lundi 28 juin 2010

« Une alternative postcapitaliste »

Selon ce site, le capitalisme, à cause de ses contradictions économiques, va vers sa destruction. D’où la nécessité de penser une société postcapitaliste.

Nous ne pouvons être d’accord que l’autodestruction du capitalisme soit « inévitable, ce n’est qu’une question de temps ». Malheureusement le capitalisme est plus stable que les auteurs du site ne le pensent. Toutefois laissons cela de côté et considérons leur « proposition pour une alternative postcapitaliste » :
« Le premier fondement sur lequel repose notre alternative postcapitaliste est la suppression de la formation de plus-value. Non seulement la plus-value doit son existence au surplus de travail non rémunéré — donc de l’exploitation — déjà pour cette raison condamnable, mais la conversion sur le marché de biens et de services contenant une plus value en espèces sonnantes est également la source de tous les problèmes inhérents au capitalisme. La manière dont notre alternative exclut la formation de la plus value se résume en un système de production dans lequel l’argent est absent. Excluons l’argent de la production de biens et de services et le travail ne pourra plus être acheté, par conséquent une plus value du travail non rémunéré et donc également la formation d’une plus value ne seront plus possible. Et à la question comment un système de production sans argent est possible, la réponse est en gros la suivante : en mettant fin à l’acquisition d’un revenu pécuniaire dans la production. (…) Les matières premières et le travail deviennent donc gratuits. Et ceci entraîne la séparation entre revenu et entreprendre. Il n’est en effet plus nécessaire d’investir pour l’achat de biens de production, de matières premières et de travail. Ils sont devenus gratuits. Et si le travail ne doit plus être acheté, il n’est plus question non plus de formation de plus value par le surplus de travail non rémunéré. Dans un système de production sans argent la formation d’une plus value est tout simplement impossible. »
Et
« Le travail et les autres moyens de production pouvaient librement être assemblés dans le processus de production, sans être entravé par la question de la disponibilité de l’argent, ou par le fait que des salaires et des revenus devaient être payés. Plus fort encore, il était possible de produire librement et sans entrave, non pas malgré, mais précisément parce que l’argent et l’acquisition de revenus ne jouaient aucun rôle. Justement parce que la force de travail et les autres moyens de production étaient de ce fait gratuits, il n’y avait rien qui entravait une production optimale, bien entendu dans le cadre du développement des techniques disponibles. »
Tout va bien jusqu'ici. Puis :
« Ci-dessus nous avons déjà indiqué que par l’exclusion de l’argent de la production des biens et des services, les biens de consommation seront gratuits dans l’économie postcapitaliste. Ces biens pourront donc en principe être distribués sans frais et par conséquent gratuitement. “En principe” parce que du fait de l’avidité humaine la consommation prendrait des formes qui dépasseraient de loin la soutenabilité de l’environnement. »
Ils veulent donc "une monnaie de consommation", un budget plus ou moins égal périodiquement alloué à tous", parce qu’ils considèrent que les gens sont "avides" et continueraient de l’être même dans une société postcapitaliste où l’argent sera exclu de la production.

Par contre nous, nous pensons pas que les gens soient ‘avides’ par nature, mais qu’ils se comportent comme s’ils l’étaient dans des conditions  de rareté et d’insécurité. Dans des conditions d’abondance et de sécurité ils se comporteraient autrement, comme le "Frère de Soledad" George Jackson l'a expliqué :
« Considérez ce que seraient les approvisionnements dans un monde entièrement automatisé, imaginez la mise en application de la théorie de l'abondance économique. Vous pigez : plus de gaspilleurs, plus de restrictions à la production. Plus d'intermédiaires, plus d'argent. Des magasins où serait stocké tout ce qui peut être utile au corps ou au foyer de l'homme. Pourquoi alors les gens n'entasseraient-ils pas, comment une telle opération serait-elle possible, comment les magasins d'approvisionnement pourraient-ils garder des marchandises si celles-ci étaient gratuites ?
L’homme amasse pour se prémunir contre le manque, contre le besoin, n'est-ce pas ? Ne lui a-t-on pas appris que demain recèle l'épouvante, qu'il doit entasser un surplus en provision de cette épouvante, être cupide, accumuler des biens s'il veut réussir dans ce monde plein de menaces ? Amonceler des noix pour l'hiver à venir.
Changez l'environnement, éduquez a l'homme, et l'homme sera différent. Le magasin d'approvisionnement fonctionnera aussi longtemps que les gens sauront qu'ils peuvent compter sur lui, qu'il y a en abondance les choses dont ils ont besoin, les choses qu'ils désirent (qu'ils désirent vraiment) ; dès lors qu'ils sont assurés que l'effort commun produit et produira toujours l'abondance, ils ne se soucient pas d'entasser à la maison au-delà de leurs besoins.
L'eau est gratuite, est-ce que les gens boivent plus qu'il n'est nécessaire ? »
(George Jackson, Les Frères de Soledad, lettre du 17 juin 1970.)

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