mercredi 5 octobre 2011

L'économie participative : un non partant

L'activiste nord-américain Michael Albert propose de remplacer le système actuel par ce qu'il appelle une "économie participative".

Albert veut gérer la rareté "rationnellement", mais sa définition de la rareté veut dire qu'elle existera pour toujours. Il accepte donc les dogmes de l'économie orthodoxe qui prétend que -- par définition -- l'abondance ne peut jamais exister.

La science économique orthodoxe se définit comme l’étude de l’allocation de ressources rares pour couvrir certains besoins humains. Albert a adopté une position fondamentalement similaire à celle des économistes orthodoxes : si l’abondance existait, on pourrait se passer d'un "système d'échange de temps et de comptabilisations de ses désirs" (du rationnement de la consommation en fonction du travail effectué), mais puisque l’abondance n’existe pas encore et ne peut apparaître que dans un temps bien lointain, un tel système doit continuer à exister.

Le programme d’une "économie participative" est, en tant que système de gestion de la rareté, irréaliste et irréalisable. Elle suppose que la rareté existera toujours parce que les gens sont (assez) avides et paresseux et que donc leur consommation doit être restreinte et qu'ils devraient être obligés de donner suffisamment de travail. Sauf, selon lui, une moralité et des règles décidées démocratiquement suffissent pour effectuer cela. On peut en douter. Si la rareté existe et si les gens sont avides il faudrait de la coercition, un Etat, pour imposer la limitation de la consommation et l'obligation de travailler suffisamment. Comme Trotsky l'a dit à propos de l'échec de la révolution russe (bien entendu nous ne sommes pas trotskyistes mais ici il a vu juste):
L'autorité bureaucratique a pour base la pauvreté en articles de consommation et la lutte de chacun contre tous qui en résulte. Quand il y a assez de marchandises au magasin, les chalands peuvent venir à tout moment. Quand il y a peu de marchandises, les acheteurs sont obligés de faire la queue à la porte. Sitôt que la queue devient très longue, la présence d'un agent de police s'impose pour le maintien de l'ordre. Tel est le point de départ de la bureaucratie soviétique.(Trotsky, La révolution trahie (1936)
Le problème est que Albert ne se rend compte pas que nous vivons dans une ère d'abondance potentielle. Il croit que nous sommes toujours dans l'ère de pénurie où on ne peut produire assez pour subvenir à tous les besoins probables des gens. D'où, selon lui, la nécessité de limiter la consommation et contraindre les gens à travailler -- et le peu de pertinence de sa proposition.

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