RETOUR AU STATU QUO
L'entrée en application, à partir du 1er avril, de la retraite à 60 ans a donné lieu, on pouvait s'en douter, à de grandes déclarations. Ainsi Mitterrand lui-même a-t-il déclaré que cette mesure « constitue une grande conquête sociale, espérée depuis la fin du siècle dernier » (Le Monde, 10 février).
A part le fait que d'avoir dû attendre si longtemps n'est pas une si bonne publicité pour la tactique réformiste, Mitterrand semble oublier qu'il s'agit en réalité du rétablissement d'une situation qui existait déjà avant la guerre. En effet une loi de 1930 avait fixé l'âge de la retraite à 60 ans.
Comment s'est-il fait donc que ce ne se fût plus le cas ? C'est le dernier gouverne ment auquel le PC a participé qui a changé la situation. En 1945, un décret a diminué de moitié la pension payable à 60 ans tout en permettant à cette moitié d'être récupérée si on travaillait jusqu'à l'âge de 65 ans. Habile, non, comme moyen de relever l'âge de la retraite par la porte de derrière ? Cette ordonnance était signée par Ambroise Croizat, Ministre PC du Travail et de la Sécurité Sociale.
Donc, en restituant la retraite à 60 ans, le gouvernement PS/PC ne fait qu'abroger une régression sociale (pour employer leur langage) dont ils étaient eux-mêmes responsables. De toute façon, nous savons très bien que l'abaissement de l'âge de la retraite appliqué aujourd'hui n'est qu'un moyen d'assainir le marché du travail. Tout comme le relèvement de l'âge de la retraite en 1945 par un ministre PC n'était qu'une réponse à la pénurie de main d'œuvre existant alors et de même, si une telle pénurie se reproduisait, on trouverait un prétexte pour le relever à nouveau.
Malgré les apparences, les réformes sociales sous le capitalisme sont votées dans l'intérêt du capital. Si les travailleurs y gagnent quelque chose, ce n'est qu'accessoirement.
(Socialisme Mondial 23, No 2, 1983)
lundi 25 octobre 2010
Un peu d'histoire
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1 commentaire:
Voici un commentaire trouvé sur un autre site:
Il ne fait aucun doute que le système social mis en place juste après la seconde guerre mondiale n'était en aucune manière une "conquête ouvrière" comme on nous le présente souvent mais une nécessité pour le capital français d'avoir une collaboration de classe pour lui permettre de s'industrialiser et se moderniser ( voir la politique du PCF durant cette période).Il impliquait une généralisation et une forme de rationalisation de tous les systèmes existants alors. Les " 30 glorieuses" ( pour ce capital bien sûr) en sont une des conséquences directes.
La question de l'âge de la retraite en 1930 dans les Assurances Sociales est plus complexe car il ne touchait qu'un nombre limité de travailleurs: tout le secteur agricole ( à l'époque plus du tiers de la population active) en était pratiquement exclu de même que les cadres ( plafond de ressource pour y avoir droit). De plus, il y avait déjà dans certaines branches ( mines, chemins de fer notamment) ce que l'on appelle aujourd'hui des "régimes spéciaux" De plus, pendant ces années, l'hostilité de tout les secteur des PME et de ce qu'on dénomme aujourd'hui TPE, cause de la non observance de la loi des Assurances sociales voire la fraude aux cotisations, fit que bien de ceux qui travaillaient à cette époque ( et ces entreprises employaient une majorité de travailleurs) eurent beaucoup de difficultés à faire valoir leurs droits dans les années 70
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