mercredi 25 juin 2008

Manifester . . . jusqu’à quand ?

Manifester, manifester, encore manifester, toujours manifester… Il est vrai que les motifs de grogne, de mécontentement, de colère… ne manquent pas ; mais ils ne manquaient pas non plus aux générations qui nous ont précédées. Or, à combien de manifestations, de grèves plus ou moins générales, d’occupations d’usines, de lycées et de facs, de pétitions, de sit-ins, etc. nous et nos aïeux avons déjà participé sans que la situation des salariés et de leurs enfants ait fondamentalement changé.

La pauvreté, le chômage, les inégalités sociales, la pénurie de logements, etc. sont des problèmes auxquels les partis « socialistes » du monde entier, depuis plus d’un (trop long) siècle, ont tenté d’apporter une solution. Mais, non seulement ces problèmes sont-ils toujours présents sinon que les réformes mises en place par les gouvernements réformistes d’hier sont remises en cause par les réformateurs d’aujourd’hui. Quelle meilleure preuve de l’inanité, de la futilité des réformes que la permanence de problèmes qui existaient déjà il y a cent ans et plus ?

En effet, comment concevoir un capitalisme qui fonctionne autrement que dans l’intérêt des capitalistes ? La société actuelle est basée sur le monopole des moyens de production et de distribution des richesses sociales par la petite minorité capitaliste, lequel monopole débouche sur le despotisme économique de la classe capitaliste et, par conséquent, sur l’esclavage salarié. Or, tous les partis politiques actuels, qu’ils soient de gauche ou de droite, d’extrême gauche ou d’extrême droite, proposent des réformes du capitalisme qui ne touchent pas à la propriété privée capitaliste, oeuvrant par là, volontairement ou non, à la perpétuation de la cause des problèmes sociaux :

« La possession des instruments de production et des ressources naturelles de la planète par une minorité de la population mondiale crée les graves problèmes sociaux auxquels nous sommes confronté aujourd’hui et contre lesquels les réformistes luttent constamment. Du fait que ces derniers acceptent le statu quo, ils sont condamnés, tel Sisyphe, à pousser une charge importante en haut d’une colline pour la voir immanquablement redescendre.» (Parti Socialiste du Canada, Toronto The Good, in Wage Slave News, 28 octobre 2007)
(www.worldsocialism.org/canada/toronto.the.good.20071028.htm)

Voilà pourquoi, aucune réforme, si avantageuse soit-elle pour les salariés, chômeurs, lycéens, étudiants et leurs familles ; aucune manifestation, si bien suivie soit-elle ; aucune consigne de vote contre un gouvernement quel qu’il soit, si massive soit-elle, ne résoudra les problèmes auxquels nous sommes confrontés, pour la simple raison qu’elles ne s’attaquent pas à la propriété privée capitaliste.

Cela veut-il dire qu’il faut renoncer à toute résistance, qu’il faut supporter les attaques du patronat et de ses représentants au Parlement et à l’Élysée sans réagir ? En réponse à cette question, un vieux barbu quelque peu oublié aujourd’hui affirmait :

« telle étant la tendance des choses dans ce régime, est-ce à dire que la classe ouvrière doive renoncer à sa résistance contre les atteintes du capital et abandonner ses efforts pour arracher dans les occasions qui se présentent tout ce qui peut apporter une amélioration temporaire à sa situation ? Si elle le faisait, elle se ravalerait à n’être plus qu’une masse informe, écrasée, d’êtres faméliques pour lesquels il n’y aurait plus de salut. […] Si la classe ouvrière lâchait pied dans son conflit quotidien avec le capital, elle se priverait certainement elle-même de la possibilité d’entreprendre tel ou tel mouvement de plus grande envergure.
En même temps, et tout à fait en dehors de l’asservissement général qu’implique le régime du salariat, les ouvriers ne doivent pas s’exagérer le résultat final de cette lutte quotidienne. Ils ne doivent pas oublier qu’ils luttent contre les effets et non contre les causes de ces effets, qu’ils ne peuvent que retenir le mouvement descendant, mais non en changer la direction, qu’ils n’appliquent que des palliatifs, mais sans guérir le mal. Ils ne doivent donc pas se laisser absorber exclusivement par les escarmouches inévitables que font naître sans cesse les empiétements ininterrompus du capital ou les variations du marché.
» (Karl Marx, Salaire, prix et profit. Chapitre La lutte entre le Capital et le Travail et ses résultats, 1865)

Ce dont nous devons prendre conscience, c’est que nous les salariés et nos familles formons l’immense majorité de la population. Cependant, divisés en nations, partis, syndicats et religions concurrents, nous sommes condamnés à subir les attaques du gouvernement en place. En outre, voter pour des partis capitalistes, quelle que soit leur couleur politique, puis se plaindre de, ou manifester contre, leurs attaques, où est la logique ?

Aussi, parce que l’union fait la force, ce dont nous avons besoin, c’est d’un mouvement qui rassemble tous les salariés et qui se fixe comme objectif unique et immédiat, le remplacement de la propriété privée des moyens d’existence de la société par la propriété sociale, de manière à les gérer, non plus dans l’intérêt égoïste d’une minorité privilégiée, mais dans l’intérêt général.
Alors seulement serons-nous en mesure de réaliser un monde dans lequel le système actuel des États rivaux sera supplanté par une communauté mondiale sans frontières, le rationnement de l’argent et du système du salariat par le libre accès aux richesses produites, la concurrence par la coopération et la division de la société en classes sociales aux intérêts opposés par l’égalité sociale.

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