mardi 25 janvier 2011

La liberté

Nous sommes « libres » de vendre notre énergie pendant huit heures par jour si nous trouvons acquéreur ; puis nous sommes « libres » de dépenser le montant de notre vente pour acheter des denrées et des loisirs ; nous sommes « libres » de descendre au-dessous du minimum vital si nous ne trouvons pas d'emploi au sortir des écoles ; nous sommes « libres » d'obéir aux lois de l’Etat et de la classe possédante ou « libres » de séjourner dans les prisons.

Dans la société capitaliste « liberté » signifie : liberté d'entreprise. Les lois disposent que pour constituer une entreprise commerciale il faut avoir un capital, et faute de capital comment avancer les dépenses d’installation et les salaires ? Puisque seuls les capitalistes peuvent entreprendre librement, seuls eux sont libres. Le système social actuel ne laisse qu'une « liberté » à ceux qui ne possèdent pas des moyens de production : celle de produire au profit de ceux qui en possèdent et de recevoir des salaires en échange des profits produits !

jeudi 20 janvier 2011

Un dictateur s'en va, le capitalisme reste

Il est toujours bon de voir le pouvoir du peuple s'exercer comme ce mois en Tunisie où il a fait tomber une dictature. Cela montre qu'il pourrait également, le moment venu, faire tomber le capitalisme.

Tout gouvernement est obligé de donner la priorité aux profits puisque ce sont eux qui font marcher le système capitaliste. Lorsque les profits se font moindres, comme actuellement, les gouvernements doivent imposer une austérité aggravée, ce qui provoque inévitablement un conflit avec la population.

Une des tâches clefs d'un gouvernement, c'est de garder la population tranquille et d'éviter des émeutes. Dans un pays en développement capitaliste tel que la Tunisie on ne peut le faire sans avoir recours à la force. C'est pourquoi les gouvernements de tels pays sont tous plus ou moins autoritaires, par comparaison avec ceux des pays capitalistes plus développés où les mensonges et la duperie suffisent.

Lorsqu'elle a fait tomber une dictature la population se sent puissante mais ne sait pas ce qu'il faut faire ensuite. Un manifestant à Tunis, à qui on a demandé ce qu'il pense qu'il va se passer maintenant, a répondu : « Je m'en fous. » Il était simplement content que Ben Ali soit parti . Cependant « et après ? », c'est une question importante puisque faire tomber un dictateur ne change pas les réalités économiques du capitalisme ni le rôle répressif des gouvernements.

Nous n'avons aucun plaisir à signaler que le nouveau gouvernement à Tunis, même s'il est moins corrompu (ou pas corrompu de tout) et même s'il possède une légitimité plus grande, sera obligé de réprimer la population dans l'intérêt du capitalisme.

En fin de compte l'issue pour les travailleurs en Tunisie, de même pour ceux partout ailleurs, c'est de remplacer le capitalisme, lui-même déjà un système mondial, par un autre système mondial dans lequel les ressources de la Terre deviendront le patrimoine commun de toute l'Humanité afin qu'elles puissent être utilisées pour subvenir aux besoins de tous selon le principe « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

samedi 15 janvier 2011

Où va la Belgique ?

Le roi Albert vient de demander aux partis politiques de se mettre d'accord sur un programme d'austérité comme dans tous les autres pays. C'est que 7 mois après les élections du juin dernier la Belgique n'a toujours pas de gouvernement.

Le problème est que les capitalistes de la Flandre (aujourd'hui la partie de la Belgique la plus dynamique du point de vue économique) ne veulent plus financer la sécurité sociale pour les travailleurs en Wallonie (autrefois la partie la plus dynamique mais sur le déclin depuis les années septante avec le déclin des industries charbonnière et sidérurgique). Le parti qui a gagné le plus de sièges en Flandre réclame même la sécession de la Flandre.

Il faut se rappeler toutefois que c'était la gauche en Wallonie (y compris le Parti communiste et les trotskistes dont leur chef international, le belge Ernest Mandel) qui, la première, avait demandé la fédéralisation de la Belgique.

Suite à la grande grève de 1960-61, suivie massivement en Wallonie mais pas en Flandre, le dirigeant syndicaliste de gauche, André Renard, a demandé que la Wallonie ait le pouvoir de poursuivre sa propre politique économique et ainsi d'adopter des « réformes de structure anti-capitalistes ». Maintenant l'ordre des choses est inversé.

Que la Belgique devienne un État fédéral, ou même qu'elle se scinde en deux, ne concerne pas la classe travailleuse. Quelle que soit une éventuelle constitution nouvelle elle sera celle d'un État capitaliste dans lequel la classe travailleuse restera dans l'obligation de vendre sa force de travail à ceux qui possèdent les moyens de production.

La « question communautaire », c'est un leurre. Tous ceux qui doivent travailler pour un salaire ont le même intérêt à abolir le capitalisme, peu importe la langue qu'ils parlent. Comme il est inscrit sur la maison des coopératives à Gand: WERKLIEDEN ALLER LANDEN VEREENIGT U.

lundi 10 janvier 2011

C'est possible

Une étude des problèmes auxquels l'humanité est confrontée amène la conclusion suivante : la seule solution durable consiste en la création d'une communauté mondiale sans frontière, où la production sera orientée uniquement vers la satisfaction des besoins humains et non vers le profit, et où on instituera la mise à la disposition de tous, librement, gratuitement, des biens et des services. En d'autres termes, un monde sans classe, sans monnaie, sans Etat que nous appelons le « socialisme mondial ».

En réponse à l'objection que la société d'abondance n'est pas possible parce qu'il n'y a pas assez de ressources, on peut souligner qu’un facteur, extrêmement important, sera la disparition de certains secteurs de fabrication absorbant actuellement une grande partie de notre énergie. D'abord les armements. Les armes elles-mêmes, bien sûr, mais aussi les moyens logistiques de l'armée, la multitude d'équipements divers, les innombrables bâtiments. Si nous y ajoutons la disparition des administrations et organismes rendus inutiles par l'unification du monde et la suppression de l'argent, les banques, les douanes, les ministères, les prisons, la police, la gendarmerie, les assurances, on peut, sans craindre de beaucoup se tromper, assurer qu'une société socialiste augmentera son potentiel de travail utile de 50 % par rapport à la société actuelle.

samedi 1 janvier 2011

Ils ont raison (6)

ABOLITION DU TRAVAIL SALARIÉ

Le travail salarié devient la seule forme d'activité productive que le capital laisse aux hommes. Il faut des années de dressage pour qu'ils acceptent de perdre le tiers de leur temps en travaillant et de gâcher les deux autres tiers pour se remettre de leur travail.

Les idéologues affirment que le travail est nécessaire parce qu'ils assimilent production de marchandises et richesse sociale. Etre riche ne veut plus dire mener une vie passionnante mais être possesseur de quantités de biens. Voilà bien l'expression de l'imbécilité bourgeoise ! La société actuelle condamne le prolétaire à s'abrutir dans une activité idiote pour accumuler des objets dérisoires, et l'entretient dans l'espoir que de là sortira la joie de vivre.

Le temps perdu à travailler, les désirs non réalisés, sont échangés contre le salaire. Cette récompense qu'obtient le travailleur pour sa participation à la production de marchandises ne permet de se procurer que des marchandises. Elle ne donne droit qu'à ce qui s'achète, elle est incapable de rendre notre vie passionnante. Ce à quoi on renonce dans le travail ne nous est jamais rendu. La misère de la consommation répond à la misère du travail. Toute activité « libre » revêt un caractère inhumain : ainsi boire tourne à l'alcoolisme, se reposer c'est s'abrutir, et apprendre consommer l'idéologie ; tous les penchants physiques et intellectuels sont détournés en manies : le goût du jeu se transforme en hystérie de supporters ou en aliénation chevaline, la pêche et la chasse ne sont plus que des ersatz d'activités aventureuses, le bricolage n'est que la reproduction du travail parcellisé.

Si nous sommes obligés de travailler, la cause n'en est pas naturelle, elle est sociale. Travail et société de classe vont de pair. Le maître veut voir l'esclave produire parce que seul ce qui est produit est appropriable. Le plaisir que l'on trouve dans une activité ne peut être stocké, accumulé, traduit en argent par le capitaliste, alors il s'en fout. Lorsque nous travaillons, nous sommes entièrement soumis à une autorité extérieure. Notre existence n'a plus de sens en elle-même ; sa raison d'être, c'est la production de marchandises.

Depuis son origine, le capitalisme a sans cesse révolutionné les méthodes de production et il a augmenté considérablement la productivité du travail. Le machinisme n'a en rien servi à alléger la peine des hommes. Les professions qui demandaient adresse et attention sont éliminées, non pour permettre des activités plus riches, mais pour faire de tous les producteurs les esclaves du salariat. Dans le salariat généralisé, de l'O.S. à l'ingénieur, il n'y a plus que des degrés dans la misère et surtout dans l'illusion.

Le travail, ce n'est pas seulement la peine, l'effort, le harassement et les cadences infernales. C'est aussi le vide, l'ennui, l'inutilité, l'inefficacité, la dissimulation, pour tous ceux qui sont occupés à brasser du papier, à garnir des guichets, à résoudre d'insolubles et absurdes questions, à sourire et à répondre sur commande, à communiquer un savoir mort, à monter la garde devant de l'or en barre, des usines, des pelouses, des enfants, etc. Le travailleur est façonné par son travail. L'émiettement des tâches, l'habitude de l'obéissance, l'apprentissage de l'incompréhension se répercutent sur sa manière d'être et de penser. Le salarié perd le sens de son rapport réel avec la société et avec le contenu de son activité.

Le capital est une contradiction en procès : d'une part, il pousse à la réduction du temps de travail à un minimum, et, d'autre part, il pose le temps de travail comme la seule source et la seule mesure de la richesse. Le prolétaire anime l'économie marchande dont il est la première victime en cherchant des palliatifs à sa misère : nourriture falsifiée, télévision pour se désennuyer, voiture pour se transporter au « chagrin », tiercé pour entretenir l'espoir... Voilà la richesse de l'homme moderne, le « revenu par tête d'habitant » dont le système est si fier. Depuis quand considère-t-on que l'infirme est plus riche que le bien-portant parce qu'il est possesseur d'un fauteuil à roulettes ?

Une masse croissante de travail ne sert plus à satisfaire les besoins, même aliénés, des consommateurs. Elle se prostitue directement au service du capital. Quelle signification humaine a l'activité des policiers et des militaires, des employés de banque, des travailleurs de la publicité et du commerce ?

Jamais une société n'a disposé d'aussi formidables moyens, jamais elle n'en a fait un usage aussi dément et inhumain. Des centaines de millions de gens tissent, chaque jour, la toile d'araignée qui les emprisonne.

(La Guerre Sociale, 1977)