samedi 21 mai 2011

Le socialisme, un concept maltraité

Au cours du temps, le concept de socialisme a subi de nombreuses variations, modifications, déviations et récupérations. A la fin du 19ème siècle et au début du 20ème, le terme socialisme jouissait d’un grand pouvoir de séduction. La plupart des partis préoccupés par la « question sociale », l’amélioration de la condition des travailleurs et l’instauration d’une société « meilleure », se disaient socialistes ou sociaux-démocrates. Cette popularité était telle que, au fil du temps, elle lui valut d’être récupéré, même par les courants qui lui étaient opposés, pour s’attirer les sympathies de la population.

Ainsi, en Russie, après la prise du pouvoir par les bolcheviques, les crimes et massacres commis sous Lénine et Staline le furent sous prétexte de la défense du socialisme. Plus tard, lorsque Hitler entreprit l’aventure qui allait l’amener au pouvoir, le parti qu’il fonda, il ne l’appela pas national-capitaliste (auquel cas, il se serait condamné à un échec irrémédiable !) mais national-socialiste (d’ailleurs, quel parti capitaliste s’appelle Parti capitaliste justement ?). Après la guerre, le programme de nationalisations mis en œuvre par le gouvernement travailliste britannique fut qualifié de socialiste.

De nos jours, les choses ont bien changé. Les horreurs perpétrées dans les pays « socialistes », de même que les compromissions et la corruption de nos gouvernements et partis « socialistes » s’en sont efficacement chargés… la propagande des médias capitalistes et « socialistes » faisant le reste, au point que le terme socialisme est désormais indissociable, dans les pays occidentaux, du PS français, du PSOE espagnol ou du SPD allemand, dans le meilleur des cas, et de pays tels que la Chine « communiste », le Viet Nam, la Corée du Nord ou Cuba, dans le pire.

De leur côté, les gouvernements capitalistes et leurs partisans (médias, intellectuels, hommes politiques), trop contents de nous montrer la « chance » que nous avions de ne pas avoir vecu de l’autre côté du Rideau de fer, ne rataient pas une occasion de dénoncer les horreurs commises dans la Russie « socialiste » et ses satellites. Ainsi, grâce aux puissants moyens de propagande des uns et des autres, ce matraquage idéologique a imprégné la conscience d’une majorité des habitants de la planète.

Au cours des années, ce terme a été à un tel point galvaudé, déformé, décrié, traîné dans la boue et utilisé par les organisations les plus diverses, par les dictatures les plus criminelles et par des gouvernements « socialistes », que rien ne distingue de leurs homologues ouvertement capitalistes, que la tentation pourrait être forte de l’abandonner.

Pourtant, parce que nous sommes les héritiers d’une longue tradition de socialistes, mais aussi, parce que changer de nom, adapter son langage et son vocabulaire chaque fois que nos adversaires et la propagande officielle s’attachent à le dénaturer, c’est capituler et exposer chaque nouveau terme choisi par nous à de nouvelles tentatives de dénigrement, nous restons attachés à l’utilisation du terme socialisme. Socialistes nous sommes, socialistes nous le restons. Ceci dit, ce qui est important, ce n’est pas tant la formule employée que le contenu qu’on lui donne. D’autres expressions sont tout aussi valables : communisme, démocratie sociale, république sociale, la « sociale » comme on disait autrefois, etc.


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