantage d'un conseil municipal, la Commune, composé de républicains extrémistes, ayant pour bannière le drapeau rouge, et qui proclamaient l’émancipation du travail. Il est vrai que ces événements n'avaient pas de précédents. Jamais auparavant un gouvernement n’avait prétendu représenter les intérêts de la classe travailleuse ; jamais auparavant un si grand nombre d'ouvriers n'avait pris part à l’administration politique d'une grande ville. Il y eut, bien sûr, de nombreux gouvernements depuis 1871, au niveau régional et aussi national, qui se sont dénommés « travaillistes » ou « communistes » et auxquels des ouvriers participèrent, mais la Commune de Paris était la première.

En 1870, Marx travaillait encore activement pour l'Association Internationale des Travailleurs, fondée cinq ans auparavant. Sa stratégie à long terme avait pour but d'encourager la classe travailleuse dans tous les pays à agir séparément, et se préparer ainsi à une action politique socialiste. Il était hostile aux insurrections immédiates telles que les préconisaient Blanqui, entre autres, et l'anarchiste Bakounine. En effet, sa première réaction fut de s'opposer à l'idée d'un soulèvement à Paris suivant la défaite française dans sa guerre contre la Prusse en septembre 1870. Dans un manifeste, publié par l'AIT en septembre pour marquer le renversement de Napoléon III et la proclamation de la République Française, Marx conseillait à la classe ouvrière française de ne pas tenter de renverser le nouveau gouvernement, mais plutôt de travailler au sein de la république et de se renforcer progressivement.

Les révolutionnaires parisiens, qui en dépit de ce conseil, essayèrent de s'insurger en octobre 1870 et en janvier 1871, étaient formés de deux éléments : les jacobins et les blanquistes qui s"inspiraient de la première République française de 1792 et qui étaient la majorité, et la section parisienne de l'AIT qui s'intéressaient davantage à organiser les travailleurs. Seulement quelques-uns parmi eux étaient socialistes tels que Marx l’était, mais la plupart étaient en faveur de réformes sociales pour les travailleurs (ceci suffisait à l'époque pour être considéré socialiste).

Quand Paris se souleva en mars 1871, en réponse à la tentative provocante du gouvernement d’emporter le canon des Gardes Nationaux, milice en grande partie ouvrière, Marx admit que les révolutionnaires n'eurent pas le choix ; si l'on avait laissé le gouvernement réussir, cela n'aurait fait que démoraliser la classe travailleuse. C'est pourquoi Marx supporta entièrement la commune insurrectionnelle, une fois établie, bien qu'il sut qu'elle ne durerait que peu, et qu’elle n'était pas vraiment socialiste.

Pour s'informer sur la commune la plupart utilisent le manifeste écrit par Marx en 1871, juste après la suppression violente de Paris au milieu d'une tuerie, au nom de l'AIT appelée La Guerre Civile en France. C'est surtout un document propagandiste défendant et honorant le nom de la commune et ceux qui sont morts pour elle. Cependant, il donne, à bien des égards, une impression trompeuse de ce que la commune fut en réalité, et la revêt d'un caractère socialiste, qu'elle n'eut certes jamais ; plus tard ceci fut admis par Paul Lafargue qui était un intime associe de Marx.

Marx écrivit à propos de la Commune que son but fut de « servir de levier afin de déraciner les fondations économiques sur lesquelles repose l’existence des classes, et par conséquent de l'autorité d'une classe ». Cela suggère que le but conscient de la commune de Paris fut d'établir le socialisme. Mais il n'en fut pas le cas (et même si cela l'avait été, les chances qu'elle avait de survivre n'en auraient pas été modifiées). Ceux qui envisageaient ainsi les tâches de la Commune étaient en minorité, alors que, sa majorité, jacobins et blanquistes s'inspiraient davantage des événements de 1792 que du socialisme et perdaient leur temps avec des « comités de salut public », et à rassembler prêtres et nonnes, et même à rétablir l'ancien calendrier révolutionnaire.

Le fait que Marx ne distinguait pas toujours distinctement entre la commune en tant que système idéal de gouvernement démocratique et la commune du régime qui, réellement, gouverne Paris du mois de mars au mois de mai 1871, rend difficile une juste estimation de ses opinions sur la commune.

Peu imports les mérites de la commune telle que les travailleurs auraient dû l'établir en tant que système d’administration s'ils avaient gagne le pouvoir ou que ce soit en 1871 — et cent ans plus tard ça ne peut être qu'une discussion académique — en réalité la commune de Paris n’était pas un instrument politique entre les mains d'une majorité consciencieusement socialiste. Et même elle n’était pas aussi démocratique que la description Marx en fit dans La Guerre Civile en France avant qu'il n'eût vraiment la chance de vérifier les faits. Par exemple, ce n'est pas le salaire d'un ouvrier ordinaire que touchaient les membres de la commune, mais trois ou quatre fois celui d'un ouvrier qualifie moyen.

Dix ans après, Marx insinua et admit qu'il avait donné en 1871 une description trompeuse de la Commune. Un social-démocrate hollandais, Nieuwenhuis (qui plus tard devint anarchiste) écrivit en 1881 pour lui dire ce que le mouvement socialiste aurait dû faire dès son arrivée au pouvoir. Marx lui répondit le 22 février que le mouvement socialiste accéderait au pouvoir dans n'importe quel pays à condition qu'il fût en même temps assez fort pour l'emporter sur toute résistance capitaliste. Il poursuivit en ces mots :

« Vous me renverrez peut-être si la Commune de Paris. Toutefois, sans parler du fait que ce ne fut la que le soulèvement d'une ville dans des circonstances exceptionnelles, la majorité de la Commune n'était nullement socialiste et ne pouvait l'être d'ailleurs. Avec une petite dose de bon sens, elle aurait pu pourtant obtenir de Versailles un compromis avantageux pour toute la masse du peuple : c'est tout ce que l'on pouvait alors atteindre. »
Marx reconnut donc en 1881 que la Commune ne fut pas socialiste et qu'elle n’aurait pu réussir sans n’avoir abouti à quelque compromis avec le gouvernement français. Nous pouvons seulement nous demander à quel genre de compromis Marx pensait, mais il était probablement à l'établissement d'une république démocratique bourgeoise qui permettrait aux travailleurs de s'organiser sur le plan industriel et politique.

En fait l'échec de la Commune justifia la perspective de Marx pour les travailleurs : de former petit à petit leurs forces politiques et industrielles, plutôt que d'essayer d'organiser de soudains soulèvements armés contre l'Etat capitaliste. La Commune de Paris fut un soulèvement de ce genre, un incident important mais exceptionnel dans l'histoire de la classe travailleuse, qui démontra la futilité de la barricade et de ceux, comme Blanqui et Bakounine, dont les tactiques reposaient dessus.

(Socialisme Mondial 6, 1976)

dimanche 15 mars 2009

Bonjour l’inflation ?

Le 5 mars la Banque Centrale européenne a annoncé qu'elle examinait la possibilité de créer plus de monnaie pour essayer de relancer l'économie. Selon La Libre Belgique, se référant à Jean-Claude Trichet, le président de la BCE :

« Et pour la première fois, il a annoncé que la BCE étudiait des mesures d'assouplissement quantitatif, qui visent à relancer l'économie via la création massive de monnaie et sont utilisées quand les baisses de taux directeurs ne suffisent plus.
La Réserve fédérale américaine et la Banque du Japon ont déjà expérimenté ce style de mesures. Et la Banque d'Angleterre, qui a aussi diminué jeudi son principal taux d'un demi-point à 0,50 %, a lancé parallèlement un vaste programme prévoyant le rachat pour 75 milliards de livres (84 milliards d'euros) d'actifs, principalement des emprunts d'État. »
Puisque la monnaie pour racheter ces actifs est créée de rien en ayant recours à la planche à billets (ou à son équivalent électronique) ce soi-disant « assouplissement quantitatif » n’est qu’un autre terme pour l’inflation de la monnaie, une pratique qui risque fortement d’entraîner une hausse générale des prix, comme Karl Marx (parmi d’autres) l'avait bien compris.

Dans sa préface à la première édition du Capital, parue en allemand en 1867, Marx a écrit que son but était « de dévoiler la loi économique du mouvement de la société moderne ». Il a su dévoiler entre autres la cause essentielle de la hausse des prix continuelle d'aujourd'hui : une émission excessive de papier-monnaie inconvertible en or (c'est-à-dire ayant « cours forcé »).

« Il ne s'agit ici que de papier-monnaie d'État avec cours forcé. . (...) L'État jette dans la circulation des billets de papier sur lesquels sont inscrits des dénominations de numéraire telles que une livre sterling, cinq livres sterling, etc. En tant que ces billets circulent réellement à la place du poids d'or de la même dénomination, leur mouvement ne fait que refléter les lois du cours de la monnaie réelle. Une loi spéciale de la circulation du papier ne peut résulter que de son rôle de représentant de l'or ou de l'argent, et cette loi est très simple ; elle consiste en ce que l’émission du papier-monnaie doit être proportionnée à la quantité d'or (ou d’argent) dont il est le symbole et qui devrait réellement circuler. (...) Abstraction faite d'un discrédit général, supposons que le papier-monnaie dépasse sa proportion légitime. Après comme avant, il ne représentera dans la circulation des marchandises que le quantum d'or qu'elle exige selon ses lois immanentes et qui, par conséquente, est seul représentable. Si, par exemple, la masse totale du papier est le double de ce qu'elle devrait être, un billet d'une livre sterling, qui représentait un quart d'once d'or, n'en représentera plus qu’un huitième. L'effet est la mémé que si l'or, dans sa fonction d'étalon de prix, avait alteré » (Le Capital, chapitre III (c)).
Cette analyse de Marx est d'autant plus remarquable que, à son époque, la monnaie n’était pas un tel papier-monnaie mais encore l'or lui-même avec un papier-monnaie convertible sur demande en un montant fixe d'or.

Il s'en suit de cette analyse que la hausse des prix n'est pas l’inflation, mais qu'elle en est la conséquence - l'inflation, c'est l'émission excessive de papier-monnaie, le recours trop libéral à la planche à billets. Les salariés n'y sont pour rien puisque c'est le gouvernement - et le gouvernement seul - qui est responsable de l’émission de la monnaie. C'est donc lui qui est responsable de l'inflation.

Pour les travailleurs la conséquence pratique de cette analyse, c'est que, si « l’assouplissement quantitatif » est adopté par la BCE et s’il mène à une hausse générale de prix, ils ne devraient pas se sentir coupables en revendiquant des augmentations de salaire, car ils sont les victimes, et non pas la cause, de l'inflation. Le prix de la marchandise qu'ils ont à vendre — leur force de travail — devrait monter (et montera tôt ou tard, de toute façon) dans une période d'inflation tout comme les prix des autres marchandises. Mais — Marx encore — ce faisant les travailleurs ne doivent pas

« Se laisser absorber exclusivement par ces escarmouches inévitables que font naître sans cesse les empiétements ininterrompus du capital ou les variations du marché. Il faut qu'ils comprennent que le régime actuel, avec toutes les misères dont il les accable, engendre en même temps les conditions matérielles et les formes sociales nécessaires pour la transformation économique de la société. Au lieu du mot d'ordre conservateur : “Un salaire équitable pour une journée de travail équitable ‘, ils doivent inscrire sur leur drapeau le mot d'ordre révolutionnaire : ‘Abolition du salariat !’ »

dimanche 8 mars 2009

Réunion du Parti socialiste du Canada le 21 mars

La prochaine réunion mensuelle du Parti socialiste du Canada aura lieu le 21 mars 2009 à Mississauga (Ontario) de 13h30 à 16h30 au Black Horse Bar & Grill (adresse : 1852 Lakeshore Road West, voir le plan). Les non-adhérents sont les bienvenus. Tous les meetings du Parti socialiste du Canada sont ouverts au public.

Pour libérer les femmes : féminisme ou socialisme ?

En devenant adultes, la plupart des adolescentes d'aujourd'hui s'aperçoivent que la société dans laquelle elles vivent a placé sur leur chemin des obstacles divers et souvent insurmontables. Comment se débarrasser du complexe d'infériorité qu'on vous a donné à la naissance, comment ne pas devenir un objet sexuel, comment combiner le travail et la famille, comment ne pas devenir dépendants d'un homme, comment ne pas tomber dans le rôle de servantes des hommes ? Toutes ces questions et bien d'autres encore représentent autant de problèmes qu'une femme doit résoudre. Certaines y renoncent et font simplement ce qu'on attend d'elles, en s'aidant souvent de tranquillisants. D'autres se rebellent, disent non au système qui les opprime et s'organisent avec d'autres qui pensent comme elles afin de faire pression sur la société. C'est ainsi que se forment les groupes féministes. Mais le féminisme est-il la seule solution, la meilleure solution aux problèmes des femmes ?

Le féminisme se propose aux femmes en tant que refuge où elles peuvent se retrouver, se reconnaître et se soutenir moralement et comme base à partir de laquelle elles peuvent lutter pour changer la société et obtenir leur libération. Ce que les femmes demandent principalement, c'est d'avoir accès au travail au même litre que les hommes, ce qui leur donnera, pensent-elles, leur indépendance financière ainsi que davantage de prestige et de pouvoir dans la société. Pour l'instant malgré leur activité et leur insistance, les féministes n'ont nullement atteint leur but. En effet même s'il y a de plus en plus de femmes qui travaillent pour un salaire, leurs emplois restent dans l'ensemble secondaires et mal payés, et lorsqu'elles envahissent en nombre une profession donnée, comme par exemple l'enseignement, ce ne sont pas elles qui y gagnent en prestige, mais la profession elle-même qui y perd. Pour ce qui est du pouvoir politique, même si y a aujourd'hui quelques femmes parmi les députés et même parmi les ministres, elles sont l'exception et non la règle.

Les féministes parlent du droit au travail, du droit a l'égalité, comme si le système de société dans lequel nous vivons, était organise dans l'intérêt des individus qui le composent et qu'il suffisait d'exprimer bien fort ses besoins pour qu'ils soient satisfaits. Mais il n'en est pas ainsi. Le système social dans lequel nous vivons n'a pour but ni de satisfaire les besoins matériels des habitants de la terre, ni de créer des activités utiles et intéressantes, ni de donner à chacun et a chacune l'occasion de développer pleinement son potentiel humain. Non. Notre système social, celui que la plupart des gens acceptent, pour lequel ils votent à chaque élection, et dans lequel ils veulent travailler, n'a qu'un but, seul et unique : produire des profits. Profits qui reviennent à une petite minorité de la population. Afin que ces profits soient produits, le reste de la population qui n'en verront jamais la couleur, doivent travailler et produire, et doivent, tous autant qu'ils sont, hommes et femmes, jouer leur rôle dans l'énorme machine capitaliste. Pour l'instant la femme a un rôle qui n'est pas net puisqu'on lui demande à la fois d'être prête à travailler si on a besoin d'elle, mais aussi d'être prête à produire et élever des enfants si c'est de cela qu'on a besoin. Que les femmes ne se fassent pas d'illusions, tant que la machine capitaliste existera c'est elle qui décidera, selon ses besoins, de ce que le rôle de chacun devra être.

Même si, dans cette perspective, il arrivait que les femmes se mettent à jouer exactement le même rôle que les hommes, auraient-elles pour autant obtenu leur libération ? Elles ne dépendraient plus d'un mari pour leur subsistance mais elles dépendraient à la place d'un employeur avec tous les inconvénients que cela comporte : risque de chômage, nécessité d'aller vivre la où on peut trouver du travail, difficulté de vivre avec qui on veut parce qu'on trouve rarement du travail au même endroit, nécessité de se battre continuellement, avec l'aide de son syndicat, pour maintenir son salaire à un niveau acceptable, humiliation de devoir se vendre pour pouvoir vivre. Est-ce cela l'indépendance, la liberté ? Quant au prestige que les hommes semblaient tirer de leur métier, on en reviendrait vite dans la monotonie de la routine quotidienne et l'inutilité manifeste de la plupart des tâches accomplies. Le pouvoir politique et social que les hommes semblaient détenir du fait de leur compétence dans le monde du travail, se révèlerait lui aussi très rapidement une pure illusion puisque seuls ont du pouvoir ceux qui sont en possession des moyens de production, c'est-à-dire une toute petite minorité de la population et même si cette petite minorité est principalement constituée d'hommes, il ne s'ensuit nullement que si l'on est homme, on est de ce fait en position de pouvoir.

Suivre les féministes et transformer la femme, elle aussi, en esclave salariée ne serait donc pas une véritable libération, car changer de maître, ce n'est pas se libérer. Une véritable libération implique qu'il n'y ait plus de maître, que chaque personne soit indépendante et autonome, qu'elle fasse sa part de travail selon ses capacités et qu'elle prenne ce dont elle a besoin, et ceci de l'enfance jusqu'à la mort, sans aucun besoin de se vendre à qui que ce soit, mari ou employeur, ni pour vivre dans le présent, ni par mesure de précaution pour l'avenir. Si l'on doit lutter pour quelque chose, alors luttons tous, travailleurs et travailleuses, pour bâtir une société ou chaque individu, homme, femme, ou enfant, sera véritablement libre.

dimanche 1 mars 2009

Propriété commune N°1

Voici le premier numéro d'un bulletin du Parti socialiste du Canada:



Le profit

Avez-vous déjà remarqué que les promesses des politiciens ne donnent jamais rien? Vous êtes-vous déjà dit que les problèmes de l’humanité ne se résolvent jamais? Et qu’après des siècles d’élections et de prise de pouvoir de partis couvrant tout le spectre politique, aucun de ces problèmes ne disparaît? Il y a sûrement une raison à cela, une raison fondamentale pour laquelle rien ne marche comme il faudrait. Que trouvons-nous si nous examinons la base même de notre société? Sous le capitalisme, les entreprises doivent, par l’appropriation du fruit du travail de leurs employés, réaliser un profit. C’est un processus qui pervertit le monde dans lequel nous nous trouvons. Pour une entreprise, le profit est la condition de sa survie et la clef de sa prospérité. Ainsi, comment s’imaginer, comme le font les réformistes et activistes en tout genre, que nous pouvons faire ce que nous voulons de notre monde? (D’ailleurs, ces activistes se demandent-ils parfois pourquoi, dans un monde soi-disant démocratique, ils doivent se battre si durement?) C’est le principe du profit qui dicte la direction prise par les en-treprises. Un capitaliste veut être gentil? Il décide de diminuer son empreinte écologique et de promouvoir la responsabilité sociale? Tant pis pour lui, que sa compagnie fasse faillite! Il n’y a aucun doute qu’il devra pour cela augmenter ses coûts de production et ses concurrents finiront évidemment par le supplanter. Bien sûr, toute entreprise n’est pas complètement « méchante » de façon intrinsèque. Des entreprises prospères prennent certaines mesures, pour l’environnement, par exemple. Mais jusqu’à quel point? Jusqu’au point où cela ne va pas à l’encontre de l’impératif du profit. Serait-ce d’ailleurs pour améliorer leur image? Quoi qu’il en soit, les idées exprimées ici ne sont inconnues de personne. Par contre, peu semblent analyser ses implications jusqu’à leur conclusion logique. Ce problème se confond avec le capitalisme lui-même. La logique du profit, omniprésente, ne fait qu’une avec le système économique. Pour vivre dans un monde plus sain, où la production est faite pour répondre aux besoins et où l’humanité peut décider démocratiquement de son destin plutôt que de se le voir imposé par une force implacable, il faut simplement le remplacer.

Objectif du Parti

L’établissement d’un système de société où la société tout entière possédera et administrera démocratiquement, dans son propre intérêt, les moyens et instruments de production et de distribution des richesses.
Ainsi et seulement ainsi, l’humanité entière pourra organiser la production pour satisfaire les besoins de sa population plutôt que perpétuer la pauvreté et la guerre.

Le pseudo-communisme

Ce que nous appelons socialisme n’a rien à voir avec l’acceptation générale du terme. Pour nous, le socialisme est un système dans lequel les moyens de production de la planète sont la propriété commune de tous les membres de la société qui peuvent ainsi les administrer démocratiquement. La population étant propriétaire des moyens d’existence et des richesses produites, elle n’a pas à acheter ce qui lui appartient déjà et se sert librement en fonction de ses besoins. En bref, il s’agit d’une organisation de la société basée sur le principe : de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins. Il s’agit donc d’un monde sans argent ni salaires, sans États ni frontières, sans classes sociales ni guerres.
L’URSS n’était pas communiste, et la révolution russe n’ouvrait pas la voie à une société socialiste ou communiste. Elle n’était même pas une révolution prolétarienne, puisqu’elle a été menée par le parti d’avant-garde de Lénine. Lénine n’alla jamais plus loin ni en théorie, ni en pratique, et resta essentiellement un révolutionnaire capitaliste, un révolutionnaire bourgeois. Par contre Marx, de qui nous nous réclamons, répudia l’idée de libérateurs providentiels conduisant la masse du peuple inculte vers la liberté.
Considérez cette citation d’Engels : «Or, concevoir la Révolution française comme une lutte de classes, et qui plus est non seulement entre la noblesse et la bourgeoisie, mais entre la noblesse, la bourgeoisie et les non possédants était, en 1802, une découverte des plus géniales.» (Socialisme Utopique et Socialisme Scientifique : Chapitre I : http://www.marxists.org/francais/marx/80-utopi/utopi-1.htm).
Comme on le sait, la Révolution française a placé les bourgeois au pouvoir plutôt que les nobles, bien que les travailleurs se soient battus. La même chose s’est déroulée en Russie : les travailleurs se sont battus et le résultat fut l’acquisition du pouvoir par les bolcheviques. Ils ne formaient qu’une classe de plus dans la lutte, supportée par les travailleurs comme les bourgeois l’ont été lors de la Révolution française.
Les bolcheviks et les mencheviks étaient d’accord sur le fait que la future révolution russe dirigée contre le Tsar ne pouvait qu’être une révolution « bourgeoise » (c’est-à-dire semblable à ce qui s’était produit en France en 1789 et après) qui, balayant le régime tsariste semi-féodal, créerait les conditions nécessaires au libre développement du capitalisme en Russie. Toutefois, tandis que la révolution bourgeoisie française avait été menée à bien par la bourgeoisie elle-même, tout le monde convenait parmi les sociaux-démocrates russes que la bourgeoisie russe était trop faible et trop dépendante du tsarisme pour mener à bien sa propre révolution, et que cela devrait être réalisé par un autre groupe : le mouvement social-démocrate.
Ce qui advint en novembre 1917 (octobre d’après l’ancien calendrier en usage en Russie jusqu’alors) ne fut pas la prise du pouvoir politique par la classe travailleuse organisée en soviets, mais la prise du pouvoir par un groupe bien résolu de révolutionnaires russes anti-tsaristes qui formaient le parti bolchevique. Lénine étonna même de nombreux membres du parti bolchevique en déclarant qu’une révolution socialiste en Russie était désormais à l’ordre du jour. Lénine était persuadé que la guerre serait suivie d’une vague révolutionnaire dans les pays industrialisés d’Europe et que, par anticipation, cela justifierait la tentative des bolcheviks de renverser le capitalisme en Russie.
Lénine avait tout d’abord envisagé l’instauration d’une économie dirigée par l’Etat, sur le modèle de l’économie de guerre de l’Empire allemand, et à maintes reprises en 1918 il déclara que le capitalisme d’Etat était un pas en avant pour la Russie.

Le socialisme n’aurait pu être établi en Russie en 1917 que parallèlement à l’établissement plus ou moins simultané du socialisme dans l’ensemble des pays industrialisés d’Europe et d’Amérique du Nord, mais cela s’avéra impossible à cause de l’absence de compréhension et d’aspiration socialistes chez les travailleurs de ces pays.

Parti Socialiste du Canada
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Québec
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