“La première guerre du XXIe siècle”, c’est ce qu’a dit Bush suite aux attaques suicides - et meurtrières - contre le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington le 11 septembre. Un rappel effrayant qui démontre que, si le système capitaliste devait continuer, ce siècle ne sera pas différent du siècle passé. Toutefois, la déclaration de Bush n’était pas tout à fait vraie, car l’attaque contre les États-Unis ce mardi-là faisait suite à un conflit qui dure depuis un demi-siècle, s’exacerbant de temps à autres en guerre ouverte: la lutte pour le contrôle des ressources pétrolières du Moyen Orient.
Les EU n’ont pas participé au démentèlement de l’empire ottoman après la première guerre mondiale mais ont réussi à prendre pied au Moyen Orient avec l’établissement de l’État d’Israël en 1948 en tant qu’avant-poste colonial; État peuplé et gouverné principalement par des immigrés européens, pour servir de gendarme par procuration des EU dans la région. La rivalité entre les puissances occidentales a continué - et continue encore - pendant ce demi-siècle mais il y a 50 ans un nouveau rival est entré en jeu, à savoir, une partie de la classe capitaliste locale (l’autre partie restant liée aux puissances impérialistes).
En 1951 le gouvernement de Mossadeg en Iran a nationalisé l’industrie pétrolière, et fut aussitôt renversé par un coup d’État téléguidé par l’Occident. Puis il y eut l’attaque anglo-franco-israëlienne en Égypte en 1956 après que Nasser ait nationalisé le canal de Suez, qui était alors la principale route commerciale pour l’évacuation du pétrole du Moyen Orient vers l’Europe. Puis, après d’autres guerres et “crises”, la guerre de Yom Kippour en 1973 au moment où le boom d’après-guerre tirait à sa fin et qui aida à accélérer cette fin. Puis, il y a dix ans, la guerre du Golfe pour reconquérir les champs pétrolifères du Kowait que l’Irak avait oté des mains de l’Occident, guerre qui a continué depuis avec une moindre intensité par des bombardements réguliers sur l’Irak de l’aviation américaine et britannique.
Le conflit en Tchétchénie, lui aussi, avait une dimension concernant le pétrole, puisque le projet d’oléoduc pour faire sortir le pétrole de la mer Caspienne vers l’Ouest donnait à la Tchétchénie une importance stratégique pour la Russie. En fait, l’effondrement de l’empire capitaliste d’État russe réouvrait les gisements de pétrole de la Caspienne à la pénétration du capital occidental, introduisant l’Afghanistan dans l’équation en tant que voie alternative possible pour faire sortir le pétrole caspien sans passer par l’Iran.
Les rivaux des puissances occidentales pour le contrôle des ressources pétrolières du Moyen Orient et des routes commerciales pour évacuer ce pétrole, ainsi que le contrôle des points stratégiques pour protéger ces routes, ont été des sections de la classe capitaliste locale. L’idéologie qu’elles ont utilisé au début en vue d’obtenir un soutien des masses, était un nationalisme anti-impérialiste de gauche et même une rhétorique “socialiste”. C’était le cas de Nasser en Égypte, des régimes baathistes en Syrie et en Irak ainsi que de l’OLP dans les années soixante-dix.
Cela demeure une force politique importante mais depuis les années 80 le fondamentalisme islamiste a rivalisé en tant qu’idéologie de ceux qui veulent le contrôle capitaliste local, au lieu du contrôle impérialiste occidental, des ressources pétrolières du Moyen Orient. Un facteur-clef dans ce changement a été la victoire de la “révolution islamique” en Iran en 1979. Il ne faudrait toutefois pas négliger ce qu’a pu être l’influence du régime intégriste de longue date en Arabie saoudite qui, quoique n’étant anti-occidental, a utilisé une partie de sa rente pétrolière à miner le nationalisme de gauche parmi les militants arabes. Cela avec l’encouragement des États-Unis dans leur lutte contre la Russie capitaliste d’État pour l’hégémonie mondiale. Il est notoire qu’Osama ben Laden - un billionaire saoudite - et sa bande étaient armés par les EU et envoyés en Afghanistan en vue d’empêcher que ce pays ne tombe sous le contrôle russe.
Que ceux qui ont attaqué les États Unis le 11 septembre aient été des musulmans intégristes n’a rien donc de surprenant. Le fondamentalisme islamiste est devenu de plus en plus l’idéologie de ceux qui, dans les pays à prédominance musulmane au Moyen Orient, veulent prendre le contrôle des ressources pétrolières des mains de l’Ouest au profit des capitalistes locaux.
Ainsi, l’alignement des forces lors du prochain épisode - militaire - de la lutte continuelle pour le contrôle de ces ressources c’est, d’un côté, une section de la classe capitaliste locale utilisant l’islam comme moyen de s’attirer un soutien des masses et, de l’autre côté, les puissances impérialistes occidentales utilisant la “démocratie” comme leur idéologie pour attirer un soutien des masses en faveur de la guerre. Cependant, “État islamique” contre “Démocratie”, ce n’est qu’un écran de fumée déguisant le véritable enjeu, à savoir le contrôle des ressources pétrolières du Moyen Orient. Il s’agit là d’un enjeu qui ne mérite pas le sacrifice de la vie d’un seul membre de la classe travailleuse mondiale.
En tant que socialistes révolutionnaires nous déclarons notre opposition aux deux côtés dans cette guerre et faisons appel à la classe travailleuse du monde pour qu’elle s’unisse afin de mettre promptement fin au système capitaliste et que plus aucune vie ne soit sacrifiée aux intérêts des sections rivales de la classe capitaliste internationale.
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