jeudi 25 septembre 2008

Sarkozy anticapitaliste ?

S'exprimant devant l'Assemblée générale de l'ONU le 23 septembre, Sarkozy a dit :
« Reconstruisons ensemble un capitalisme régulier et régulé où des pans entiers de l'activité financière ne sont pas laissés à la seule appréciation des opérateurs de marché, où les banques font leur métier. »

Plus tôt le même jour il a déclaré devant la presse:
« Cette crise est venue d'une véritable déviation de l'économie de marché, d'un capitalisme qui au lieu d'être tourné vers la production, s'est orienté vers la spéculation. »

Les altermondistes ne disent pas autre chose - sauf que, eux, ils s'imaginent que l'opposition au « néolibéralisme », où les activités économiques sont effectivement laissées à la seule appréciation des opérateurs de marché, équivaut à l'anticapitalisme. En réalité, l'alternative au néolibéralisme, c'est un « capitalisme régulé » tel que Sarkozy le souhaite.

Bien entendu Sarkozy n'est pas anticapitaliste. Eux non plus.

mardi 23 septembre 2008

La « crise ultime » du capitalisme »?

Le capitalisme est en crise. C'est une évidence. Mais quelle est la signification de cette crise ? Est-ce qu'il s'agit, comme d'aucuns prétendent, d’une manifestation de la « crise mortelle du capitalisme, asphyxié par le manque de débouchés pour sa production » ?

D’après le « Courant Communiste International » parmi d'autres par exemple, la crise actuelle représente l’effondrement de la politique poursuivie par les capitalistes pour surmonter un manque chronique de débouchés :

« Pour empêcher que l'économie ne soit à nouveau submergée par la surproduction et ne se bloque, ils ont eu recours à un artifice : l'endettement systématique et généralisé. Par cet endettement des Etats, des entreprises et des particuliers, « la demande » s'est maintenue à peu près au niveau de « l'offre » ; autrement dit, les marchandises se sont écoulées à coup d'emprunts. Mais l'endettement n'est qu'un palliatif, il ne guérit pas le capitalisme de la maladie de la surproduction. » (Révolution internationale, 3 septembre 2008)

Cette explication présuppose que le capitalisme souffre d’une maladie chronique de surproduction, d'un déséquilibre chronique entre l’offre et la demande, et effectivement c’est ce que le CCI croit:

« Le capitalisme est déchiré par la contradiction suivante : la production en son sein ne se fait pas pour la satisfaction des besoins humains mais au contraire, a comme moteur essentiel la recherche du profit. Cette logique du profit s'exprime d'une part par la nécessité pour les capitalistes de soutirer un surtravail, une plus-value maximale à la classe ouvrière, ce qui est le rapport d'exploitation capitaliste, et d'autre part par le besoin impérieux de trouver des débouchés solvables pour la réalisation de ce surproduit, sous peine de ne plus être en mesure de poursuivre l'accumulation : l'absence de ces marchés provoque alors la crise de surproduction ( . . .)
Comme ce ne sont ni les capitalistes ni les ouvriers qui peuvent réaliser cette partie de la production qui permettre l'accumulation, les capitalistes sont poussés à trouver des marchés en dehors de leurs propres sphères pour écouler ce surproduit. Telle est la raison des conquêtes coloniales. De même, c'est dans l'insuffisance de ces marchés eux-mêmes, devenus trop étroits à la longue que pour pouvoir absorber la masse croissante de plus-value, que les guerres impérialistes plongent leurs racines. Dès 1914, le capitalisme montre sa faillite : la saturation des marchés extra-capitalistes l'entraîne en effet dans une ère de décadence où son seul mode de vie possible est le suivant : crises, guerre, reconstructions . . . » (Internationalisme 70, novembre/décembre 1982).

A première vue, cette thèse semble assez plausible, mais en l'examinant de plus près, on voit ses insuffisances, pour ne pas dire ses erreurs.

Le défaut de ce raisonnement se trouve dans l'affirmation que « Ce ne sont ni les capitalistes entre eux, ni les ouvriers qui peuvent réaliser cette partie de la production qui permettra l'accumulation ». Evidemment, les travailleurs ne le peuvent pas - ils ne peuvent acheter avec leur salaire que la partie de la production qui correspond à la valeur de leur force de travail - mais pourquoi les capitalistes ne peuvent-ils le faire « entre eux » ?

Imaginons qu'il n'existe que deux capitalistes, tous les deux ayant un surproduit à écouler. Qu'est-ce qui empêche qu'ils échangent leurs surproduits respectifs entre eux, ainsi réalisant la plus-value qu'ils contiennent ? Il est vrai qu'ils pourraient, tous les deux, aussi chercher des acheteurs extra-capitalistes, mais pourquoi seraient-ils obligés par nécessité économique de le faire ?

Cet exemple est très, même peut-être trop simplifié mais le principe reste le même indépendamment du nombre de capitalistes, qu'ils soient deux ou deux cents milles. C'est donc par les échanges intra-capitalistes que la plus-value se réalise, ou du moins peut en principe se réaliser car les marchés extra-capitalistes ont effectivement joué un rôle important dans la naissance et le développement du capitalisme mondial.

Dire que le capitalisme peut écouler dans son propre sein toute sa production, y compris la partie représentant la plus-value soutirée aux travailleurs, n'est pas dire que ceci se fait sans problème. Loin de là. Comme la crise actuelle le montre, l'accumulation du capital n'est pas un processus régulier et continu, mais un processus cyclique avec des hauts et des bas, des périodes de boom des périodes de stagnation successives. La croissance sous le capitalisme se fait en dents de scie et ne peut se faire autrement vu l'anarchie de production qui y règne.

Accepter que le capitalisme ne s'effondrera pas de lui-même n'affaiblit pas la cause socialiste. Le capitalisme reste un système dépassé, « décadent » si l'on veut, dans le sens historique : dès le début du siècle il avait rempli son rôle de construire le fondement matériel pour une société mondiale d'abondance, mais il n'a pas été capable d'en faire profiter l'humanité puisque c'est un système basé sur le monopole des moyens de production dans les mains d'une minorité et orienté vers la recherche de profits et non pas vers la satisfaction des besoins humains.

Donc, ce n’est pas la « crise ultime » du capitalisme. De toutes façons cette crise-là ne sera pas économique mais politique et elle arrivera dès qu’une majorité de la classe travailleuse décide de se débarrasser du système. Le capitalisme ne s'effondrera jamais de lui-même ; il continuera de crise en crise jusqu'au moment où les travailleurs s'organiseront consciemment pour y mettre fin par un acte politique.

samedi 20 septembre 2008

La Middle East connexion

(article paru dans le Socialist standard d’octobre 2001)

“La première guerre du XXIe siècle”, c’est ce qu’a dit Bush suite aux attaques suicides - et meurtrières - contre le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington le 11 septembre. Un rappel effrayant qui démontre que, si le système capitaliste devait continuer, ce siècle ne sera pas différent du siècle passé. Toutefois, la déclaration de Bush n’était pas tout à fait vraie, car l’attaque contre les États-Unis ce mardi-là faisait suite à un conflit qui dure depuis un demi-siècle, s’exacerbant de temps à autres en guerre ouverte: la lutte pour le contrôle des ressources pétrolières du Moyen Orient.


Les EU n’ont pas participé au démentèlement de l’empire ottoman après la première guerre mondiale mais ont réussi à prendre pied au Moyen Orient avec l’établissement de l’État d’Israël en 1948 en tant qu’avant-poste colonial; État peuplé et gouverné principalement par des immigrés européens, pour servir de gendarme par procuration des EU dans la région. La rivalité entre les puissances occidentales a continué - et continue encore - pendant ce demi-siècle mais il y a 50 ans un nouveau rival est entré en jeu, à savoir, une partie de la classe capitaliste locale (l’autre partie restant liée aux puissances impérialistes).
En 1951 le gouvernement de Mossadeg en Iran a nationalisé l’industrie pétrolière, et fut aussitôt renversé par un coup d’État téléguidé par l’Occident. Puis il y eut l’attaque anglo-franco-israëlienne en Égypte en 1956 après que Nasser ait nationalisé le canal de Suez, qui était alors la principale route commerciale pour l’évacuation du pétrole du Moyen Orient vers l’Europe. Puis, après d’autres guerres et “crises”, la guerre de Yom Kippour en 1973 au moment où le boom d’après-guerre tirait à sa fin et qui aida à accélérer cette fin. Puis, il y a dix ans, la guerre du Golfe pour reconquérir les champs pétrolifères du Kowait que l’Irak avait oté des mains de l’Occident, guerre qui a continué depuis avec une moindre intensité par des bombardements réguliers sur l’Irak de l’aviation américaine et britannique.
Le conflit en Tchétchénie, lui aussi, avait une dimension concernant le pétrole, puisque le projet d’oléoduc pour faire sortir le pétrole de la mer Caspienne vers l’Ouest donnait à la Tchétchénie une importance stratégique pour la Russie. En fait, l’effondrement de l’empire capitaliste d’État russe réouvrait les gisements de pétrole de la Caspienne à la pénétration du capital occidental, introduisant l’Afghanistan dans l’équation en tant que voie alternative possible pour faire sortir le pétrole caspien sans passer par l’Iran.
Les rivaux des puissances occidentales pour le contrôle des ressources pétrolières du Moyen Orient et des routes commerciales pour évacuer ce pétrole, ainsi que le contrôle des points stratégiques pour protéger ces routes, ont été des sections de la classe capitaliste locale. L’idéologie qu’elles ont utilisé au début en vue d’obtenir un soutien des masses, était un nationalisme anti-impérialiste de gauche et même une rhétorique “socialiste”. C’était le cas de Nasser en Égypte, des régimes baathistes en Syrie et en Irak ainsi que de l’OLP dans les années soixante-dix.
Cela demeure une force politique importante mais depuis les années 80 le fondamentalisme islamiste a rivalisé en tant qu’idéologie de ceux qui veulent le contrôle capitaliste local, au lieu du contrôle impérialiste occidental, des ressources pétrolières du Moyen Orient. Un facteur-clef dans ce changement a été la victoire de la “révolution islamique” en Iran en 1979. Il ne faudrait toutefois pas négliger ce qu’a pu être l’influence du régime intégriste de longue date en Arabie saoudite qui, quoique n’étant anti-occidental, a utilisé une partie de sa rente pétrolière à miner le nationalisme de gauche parmi les militants arabes. Cela avec l’encouragement des États-Unis dans leur lutte contre la Russie capitaliste d’État pour l’hégémonie mondiale. Il est notoire qu’Osama ben Laden - un billionaire saoudite - et sa bande étaient armés par les EU et envoyés en Afghanistan en vue d’empêcher que ce pays ne tombe sous le contrôle russe.
Que ceux qui ont attaqué les États Unis le 11 septembre aient été des musulmans intégristes n’a rien donc de surprenant. Le fondamentalisme islamiste est devenu de plus en plus l’idéologie de ceux qui, dans les pays à prédominance musulmane au Moyen Orient, veulent prendre le contrôle des ressources pétrolières des mains de l’Ouest au profit des capitalistes locaux.
Ainsi, l’alignement des forces lors du prochain épisode - militaire - de la lutte continuelle pour le contrôle de ces ressources c’est, d’un côté, une section de la classe capitaliste locale utilisant l’islam comme moyen de s’attirer un soutien des masses et, de l’autre côté, les puissances impérialistes occidentales utilisant la “démocratie” comme leur idéologie pour attirer un soutien des masses en faveur de la guerre. Cependant, “État islamique” contre “Démocratie”, ce n’est qu’un écran de fumée déguisant le véritable enjeu, à savoir le contrôle des ressources pétrolières du Moyen Orient. Il s’agit là d’un enjeu qui ne mérite pas le sacrifice de la vie d’un seul membre de la classe travailleuse mondiale.

En tant que socialistes révolutionnaires nous déclarons notre opposition aux deux côtés dans cette guerre et faisons appel à la classe travailleuse du monde pour qu’elle s’unisse afin de mettre promptement fin au système capitaliste et que plus aucune vie ne soit sacrifiée aux intérêts des sections rivales de la classe capitaliste internationale.


mardi 16 septembre 2008

Il y a 25 ans (3): Réfugiés économiques

« Je dois protéger l' emploi des Français (...). Les travailleurs clandestins devront quitter la France ». « ll faut renvoyer les immigrés clandestins chez eux ».

Jean-Pierre Stirbois, du Front National, lors d'une réunion électorale à Dreux ? Non, François Mitterrand sur TF1 le 15 septembre et au Conseil des Ministres du 31 août, mais la logique est la même : les immigrés, clandestins ou pas, prennent les emplois des Français ; il faut donc les expulser de France.

II s'agit là de la même logique que celle que le gouvernement nigérian a invoquée pour justifier l'expulsion de millions de travailleurs « non nigérians » en février dernier en se fichant de ce qui allait advenir d'eux après qu'ils aient quitté son territoire. C'est la même logique qui, si le chômage atteignait 3 millions en France, justifierait l'expulsion des immigrés « légaux », comme le demande déjà le Front National. En ce sens Mitterrand donne raison aux 17% des votants de Dreux qui ont choisi la liste Stirbois le 4 septembre.

Mais cette logique est fausse. Ce n'est pas l'immigration qui est responsable du chômage, mais la crise mondiale qui frappe tous les pays du monde; c'est en fin de compte le système capitaliste, dont les lois économiques font que le taux de chômage monte et tombe selon que le taux de profit est bas ou élevé.

Les immigrés clandestins sont donc tout aussi victimes de la récession mondiale que ne le sont les chômeurs français. Ne trouvant pas d'emploi dans leur pays d'origine, ils viennent en chercher en Europe. Ce sont en fait des réfugiés économiques, mais Mitterrand veut les traiter en criminels. Le spectacle de la police traquant des gens qui sont complètement démunis et qui ne cherchent qu'un emploi - n'importe lequel - simplement pour ne pas mourir de faim est encore un exemple du barbarisme du monde moderne capitaliste. Et Mitterrand, malgré ses états d'âme - « tout cela m'est très pénible », a-t-il déclaré sur TF I - n'est qu'un instrument de ce barbarisme.


(Socialisme Mondial 24, novembre 1983)

vendredi 12 septembre 2008

Le Pape à Paris

Aujourd’hui Joseph Ratzinger, autrement nommé « Pape Benoît XVI », arrive en France. Lors de la dernière visite pontificale en France son prédécesseur Karol Wojtyla a attaqué ce qu’il avait appelé « le matérialisme athée » en le désignant comme une menace dangereuse. Une menace, comment ? Dans la pratique, la plupart des gens sont déjà matérialistes, en ce sens que dans leur vie quotidienne, ils se comportent comme si dieu n’existait pas. Ils n’attendent pas de miracles, ils ne prient pas, ils ne prennent de décisions qu’à la lumière des faits réels. S’ils se marient à l’église ou font baptiser leur enfant, c’est plutôt par tradition sociale que par foi religieuse.

Qui conteste aujourd’hui que la Terre et la vie ne sont pas la création d’un dieu éternel mais que tous les deux sont les produits d’une évolution de la matière dont les étapes sont assez bien connus ? (S’il existe quelque chose d’éternel, c’est l’Univers lui-même - comme les matérialistes le prétendent depuis des temps anciens !). Personne ne croit vraiment que des dieux ou autres fantômes soient intervenus dans l’histoire. Est-ce qu’il y a une vie après le mort ? Il n’y en a pas le moindre soupçon d’évidence. La Sainte-Vierge, l’Annonciation, la Résurrection, l’Ascension, l’Assomption ? Allez, ne me faites pas rire . . .

Ceci dit, il est vrai que seulement une minorité des gens se reconnait ouvertement comme « athée », mettant ainsi leurs idées en accord avec leur pratique. C’est finalement une position honnête et assez louable, même si on ne peut critiquer ceux qui ne réalisent pas qu’en réalité, eux aussi, ils sont « matérialistes athées ». Après tout, ce qui compte, c’est ce qu’on fait plutôt que ce qu’on dit, et, si dans la pratique, on rejette dieu et la religion, pourquoi insister sur une « déclaration de foi » à cet effet !

Mais si le matérialisme athée n’est pas une menace pour nous, gens ordinaires, il est bel et bien une menace pour les gens comme Ratzinger et Cie. Car l’ignorance et la superstition sont la source de leur pouvoir, pouvoir qu’ils exercent trop souvent pour gâcher complètement la vie de ceux qui les suivent.

Les dogmes de l’Eglise ne nous intéressent pas - les prêtres peuvent continuer à discuter éternellement sur le sexe des anges si cela leur fait plaisir - sauf un, celui qui déclare l’autorité de l’Eglise absolue et le jugement de son chef infaillible. Ce dogme fait de l’Eglise une organisation totalitaire tout comme l’ancien régime en Russie, et une organisation d’autant plus redoutable qu’elle a beaucoup plus de pouvoir politique et social que Moon ou les autres sectes. Son autorité « infaillible » s’exerce donc sur beaucoup plus de gens. Et, pour Joseph Ratzinger et Cie, la liberté de religion, ce n’est pas le droit d’exprimer n’importe quelle position, pour ou contre, sur la religion, mais seulement la liberté pour son organisation totalitaire d’exercer son autorité, même sur les non-croyants.

Le domaine où les dogmes de cette organisation totalitaire nuisent le plus, c’est précisément celui des relations personnelles : le divorce, l’avortement et la contraception. Ce ne sont pas des affaires à prendre à la légère, mais il faut que les décisions les concernant soient prises rationnellement à la lumière des faits réels. On n’a pas besoin de l’ingérence d’une organisation qui se croit infaillible et qui veut imposer ses dogmes à tout le monde. La souffrance que l’Eglise a causé dans ce domaine en imposant des décisions inappropriées, illogiques ou même franchement cruelles est incalculable.

On pourrait aussi parler des écoles de l’Eglise qui sont tout sauf « libres » où l’Eglise enseigne l’ignorance et la superstition qui sont la base de son pouvoir, blessant des jeunes psychologiquement, souvent à vie. Heureusement, le monde extérieur existe et beaucoup de ceux que l’Eglise a commencé à endoctriner avec ses dogmes réussissent à échapper à ses griffes pour vivre leur vie selon des préceptes plus adéquats.

Ce ne sont pas les matérialistes athées qui sont la menace. Ce sont les fanatiques religieux, et parmi eux Joseph Ratzinger. En tant que chef d’une organisation totalitaire, il doit prendre une large part de responsabilité pour la souffrance que l’Eglise cause. D’ailleurs, lui-même, il a des idées assez bizarres. Il croit, par exemple, que le diable agit toujours dans le monde et il s’est même prononcé sur le sexe des anges (il parait que nous garderons notre sexe au ciel mais cela ne servira pas à grand’chose !). Et puis, il y avait le pauvre archevêque de Zambie en Afrique qui était gardé dans son appartement au Vatican, accusé de sorcellerie. C’est trop injuste puisque, après tout, un Pape, c’est quoi sinon un Grand Sorcier Blanc ?

Dixi et salvavi meam animam !


mercredi 10 septembre 2008

Le réformisme du "programme commun" de 1972

Nous signalons la publication sur le site de Bataille socialiste d'un article tiré du numéro 2/3 de Socialisme Mondial en 1974 sur le "programme commun" adopté par la gauche en France en 1972. Voir aussi la chronique de son échec ici.


lundi 8 septembre 2008

La solution au "credit crunch" : abolir l'argent

Le but des socialistes n'est pas simplement d'abolir l'argent en tant que tel. La tentative effectuée en ce sens par le dictateur cambodgien Pol Pot dans son pays s'est avérée un désastre pour l'économie du Cambodge puisqu'elle s'est faite dans le cadre du capitalisme.

Ce que les socialistes préconisent, c'est un changement dans la forme de propriété des moyens d'existence de la société : le remplacement de la propriété privée par la propriété commune ou sociale (et non, étatique) et leur contrôle démocratique.

L'existence de l'argent et celle du socialisme sont incompatibles puisque l'argent implique la propriété privée et, donc, l'échange, alors qu'avec l'avènement de la propriété commune, les biens ne seront plus produits pour être vendus (comment peut-on acheter ce qui nous appartient déjà ?) mais pour être distribués ou, plutôt, pour être mis à disposition des consommateurs qui se serviront en fonction de leurs besoins. Ils n'auront plus besoin d'argent et, par conséquent, plus besoin non plus de banques, de compagnies d'assurances, de fonds de pension ou de toute autre institution financière. Le socialisme implique le remplacement des complexités du système monétaire par la simple manipulation des quantités, l'adaptation de la production et de la distribution aux besoins environnementaux et humains, et la libre disponibilité de l'information, non déformée par la publicité.

Comme tous les concepts nouveaux ou inhabituels, il nous est difficile d'imaginer une organisation de la société sans argent, et elle nous paraît donc impossible. C'est pourquoi, l'idée d'une société débarrassée de l'argent et des banques nous laisse incrédules, sceptiques ou perplexes. Mais nous ignorons, à nos dépens et à notre péril, les implications de notre refus à la réaliser. Comme nous ne sommes pas capables de visualiser comment quelque chose peut être fait, nous avons tendance à assumer que c'est impossible à exécuter et, par conséquent, qu'il est inutile d'essayer. Mais le capitalisme lui-même n'a pas toujours existé, et ce que nous créons, nous pouvons aussi l'éliminer.

L'argent est considéré à juste titre comme le lubrifiant qui permet au capitalisme d'avancer ; mais il n'est pas la condition indispensable du bon fonctionnement de toute société, qui est la détermination des nécessités de la vie (besoin de secourir, de s’habiller, de se loger, de se déplacer, de se cultiver, de se distraire, etc.) et la recherche de leur satisfaction. A l'opposé des partisans du capitalisme d'État et de ceux qui proposent la nationalisation du système financier, les socialistes préconisent l'établissement d'une société qui produira des biens et des services destinés, non pas à être échangés contre l'argent, mais simplement pour l'usage de toute la communauté.