dimanche 23 octobre 2011

"Occupons Montréal"


D'accord, au moins 90 pour cent d'une partie développée du monde telle que le Canada font partie de la classe salariée (ceux qui sont obligés par nécessité économique de vendre leur force de travail) et sont exploités par 1 pour cent. Mais ces 1 pour cent, qui sont-ils ? Les organisateurs d’"Occupy Wall Street" et d'"Occupons Montréal" semblent croire que ces 1 % ne sont que les banquiers. Toutefois ce ne sont pas les seuls banquiers qui bénéficient du système capitaliste. Le secteur non financier de la classe capitaliste en fait autant.

En suggérant que le comportement des banquiers est le problème, les groupes "Occupons" se trompent. C'est une erreur grave dans la mesure où c'est faire croire qu'une réforme bancaire ou monétaire pourrait résoudre les problèmes auxquels les 99 pour cent doivent faire face. Il n'en est rien. La cause de ces problèmes, c'est le système capitaliste tout entier, le capital en tant que tel et non pas simplement le capital financier.

La solution se trouve donc dans l'expropriation de toute la classe capitaliste et la mise en place d'un système basé sur la possession commune et la gestion démocratique des moyens de production.

lundi 17 octobre 2011

Un président de gauche ?

Le soi-disant "Parti socialiste" vient de choisir son candidat pour l'élection présidentielle. Voici ce que nous en pensons.

S’il y a de nouveau un président de gauche, le seul changement qu'il y aura, c'est un change ment de politiciens à la tête de l'état.

La gauche ne modifiera pas les bases de l'exploitation ; tout au plus elle essaiera d’appliquer des mesures sociales avec toutes les réserves, les limites, les échecs qu’elle devra affronter en économie capitaliste. Par contre, le capitalisme y trouvera, lui, une solution à sa propre survie, à sa propre crise ; la discussion se focalisera sur l'opposition gauche-droite et nous donnera l'impression que ce sont les gouvernements qui décident alors que leurs moyens d'action sont en fait très limités et subordonnés aux lois économiques du capitalisme qui sont celles du profit. Par exemple, le chômage n'est pas un choix politique mais une fatalité économique, donc un changement de politique ne peut rien y changer.

Certes, un président de gauche et son gouvernement pourraient artificiellement gonfler l'économie pendant une certaine période pour financer les travaux publics et l'augmentation du nombre de fonctionnaires, mais cela ne durerait pas. Tôt ou tard, la crise éclaterait de nouveau et on reviendrait à la situation actuelle avec deux millions de chômeurs : les lois économiques du capitalisme continuent à fonctionner malgré un président de gauche.

La société bourgeoise et capitaliste impose de cette façon sa vision politique du monde (entre autres, grâce aux élections) écartant un grand nombre de gens des questions essentielles (exploitation par le salariat, mise en place des conditionnements, etc.). Un président de gauche essaierait donc de gérer de façon « progressiste », à la tête de l'état français, une fraction du capitalisme mondial mais ne réussirait pas. Il ne peut réussir. Tôt ou tard, il serait obligé de reconnaître que, dans le cadre du capitalisme, tout gouvernement, même de gauche, n'a d'autre choix que de respecter et d'appliquer la logique du capitalisme, c'est-à-dire de donner la priorité aux profits et non aux salaires et aux réformes sociales. A ce moment-là, il entrera forcément en conflit avec les travailleurs. Ce sera la fin de beaucoup d'illusions. La lune de miel sera finie.

Nous savons que nous nous situons à contre-courant d'un large mouvement qui met son espoir dans une arrivée de la gauche au pouvoir, ce qui ne veut pas dire que rien n'est possible. Nous pensons donc qu'il est essentiel actuellement de se poser la question des moyens et des conditions d'un changement.

mercredi 5 octobre 2011

L'économie participative : un non partant

L'activiste nord-américain Michael Albert propose de remplacer le système actuel par ce qu'il appelle une "économie participative".

Albert veut gérer la rareté "rationnellement", mais sa définition de la rareté veut dire qu'elle existera pour toujours. Il accepte donc les dogmes de l'économie orthodoxe qui prétend que -- par définition -- l'abondance ne peut jamais exister.

La science économique orthodoxe se définit comme l’étude de l’allocation de ressources rares pour couvrir certains besoins humains. Albert a adopté une position fondamentalement similaire à celle des économistes orthodoxes : si l’abondance existait, on pourrait se passer d'un "système d'échange de temps et de comptabilisations de ses désirs" (du rationnement de la consommation en fonction du travail effectué), mais puisque l’abondance n’existe pas encore et ne peut apparaître que dans un temps bien lointain, un tel système doit continuer à exister.

Le programme d’une "économie participative" est, en tant que système de gestion de la rareté, irréaliste et irréalisable. Elle suppose que la rareté existera toujours parce que les gens sont (assez) avides et paresseux et que donc leur consommation doit être restreinte et qu'ils devraient être obligés de donner suffisamment de travail. Sauf, selon lui, une moralité et des règles décidées démocratiquement suffissent pour effectuer cela. On peut en douter. Si la rareté existe et si les gens sont avides il faudrait de la coercition, un Etat, pour imposer la limitation de la consommation et l'obligation de travailler suffisamment. Comme Trotsky l'a dit à propos de l'échec de la révolution russe (bien entendu nous ne sommes pas trotskyistes mais ici il a vu juste):
L'autorité bureaucratique a pour base la pauvreté en articles de consommation et la lutte de chacun contre tous qui en résulte. Quand il y a assez de marchandises au magasin, les chalands peuvent venir à tout moment. Quand il y a peu de marchandises, les acheteurs sont obligés de faire la queue à la porte. Sitôt que la queue devient très longue, la présence d'un agent de police s'impose pour le maintien de l'ordre. Tel est le point de départ de la bureaucratie soviétique.(Trotsky, La révolution trahie (1936)
Le problème est que Albert ne se rend compte pas que nous vivons dans une ère d'abondance potentielle. Il croit que nous sommes toujours dans l'ère de pénurie où on ne peut produire assez pour subvenir à tous les besoins probables des gens. D'où, selon lui, la nécessité de limiter la consommation et contraindre les gens à travailler -- et le peu de pertinence de sa proposition.