mardi 15 juin 2010
Ils ont raison (2)
Révolution : pour la plupart des gens ce mot dont nous autres, Socialistes, sommes obligés de faire si fréquemment usage, a un écho terrifiant. L'on a beau expliquer qu'il n'est pas nécessairement synonyme de changement lié à des émeutes ou à toute autre forme de violence, et qu'il ne signifie jamais un changement purement mécanique qu'imposerait à une opinion publique hostile un groupe d'individus ayant réussi d'une manière ou d'une autre à s'emparer du pouvoir exécutif pour le moment ; l’on a beau expliquer qu'on donne au mot révolution son sens étymologique pour désigner une transformation des fondations de la société, les gens prennent peur d'un aussi vaste bouleversement et vous supplient de bien vouloir parler de réforme, et non point de révolution.
Mais pour nous autres Socialistes, le mot révolution ne recouvre absolument pas ce qu'entendent ces bonnes âmes qui parlent de réforme. Et je ne puis m'empêcher de penser que nous aurions tort de parler de réforme, quelle que soit la nature des projets que nous pourrions cacher sous son enveloppe anodine. Aussi nous en tiendrons-nous à notre propre terme, qui signifie une modification des fondations de la société. Certains risquent de s'en alarmer : les voilà en tout cas avertis qu'il y a matière à craindre. Faire comme si le danger n'existait pas ne le diminue en rien. D'autres, par contre, en seront encouragés ; pour eux au moins le sens du mot révolution sera une source non point de peur, mais d'espérance.
William Morris, Comment nous vivons ; comment nous pourrions vivre, 1884.
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