lundi 21 décembre 2009

Qu’est-ce que le socialisme ?

Pour nous, socialistes, le socialisme n’a rien à voir, ni avec les pays ni avec les gouvernements qui se prétendent (ou se prétendaient) socialistes. Un régime dans lequel le patron privé a été remplacé par l’État-patron n’est pas du socialisme, mais une forme particulière de capitalisme : le capitalisme d’État. Quant à la gestion supposée plus « humaine » du capitalisme, préconisée par des partis en Europe tels que le PS en France, le PSOE en Espagne ou le SPD en Allemagne, en quoi se différencie-t-elle de celle des gouvernements de droite ? Quels problèmes a-t-elle résolus ? Quelle « humanité » a-t-elle insufflé dans le capitalisme ?

Alors, qu’est-ce que le socialisme, vous direz-vous ? Bien évidemment, nous ne pouvons pas fournir un plan détaillé préétabli. Outre le fait que le socialisme dépend du stade d’avancement et de l’état de la planète dans lesquels le capitalisme nous laissera au moment de son établissement, un plan prêt-à-l’emploi serait contraire au caractère démocratique de la société future. En outre, les détails particuliers et les questions d’organisation seront élaborés, les problèmes rencontrés seront résolus et les mesures adéquates seront prises, au fur et à mesure des situations rencontrées.

Cependant, par comparaison avec le système actuel, quelques lignes générales peuvent être tracées :

1. Le capitalisme est un système de société mondial, basé sur l’appropriation, par une petite minorité de la population – la classe capitaliste –, des moyens de production des richesses de la société. Cette appropriation entraînant la gestion de ces moyens au seul profit de cette minorité possédante, il s’ensuit que, pour permettre leur administration démocratique (par la société toute entière) et l’organisation de la production dans l’intérêt général, le transfert de la propriété de ces moyens à la société est un impératif absolu. L’organisation et le fonctionnement du capitalisme et du socialisme étant mutuellement exclusifs et incompatibles, ces deux systèmes ne pourront cohabiter. Par conséquent, ce transfert de propriété devra s’effectuer à l’échelle mondiale. En outre, de nombreux problèmes, inhérents au système capitaliste (crises économiques, pauvreté, chômage, famine, problèmes écologiques, etc.), ayant un caractère global, leur seule solution – le socialisme – ne peut être que globale.

2. Le capitalisme est une société divisée en classes sociales opposées : d’un côté, ceux qui, possédant les moyens de production – la classe capitaliste –, s’approprient les richesses produites et n’ont pas besoin de travailler pour vivre ; de l’autre, ceux qui en sont exclus – la classe salariée – et doivent travailler pour les premiers afin de subvenir à leurs besoins. Le socialisme, lui, sera une société sans classes puisque les relations de production actuelles, qui découlent de la propriété privée des moyens d’existence de la société, auront disparu.

3. Dans le capitalisme, les biens et les services sont produits dans le seul but de générer un profit pour la minorité possédante. Dans le socialisme, ils seront produits en réponse aux besoins exprimés par la population. La disparition du système du profit signifiera, en même temps, la fin du chômage, de la pauvreté, de la pénurie de logements, de la faim dans le monde, des guerres, etc. qui en sont des conséquences directes.

4. Dans le capitalisme, l’accès aux biens et aux services nécessaires à notre vie quotidienne (nourriture, logement, transports, culture, loisirs, etc.) est limité par la quantité d’argent dont nous disposons. Dans le socialisme, l’accès aux richesses produites sera libre et gratuit puisque la suppression de la propriété privée entraînera l’élimination des opérations d’achat-vente, rendant l’argent inutile. En effet, les richesses produites étant devenues la propriété commune de l’humanité, comment et à qui allons-nous acheter des biens ou des services que nous possédons déjà ? De cette façon, l’accumulation de richesses matérielles par un individu, au détriment des autres, deviendra impossible.

5. Dans le capitalisme, chaque entreprise est gérée de manière autoritaire et égoïste, au seul profit de ses actionnaires/ propriétaires. Dans le socialisme, les moyens de production et les richesses naturelles étant la propriété collective de la société, les membres de celle-ci mettront en place une administration démocratique, tant sur les points de production qu’à travers les structures et les réseaux établis pour assurer l’articulation et la coordination entre les diverses unités de production et les centres de distribution. Débarrassée du carcan de la propriété privée, la société remplacera la démocratie politique limitée, que nous connaissons actuellement, par la démocratie sociale.

L’idée d’une société basée sur la propriété commune des moyens d’existence a une longue histoire. De fait, les premières sociétés humaines ignoraient la propriété privée ou la hiérarchisation de la société en groupes sociaux distincts. Si l’apparition de l’agriculture et de l’élevage, au néolithique, va entraîner l’appropriation des terres, rendue nécessaire par le caractère sédentaire de ces activités, le retour à la propriété sociale, condition nécessaire à la gestion des moyens de production par la société toute entière, dans l’intérêt de tous ses membres, est une revendication constante dans l’Histoire de l’humanité, même si elle n’apparaît jamais dans nos manuels d’histoire officielle. Et grâce au développement de la technologie moderne et des capacités productives, il est désormais possible d’établir une société organisée sur ces bases, pour partager non pas la pénurie mais l’abondance.

4 commentaires:

Stephane a dit…

Merci, un article clair et bien utile.

don (dessin ) ceokophael (ongles et cheveux) a dit…

très interessant, et très compréhensible.
Ça me fait penser à ce que certains ont fait, (je ne me souviens plus du nom), c'était des employés d'usines logés dans une grande unité, tous à la même enseigne.
Dans l'enceinte de ce foyer il y avait une piscine, une salle de spectacle, une bibliothèque que tout le monde pouvait consulter, les enfants avaient accès à des loisirs, il y avait une garderie, et tout le monde mangeait à sa faim.

AAB a dit…

Un article simple et clair et instructif pour moi aussi.Cependant,en supposant que la première forme d'organisation de la société ait été socialiste,celle du partage et de la solidatité dans la production et dans la circulation et la consommation des biens,comment expliquer la victoire de l'instinct de possession personnelle sur l'instinct du partage?

Mondialiste a dit…

C'est à cause de la pénurie que le capitalisme impose. Dans un monde d'abondance ce serait autre chose, comme la citation de George Jackson dans ce message l'explique:
http://socialisme-mondial.blogspot.com/2010/06/une-alternative-postcapitaliste.html