Plus de deux millions dans la rue pour protester contre la crise et demander que le gouvernement fasse quelque chose, ou plutôt qu’il fasse autre chose. C’est bien que les travailleurs n’acceptent pas tout ce que le capitalisme leur impose mais, à vrai dire, il n’y a rien que le gouvernent - n’importe quel gouvernement - puisse faire pour empêcher la crise de se développer.
En fait, il s’agit du fonctionnement normal du système économique capitaliste. Comme Marx l’a expliqué il y a longtemps:
« La vie de l'industrie se transforme ainsi en série de périodes d'activité moyenne, de prospérité, de surproduction, de crise et de stagnation. L'incertitude et l'instabilité auxquelles l'exploitation mécanique soumet le travail finissent par se consolider et par devenir l'état normal de l'ouvrier, grâce à ces variations périodiques du cycle industriel. » (Le Capital, Livre 1, ch. 15, section 7).
Le capitalisme ne peut être contrôlé par une action gouvernementale, quelle que soit sa dureté ou sa résolution. Le capitalisme est un système qui fonctionne selon ses propres lois économiques, lois qu’aucun gouvernement ne peut changer ; c’est un système de profit qui engendre tout normalement des cycles boom-crise, boom-crise selon que le taux de profit monte ou tombe. Des crises économiques sont donc inévitables de temps en temps et les gouvernements ne peuvent rien pour les éviter.
Aujourd'hui, après la crise financière on entre dans la phase de stagnation du cycle et ni l’austérité ni la relance par l’augmentation du déficit public ou de la consommation populaire ne peuvent arrêter que les licenciements et le chômage se répandent. La période de stagnation ne prendra fin avant que les stocks de marchandises qui se sont accumulés soient vendus, que les entreprises peu performantes soient éliminées, que la valeur du capital investi soit dépréciée, et que les salaires réels soient diminues - en bref, avant que le taux de profit ne remonte. En l’attendant le gouvernement ne peut rien faire sauf attendre. Bien entendu, il peut essayer de faire quelque chose mais si cela va à l’encontre du fonctionnement normal du capitalisme il risque de prolonger la stagnation.
Les syndicats et la gauche « antilibérale » critiquent ce système mais ne proposent que des réformes qui, intentionnellement ou non, le perpétuent. Tenter d’aménager ce système en faveur des salariés, d’en adoucir les effets, en un mot, de l’« humaniser », c’est demander à un tigre de brouter du gazon.
Par sa nature même, le capitalisme ne peut fonctionner que comme système de profit dans l’intérêt de la minorité capitaliste qui possède et contrôle les moyens de produire la richesse sociale. Une constatation s’impose donc : aucun aménagement, aucune mesure, aucune réforme, n’ont pu (et ne le pourront d’ailleurs jamais) subordonner l’économie capitaliste à l’intérêt général et, donc, changer quoi que ce soit à la position de victimes du capitalisme de la majorité salariée.
Pour en finir avec les problèmes qui nous accablent, il faut revendiquer comme seule solution réaliste et immédiate, l’instauration d’un système de société où la communauté tout entière possédera et administrera démocratiquement, dans son propre intérêt, les moyens de production. Sur cette base on pourrait produire directement pour satisfaire les besoins et non plus en vue d'un profit monétaire. Dans un tel système on n’aura plus besoin ni de banques ni de l’argent pour faire démarrer la production - et les crises cycliques sera impossible.
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