mercredi 6 janvier 2010
Le marxisme est-il « productiviste » ?
La société socialiste sera la première dans laquelle les êtres humains pourront décider comment elle devrait fonctionner. Les êtres humains vont y proposer et, pour la première fois, disposer également. Ce sera ce que Marx appelait « la fin de la préhistoire humaine », c'est-à-dire le commencement de l'histoire consciemment faite. En d'autres termes, les êtres humains pourront décider, sans contrainte externe, leurs propres « impératifs », dont le premier sera le bien-être humain.
Sans doute, au début, il faudra augmenter massivement la production des choses utiles (nourriture, logements, soins médicaux, éducation, etc.). Mais à la longue on peut s'attendre à ce que la société socialiste devienne une société stable, avec une population et un niveau de production stables, ce qu'on appelle en anglais une « steady-state economy». En effet, pourquoi continuer d'augmenter la production quand tous les besoins sont comblés ?
Il est vrai que Marx a écrit que ce qui distingue les êtres humains des autres animaux, c'est le travail. Mais il ne faut l'interpréter dans un sens productiviste. On aurait pu dire que la caractéristique distinctive était la créativité, puisque c'est la même chose. Contrairement aux autres animaux, les êtres humains changent consciemment la nature, c'est-à-dire qu'ils produisent, c'est-à-dire qu'ils créent quelque chose qui n'existait pas auparavant. De toute façon, même si les êtres humains produisent, il ne s'en suit pas qu'ils doivent produire pour produire. Au sein du capitalisme ils y sont contraints par les lois économiques du système. Au sein de la société socialiste ils ne le seront plus, mais ils auront le libre choix des « impératifs» et on peut douter fortement qu'ils choisissent cela. De fait, ils seront libres de « créer » plutôt que de « travailler ».
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