dimanche 4 janvier 2009

Rebelote

Pour essayer de sortir de la crise les gouvernements partout dans le monde reviennent à la politique de l’économiste anglais JM Keynes — donner aux gens plus à dépenser et dépenser plus eux-mêmes. Il est donc pertinent de rappeler qu’on l’a essayé en France au début des années 80 suite à l’élection du François Mitterrand à la présidence en mai 1981 en pleine crise économique et à la victoire de son parti aux élections législatives en juin.

Une des promesses du PS était d’abandonner la politique d’austérité poursuivie par le gouvernement sortant en appliquant :

« une relance du pouvoir d’achat des plus défavorisés et donc par la relance des biens de consommation » (Le Chardon, mars 1982)

Jacques Delors, le ministre de l’Economie et de la Finance, a justifié cette politique en déclarant :

« Nous souhaitons anticiper, mais de façon raisonnable, sur la reprise de l’économie à l’échelle mondiale » (Le Nouvel Observateur, 1/6/81).

La réponse de l’économie mondiale était d’imposer une dévaluation du franc dès le quatrième mois. À partir de ce moment, c’était la dégringolade.

En juin 1982 le gouvernement a dû dévaluer le franc une deuxième fois. Le premier ministre, Pierre Mauroy, s’est lamenté :

« la reprise internationale n’est pas au rendez-vous »

En octobre le ministre du Plan, Michel Rocard, a conseillé :

« Il ne faut pas rêver, la crise mondiale que nous traversons va s’aggraver » (Le Républicain Lorrain, 18/10/82)

Pierre Mauroy continuait à attendre désespérément la reprise :

« un jour viendra où la reprise annoncée sera là » (Europe N° 1, 6/9/82)

En décembre Jacques Delors a reconnu :

« Ce n’est pas nous qui sommes les maîtres du monde. Ce monde il va comme il est, il est en proie à des forces que personne ne maîtrise » (Le Monde, 21/12/82)

Puis, après une troisième dévaluation en mars 1983 il a déclaré :

« Nous tablions sur une croissance économique de 3 %, mais la reprise n'est pas venue » (L'Express, 3/4/83).

En octobre 1984 le nombre de chômeurs a dépassé le chiffre de 3 millions (quand Mitterrand est devenu président il n’était que de 1.7 million).

Cet échec à faire diminuer et raccourcir une crise en augmentant la consommation populaire et gouvernementale était un des plus retentissants qu’on ait jamais vus.

Ce ne sera pas différent cette fois, comme on le verra. Le capitalisme ne sortira pas de la crise avant que les stocks de marchandises soient vendus, les entreprises peu performantes aient disparu et les salaires réels aient diminué — comme moyen de rétablir le taux de profit, moteur (et en même temps frein) de la production capitaliste.

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