jeudi 30 juillet 2009

Prochains meetings du SPGB

Voici la liste des prochaines réunions publiques et conférences du Parti socialiste de Grande-Bretagne:

  • Le 25 août à Édimbourg: The Free Access Alternative. de 19h30 à 21h00 à l’Autonomous Centre of Edinburgh, 17 West Montgomery Place [ Voir le plan]. Détails: fraser@prolerat.org.

free access

  • Le 29 août à Londres: Marx, Myth and Money. de 19 à 22h00, au siège du SPGB, 52 Clapham High Street. Intervenant: Pat Deutz. [Voir le plan] Détails: spgb@worldsocialism.org.

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  • Le 6 septembre à Londres: The free election of masters does not abolish the masters or the slaves. de 18h00 à 21h30 au siège du SPGB, 52 Clapham High Street. Intervenant: Jim Lawrie. Détails: spgb@worldsocialism.org.

talk60909

  • Le 12 septembre à Manchester: Capitalism and the Recession. de 13 à 17h00, à la Friends Meeting House, Mount Street, Manchester. Intervenants: Adam Buick et Paddy Shannon. Détails: 02076223811 et spgb@worldsocialism.org. [+ in english]

capitalism-recession

  • Le 16 septembre à Londres, débat contradictoire: Capitalism or Socialism. de 19h30 à 22h00 au siège du SPGB, 52 Clapham High Street. Intervenants: Eamonn Butler, directeur du Adam Smith Institute, et Richard Headicar, du Parti socialiste de Grande-Bretagne. Détails: 02076223811 et spgb@worldsocialism.org.

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  • Le 20 septembre à Londres: Our own worst enemy? – Human nature and Socialism. de 18 à 21h00 au siège du SPGB, 52 Clapham High Street. Intervenant: Dick Field. Détails: 02076223811 et spgb@worldsocialism.org.
  • Le 28 septembre à Manchester : “Primitive Communism”. à 20h30 à Unicorn, Church Street, City Centre.

mercredi 22 juillet 2009

La philosophie de l'argent de Marx

Le philosophe d’origine polonaise Leszek Kolakowski est décédé le 17 juillet. En 1970 il faisait une conférence à New York sur le thème « Pourquoi avons-nous besoin d'argent ? » (dont le texte a été reproduit en traduction française dans L'esprit révolutionnaire, publié en 1978 aux Éditions Complexe). Il s'agit d'une critique de l'idée d'un monde sans argent comme, d'après lui, une illusion dangereuse. Il prétendait que l'existence de l'argent permettait « le droit au libre choix dans la consommation » et « la démocratie politique », et que toute tentative de l'abolir ne pouvait que mener au rationnement et a l'esclavage politique — comme si le seul choix était entre le capitalisme privé et le capitalisme d'État ! Malgré cette argumentation faible, pour ne pas dire débile, Kolakowski réussit, dans la première partie de son essai, faire un exposé assez honnête, dont nous reproduisons des extraits ci-dessous, des idées de Marx sur ce sujet.

Depuis le XVI° siècle, la culture européenne rêve un rêve immortel, le rêve d'un monde sans argent. C'est la nostalgie du retour à un paradis où les choses sont ce qu'elles sont en vertu de leurs qualités naturelles et ne peuvent être réduites à une commune mesure quantitative. John Locke écrivit en 1690 dans son Deuxième Essai sur le Gouvernement : « Au commencement, le monde entier était une Amérique... car nulle part on ne connaissait quelque chose comme l'argent. » Cette bienheureuse Amérique sans argent était — pour la plupart des Utopistes, sinon pour Locke lui-même — le Paradis perdu auquel l'homme pouvait et devait retourner s'il ne voulait pas perdre son humanité. Cette idée fut reprise, sans grandes modifications, par Rousseau et par les Socialistes du XIXe siècle, par Proudhon, et surtout par Moses Hess, puis enfin par Marx. La philosophie de l'argent de Marx, qui s'est constituée essentiellement sous l'influence de Hess, n'est rien d'autre qu'une nouvelle formulation plus précise des idées directrices de pratiquement tous les socialistes des trois siècles précédents. Marx réinterprète dans cette perspective d'une manière nouvelle la distinction héritée de Smith et de Ricardo entre la valeur d'usage et la valeur d'échange des marchandises. La valeur d'usage, soit la somme des propriétés physiques qui nous rendent les choses utiles, appartient à la chose elle-même, qu'il s'agisse ou non d'une marchandise échangée sur le marché. La valeur d'échange est une caractéristique qui ne repose ni sur la chose elle-même ni sur ses propriétés physiques, mais apparaît comme rapport social au cours de l'échange de marchandises. La valeur d'échange ne se manifeste qu'au cours de la confrontation des marchandises en tant que rapport mesurable entre les diverses quantités de travail qui ont été nécessaires pour produire les choses en question. ( . . .)

Ce qui caractérise le capitalisme, c'est que l'humanité dépend d'un système d'échange unique (ce qui implique l'existence d'un marché mondial) et surtout que la valeur d'échange a une prépondérance absolue dans le processus de production ; en d'autres termes, la production se rend indépendante des besoins humains. Elle est subordonnée à l'accumulation de la valeur d'échange comme but en soi. Le capital est un Moloch abstrait poussé par la « faim de loup » insatiable de la plus-value. Il aspire avec un entêtement aveugle à l'accumulation infinie de la plus-value, sans se soucier du type de production. Les différences qualitatives entre les marchandises produites lui sont indifférentes. Les masses de capitaux émigrent sans difficulté d'un domaine de production à un autre, poussées par la soif du profit. L'âme du capital est le besoin d'argent — non le besoin de richesse, mais bien le besoin de la valeur d'échange en soi. L'âme du capital devient l'âme du capitaliste ; celui-ci incarne le capital et devient instrument humain des forces impersonnelles. ( . . .)

Le socialisme abolirait la production soumise à la valeur d'échange et donnerait aux besoins humains les pleins pouvoirs sur le processus de production. Les producteurs véritables détermineraient le processus du travail et disposeraient entièrement de ses produits, le travail salarié n'existerait plus, la division du travail, l'aliénation du travail et la valeur d'échange disparaîtraient également (puisque la satisfaction des besoins serait le seul but de la production). On verrait aussi disparaître l'argent, cette incarnation destructrice autant que créatrice de la valeur d'échange, le dieu de l'histoire passée, l'inventeur diabolique, l'essence de l'homme qui s'est détachée de l'homme concret et le domine comme un pouvoir étranger. En ce sens, le socialisme représente pour Marx le retour de l'homme à lui-même dans une société ou toutes les forces et les capacités humaines sont au service de l'auto-affirmation de l'homme au lieu de l'écraser de leur puissance impersonnelle.

Dans sa vision d'une humanité future, Marx fut inspiré par une idée qui traverse toute la tradition socialiste : l'idée que la domination de l'argent entraîne un avilissement des hommes et des choses, les uns et les autres étant réduits à la valeur d'échange. Cette idée provient de la nostalgie d'un monde où les choses et les hommes retrouveraient leur statut originel et pour ainsi dire « naturel », où un morceau de pain ne serait rien d'autre qu'un morceau de pain, où une maison serait une maison et pas 50000 dollars. Dans l'utopie socialiste s'exprime une sorte de soif de la qualité, le désir d'une société où les hommes et les choses ne sont pas comparables, parce qu'ils sont qualitativement différents, et où ils ne sont pas mutuellement hostiles parce que toutes leurs qualités personnelles uniques ne travaillent pas contre la société, mais se donnent libre cours pour enrichir celle-ci, la source des hostilités mutuelles ayant été éliminée une fois pour toutes. Bref, nous serions riches parce que nous n'aurions plus besoin d'argent. Nous verrions les choses telles qu'elles sont et non pas telles qu'elles ont été formées par le système d'échange — comme dans le poème célèbre de Kipling : « Et seul le Seigneur nous louera et seul le Seigneur nous blâmera, et aucun ne travaillera pour l'argent et pour la gloire, mais chacun pour le plaisir du travail, et chacun selon sa propre étoile doit représenter la chose telle qu'il la voit, pour le Dieu des choses telles qu'elles sont ».

lundi 20 juillet 2009

« Humaniser » la société…ou en changer ?

Entre chaque élection, nos « responsables » politiques ont plusieurs années pour mettre fin au chômage, à la précarité, à la pauvreté, à l’insécurité ou à la pénurie de logements. Pourtant, au cours du 20ème siècle, tous les gouvernements de toutes tendances se sont engagés à « résoudre » ces problèmes… sans jamais y parvenir.

Bien sûr, lors de chaque reprise économique, l’amélioration de la situation de l’emploi peut amener les salariés à penser qu’ils ont choisi le bon candidat aux dernières élections. Mais cette illusion ne dure que le temps… de cette reprise économique, justement. Pense-t-on sérieusement que si un gouvernement quelconque n’avait trouvé la méthode lui permettant d’éliminer les problèmes une fois pour toutes, il ne serait trop content de l’appliquer, ne serait-ce que pour s’assurer la victoire aux élections suivantes ?

En effet, le caractère récurrent, mais aussi planétaire, de nos problèmes met en lumière le fait qu’ils font partie intégrante du système social qui s’étend sur le monde – le capitalisme – et que les gouvernements, pas même ceux des pays les plus puissants, ne sont ni à l’origine de ces problèmes ni capables de les résoudre.

La raison en est bien simple : les entreprises et les richesses naturelles sont monopolisées par une petite partie de la population – la classe capitaliste – au profit exclusif de laquelle elles sont inévitablement gérées. Et ce que signifie l’appropriation des moyens d’existence de la société par la petite minorité capitaliste, c’est que les entreprises produisent des biens et des services, non dans le but de satisfaire les besoins individuels et collectifs (ils ne peuvent pas être satisfaits dans le cadre de ce système !) des membres de la société, mais dans le but de satisfaire les seuls besoins rentables, c’est-à-dire les besoins des seuls consommateurs qui sont susceptibles de rapporter un profit à la minorité possédante.

Or, aucune réforme quelle qu’elle soit ne remet en cause la propriété privée des moyens de production et de distribution des richesses sociales par cette minorité dominante et parasite ; aucune réforme ne le pourrait d’ailleurs pas puisqu’elle serait aussitôt sanctionnée par une vague de délocalisations.

De toute évidence, le capitalisme est un système qui, par définition, ne peut fonctionner que dans l’intérêt des capitalistes ; il nous démontre d’ailleurs tous les jours qu’il ne peut apporter aux salariés le bien être et la tranquillité, si l’on exclue la fameuse parenthèse (d’ailleurs bien refermée) des « Trente Glorieuses », qui ne furent, ne l’oublions pas, ni trente ni glorieuses pour tout le monde. D’ailleurs, qui osera prétendre que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles ? Qui rêve de léguer à ses enfants un monde où règnent l’inégalité, la précarité, la violence, le chômage ou, pour ceux qui ont la « chance » d’avoir un emploi, la menace permanente de se retrouver sans travail ? Qui encore peut ignorer les millions de victimes annuelles de la famine et des guerres, faisant, d’ailleurs, du capitalisme le plus criminel des régimes ?

Pourtant, à chaque élection, les salariés refusent de tirer les leçons du passé et, en votant « gauche » ou « droite », votent capitaliste, portant ainsi au pouvoir des partis chargés de défendre les intérêts de leurs ennemis et de perpétuer le capitalisme et ses innombrables problèmes, un système qui permet à une minorité parasite de vivre dans le luxe et l’oisiveté et contraint la majorité travailleuse à une vie faite d’incertitude.

Instruits des erreurs passées, et soucieux de ne pas les reproduire, les socialistes refusent de tomber dans l’utopie réformiste et proposent donc, comme seule solution réaliste et immédiate, l’établissement de la propriété sociale (d’où le nom de socialisme) des moyens d’existence de la société, de manière à assurer leur gestion par (et, donc, dans l’intérêt de) la collectivité tout entière.

mercredi 8 juillet 2009

L’utopie ?

Le socialisme se base sur le fait que tout ce qui se trouve sur la Terre et dans la Terre sera devenu l’héritage commun de l’humanité tout entière. La production se fera pour la seule satisfaction des besoins humains et non plus pour la vente et le profit, et le principe « de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins » sera mis enfin en application. Cette idée n’est pas l’invention de socialistes d’aujourd’hui mais au contraire est un rêve aussi vieux que l’humanité elle-même depuis la disparition du « communisme primitif ».

Une telle société se fait parfois traiter d’utopie. Mais pourquoi avoir peur de ce terme ? Il n’y a aucune solution aux problèmes sociaux d’aujourd’hui dans le cadre du capitalisme et il faut donc pouvoir imaginer une société différente qui sera une véritable solution de remplacement.

Il est vrai que pendant longtemps le socialisme n’a été qu’une bonne idée, une société idéale décrite par des écrivains tels que Thomas More mais sans rapport avec la réalité sociale de l’époque. Depuis la révolution industrielle, cependant, le socialisme est devenu une possibilité réelle, et ceci parce que la base matérielle du socialisme, c’est une industrie capable de fournir suffisamment de biens et de services pour éliminer la pauvreté et la misère partout dans le monde.

Voici donc une première condition qui doit être remplie avant que l’on puisse établir le socialisme : le développement des moyens de production jusqu’au point où ils peuvent produire une abondance pour tous. Ce point a été atteint vers le début du siècle dernier avec la mondialisation de la production (qui s’est traduite, sous le capitalisme, par l’impérialisme) et avec l’électrification de l’industrie. Tout le progrès technologique qui a suivi n’a fait que rendre l’établissement du socialisme de plus en plus possible du point de vue matériel.

Mais le socialisme n’est pas simplement une question de technologie, loin de là. La technologie avancée en est la base mais le socialisme dépend également de la volonté des hommes. Dans ce domaine aussi le capitalisme a créé des conditions favorables à l’établissement du socialisme en créant toute une classe de gens dont l’intérêt est de réorganiser la société sur une base socialiste.

Cette classe, c’est la classe de salariés, des travailleurs, de tous ceux qui aujourd’hui sont obligés de vendre leur force de travail afin de vivre, c’est-à-dire de plus de 90% de la population dans les pays industrialisés. Certains utilisent le terme « classe ouvrière » mais ce terme peut prêter à équivoque car le terme « ouvrier » fait penser à travailleur manuel ; or les travailleurs manuels ne constituent qu’une partie de la classe salariée. (Le terme « prolétariat » ne vaut pas mieux, mais pour d’autres raisons.) Le socialisme est dans l’intérêt de tout salarié, y compris les employés du bureau, les enseignants, les fonctionnaires et les autres cols blancs. C’est pourquoi sont préférables les termes « classe salariée » ou « classe travailleuse » qui rendent le sens du message socialiste parfaitement clair : il s’adresse à la grande majorité de la population et lui offre la seule solution aux divers problèmes auxquels elle doit faire face de nos jours.

Mais cette solution, c’est à la majorité elle-même de la découvrir, de la comprendre et de la vouloir. Un autre principe socialiste dit : « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », et en effet l’établissement du socialisme ne pourra être que l’acte conscient d’une majorité consciente. Ceci est logique de par la nature même de la société socialiste qui sera une société sans coercition ni Etat et donc basée sur la coopération volontaire. Pour pouvoir l’établir et la faire fonctionner, il faudra donc le vouloir et en comprendre toutes les implications. Voici donc la seconde condition préalable : une majorité socialiste, qui veut le socialisme et en comprend toutes les implications.

Sur ces deux conditions, un système de production suffisamment développé et une majorité socialiste, la première est réalisée depuis longtemps alors que la seconde ne l’est absolument pas. Le fait est qu’aujourd’hui la majorité des gens ne veulent pas le socialisme mais au contraire acceptent le capitalisme (y compris sous sa forme de capitalisme d’état comme anciennement en Russie).

Comment donc arriver à ce qu’une majorité veuille le socialisme et le mette ainsi, immédiatement, à sa portée ? Qu’est ce que l’on peut faire aujourd’hui pour hâter le processus ? C’est là toute la question. Faire répandre l’idée socialiste - susciter la vision d’un autre monde - est sûrement une partie de la réponse.