A première vue, entrer dans un gouvernement dominé par le PS, c'est peut-être incohérent de la part de quelqu'un qui a déclaré dans un tract diffusé pour appuyer sa candidature au premier tour des élections présidentielles de 1981:
« Le socialisme pour nous, doit correspondre à des transformations sociales réelles et non se réduire à une gestion « plus démocratique » de la crise: type de croissance, énergie, politique extérieure, défense, institutions, le PS ne propose que des ajustements ou des maigres changements é la politique giscardienne. »
Mais quand on connaît la nature et l’histoire du PSU on comprend mieux pourquoi il a finalement accepté de participer avec le PS à « une gestion « plus démocratique » (?) de la crise ».
En réalité cependant il n'a jamais été plus qu'un petit parti réformiste. Sa confusion sur la nature du socialisme a toujours été totale, comme en témoigne l'attaque lancée contre l'idée d'une société sans argent (c'est-à-dire, contre une caractéristique essentielle de la société socialiste) par Michel Rocard, alors toujours Secrétaire National du PSU, en 1972 dans son livre Questions à l'État socialiste (en passant, un « État socialiste », c'est aussi une contradiction dans les termes). Après avoir écrit que « deux mythes tenaces » circulaient à propos de la monnaie, Rocard a poursuivi:
« L'un est celui de la disparition de toute monnaie. Elle serait remplacée par des « bons de travail », bons représentatifs du travail accompli et qui permettraient à leurs titulaires d'aller s'approvisionner dans les magasins collectifs (...). L'autre mythe tenace en ce qui concerne la monnaie vise sa disparition totale dans le cadre d'une économie intégralement distributive. »
Son dada a toujours été l’autogestion mais puisque le PSU rejette la suppression de l'économie marchande, il ne peut que s'agir d'une réforme de la superstructure administrative du capitalisme, d'une nouvelle façon, moins autoritaire, de gérer l’exploitation de la classe salariée, même d'associer plus étroitement cette classe à sa propre exploitation. C'est là le point de rapprochement entre le PSU et les autres partis du gouvernement de gauche puisqu'ils veulent, eux aussi, « humaniser » le capitalisme, tâche impossible, soit dit en passant, mais ce n'est pas cela qui empêche la tentative.
En entrant au gouvernement le PSU a été quand même plus cohérent que certains autres groupes qui ont aussi appelé à voter pour Mitterrand et le PS et le PC au deuxième tour. Nous pensons, par exemple, à la LCR d'Alain Krivine, qui a déclaré dans un tract en mai 1981 « pas une voix ne doit manquer à Mitterrand », ainsi qu'aux autres trotskystes et maoïstes qui aujourd'hui veulent refuser toute responsabilité pour les actions d'un gouvernement qu'ils avaient aidé à accéder au pouvoir.
Quant à nous, nous avons, nous aussi, adopte une position cohérente mais dans le sens inverse du PSU. N'ayant pas appelé à voter pour Mitterrand ni au premier ni au deuxième tour, nous sommes libres de le critiquer sans avoir à faire face aux reproches que, paraît-il, certains travailleurs font, à juste titre, à ces soi-disant « révolutionnaires »:
« Bien des militants révolutionnaires d'entreprise, qui critiquent le gouvernement avec leurs camarades de travail, entendent déjà la réflexion qui est, un peu, un reproche: « Oui, mais vous aussi, vous avez fait voter pour Mitterrand » (Arlette Laguiller, Lutte Ouvrière, 19 mars 1983).
1 commentaire:
J'aime beaucoup la définition d'une certaine conception de l'autogestion que donnait cet article: "une réforme de la superstructure administrative du capitalisme, d'une nouvelle façon, moins autoritaire, de gérer l’exploitation de la classe salariée, même d'associer plus étroitement cette classe à sa propre exploitation".
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