lundi 24 novembre 2008

Décidons-nous à regarder en avant

« Qui contrôle le passé, contrôle le futur ; qui contrôle le présent, contrôle le passé ». C’était le slogan de la célèbre police de la pensée dans 1984, le livre de George Orwell. C’est aussi le slogan de la classe dirigeante d’aujourd’hui qui veut perpétuer sa domination. Afin de maintenir une société de classe, ses idéologues et les médias ont fait redéfinir le terme “socialisme”. C’est pourquoi il y a tellement de politiciens de carrière qui se réclament du “socialisme” pour pouvoir accéder au pouvoir. C’est dommage que beaucoup de ceux qui ont de la sympathie vraie pour les souffrances et qui cherchent à remédier aux maux du capitalisme les suivent. Mais, comme disait Oscar Wilde (décédé à Paris en 1900), “les remèdes ne guérissent pas la maladie ; ils en font partie”.

Citoyens (comme on s’interpelle dans le livre 1984) ! Laissez la police de la pensée et les médias parler entre eux. C’est le moment de réclamer l’héritage socialiste pour nous-mêmes !

La tradition philosophique de l’Age de la Raison a fait apparaître la notion d’une société humaine rationnelle. En France, Morelly, Babeuf et Buonarotti prônaient une société égalitaire fondée sur la possession en commun des moyens de subsistance, et le mouvement collectiviste des années 90 du XIXème siècle a repris la même idée - et rappelez-vous qu’il n’y a pas si longtemps qu’on déclare sur les cartes d’adhésion de la CGT être pour “l’abolition du salariat”. Dès son début le socialisme français critiquait l’appropriation individuelle des richesses au moyen de la propriété privée capitaliste ; un reconnaissance que la société était divisée en classes ; une reconnaissance que l'État n’était pas neutre mais un moyen d’oppression d’une classe par une autre, lui-même le produit d’une société de classe. Ce sont les faits que la police de pensée et les politiciens de carrière veulent nous faire oublier afin de maintenir les privilèges des riches.

Rappelez la forme louable et de bon sens de la démocratie que les citoyens de Paris ont pratiquée pendant la Commune de 1871: lorsque quelqu’un était élu, il était au service des électeurs et sujet à la révocation immédiate s’il ne suivait pas le mandat de ceux qui l’avaient élu. Rappelez également la notion du mutuellisme, d’une société équitable où les producteurs donneraient leurs produits afin de subvenir aux besoins des autres, non pas, comme aujourd’hui dans la société capitaliste, où une poignée de capitalistes égoïstes utilise les lois de la propriété privée pour accumuler le capital en vendant les marchandises produites par la classe salariée majoritaire.

Il existe toujours en France une tradition de longue date d’égalité, de participation, d'entraide et de démocratie directe. Imaginons donc ensemble une société nouvelle. Continuons les expériences méritoires et participatives des premiers socialistes qui prônaient la possession en commun des moyens de vivre par des individus s’associant librement - par tout le monde. Une société qui n’exclut personne où nous nous entraidons sans, comme aujourd’hui, que des capitalistes égoïstes et possessifs accumulent les richesses et dirigent la société au moyen de leurs politiciens et de leurs gouvernements.

La technologie, la science et les bonnes intentions humaines peuvent résoudre les problèmes auxquels l’humanité fait face mais seulement après avoir éliminé les restrictions du système absurde du marché.

La classe capitaliste minoritaire promeut le système de marché parce qu’il maintient la propriété privée, comme moyen pour elle de s'approprier la richesse produite par la classe travailleuse qui, de fait, fait marcher l’industrie et l’administration. Il faut enlever ce monopole de la classe capitaliste. Comment ? Nous suggérons que la majorité socialiste impose à la classe capitaliste minoritaire la volonté démocratiquement exprimée pour la possession commune des moyens de vivre. Donc, la possession commune réalisée, tout l’édifice du marché, de la propriété privée, du travail salarié, de l’argent, de la rente, du capital, de l’intérêt, qui sont tous interdépendants, disparaîtront. Ils seront remplacé par l’accès libre pour tous à la richesse collective de la société ; et le progrès humain commencera.

Le contrôle démocratique conscient et l’application des connaissances partagées disponibles, grâce par exemple aux ordinateurs, permettront la liberté vraie. Il sera évident que tout le monde aurait le même pouvoir et une voix égale dans chaque décision dans cette société future avec l’élimination de la faim, instrument de contrôle dans le capitalisme. Au sein de cette société d’individus librement associés, chaque femme, chaque homme, chaque enfant pourra prendre les biens dont il a besoin dans des magasins communaux. C’est ce libre accès, cette liberté qui maintiendra la démocratie réelle ; il sera praticable parce que l’argent disparaîtra en n’étant plus nécessaire. Notre bon sens nous dira de ne pas gaspiller ce qui pourra être utilisé par d’autres, comme les premiers socialistes l’attendaient.

En tant que socialistes nous voulons participer à l’avancement de la communauté humaine globale afin de faire libérer la créativité latente de l’humanité. “Donnez-nous notre monde”, demande-t-on. Mais il ne vous sera pas donné. Vous devez le prendre. Nous, socialistes, nous n’acceptons pas de dirigeants ni de police de la pensée, ni des politiciens de carrière. Nous sommes chacun différents mais égaux. C’est pourquoi nous vous invitons, vous aussi, à rejeter les dirigeants et la police de la pensée. Commencez à vous libérer, soyez confiants, n’obéissez pas, pensez par vous-mêmes, posez des questions en examinant ce que nous suggérons.

Nous n’avons rien d'autre à perdre que nos chaînes. Nous avons un monde à gagner.

dimanche 16 novembre 2008

Le PS en désarroi

Au Congrès de Reims ce week-end les dirigeants du Parti dit socialiste n'ont pu se mettre d’accord sur qui d’entre eux devrait être le chef du parti. Mais cela, c’est leur problème car les travailleurs n’ont pas besoin de chefs. Ce dont ils ont besoin, c’est de leur auto-organisation démocratique, dans un parti politique ayant le socialisme comme objectif mais un parti démocratique sans chefs. L’idée même qu’un tel parti pourrait être divisé en meneurs et menés est absurde.

Mais le PS, d’après sa politique et son histoire, n’est pas, et n’a jamais été, un vrai parti socialiste. Il a toujours été un parti de réforme du capitalisme qui espérait - vainement et contre toute évidence - améliorer la situation de la classe travailleuse dans un cadre national et en maintenant la production pour le marché, le salariat, les banques, etc.

Lors de sa rénovation en 1971 à son congrès d’Epinay le PS adoptait une déclaration de principes dans laquelle il proclamait:

Le socialisme se fixe pour objectif le bien commun et non le profit privé. La socialisation progressive des moyens d’investissement, de production et d’échange en constitue la base indispensable.
Plus tard dans cette déclaration, le PS invitait les travailleurs

à prendre conscience de ce qu’ils sont la majorité et qu’ils peuvent donc, démocratiquement, supprimer l’exploitation - et par là même les classes - en restituant à la société les moyens de production et d’échange dont la détention reste, en dernière analyse, le fondement essentiel du pouvoir.
En d’autres termes, le PS déclarait avoir comme but de voir s’établir une société où les moyens de production (usines, etc.) et d’échange (banques et autres institutions financières) seraient tous nationalisés. Il nomme cette société “socialiste” mais en réalité il s’agissait toujours d’une forme du capitalisme, une espèce de capitalisme d’Etat, puisque le vrai socialisme étant une société sans argent, implique, non pas la “socialisation”, mais l’abolition des moyens d’échange.

Dans sa déclaration le PS se disait “un Parti révolutionnaire” et affirmait que:

La transformation socialiste ne peut être le produit naturel et la somme de réformes corrigeant les effets du capitalisme. Il ne s’agit pas d’aménager un système, mais de lui en substituer un autre.
On peut douter que François Mitterrand, qui devenait le premier secrétaire du parti rénové, crût un mot de tout ceci. En tout cas, au pouvoir, sous le règne du Président Mitterrand, le PS n’a fait autre chose que d’essayer d’aménager le système capitaliste, sans beaucoup de succès.

La différence fondamentale entre les réformistes du PS et les socialistes véritables est que nous socialistes voyons le capitalisme comme, précisément, un système, sujet à des lois économiques définies, lois qui exigent que la poursuite des profits passe avant tout. L’expérience du PS au pouvoir confirme que le capitalisme ne peut être aménagé de manière à fonctionner dans l’intérêt de la classe majoritaire des salariés.

Par conséquent, baser une stratégie pour l’instauration du socialisme sur une transformation graduelle du capitalisme, comme le PS l‘envisageait au début, est futile. Non seulement une telle stratégie ne conduit pas vers le socialisme et n’améliore pas le sort de la classe salariée, mais il conduit le parti qui la poursuit à composer avec le capitalisme, comme c’est arrivé au PS. C'est pourquoi, depuis longtemps, il n’a d’autre ambition que de gérer le capitalisme. Il ne cherche que d’être le gouvernement alternatif du capitalisme français. Il n’est pas socialiste et ses luttes internes n’ont aucun intérêt pour la classe travailleuse.

vendredi 7 novembre 2008

Le mythe de la Revolution Russe « socialiste »

Aujourd'hui c'est l'anniversaire du coup d'État bolchevique, bonne occasion de rappeler que ce n'était pas une révolution socialiste et qu'il n'a pas mené, et ne pouvait mener, au socialisme, mais seulement à un capitalisme d'État et à une confusion néfaste concernant la signification du terme « socialisme ».

Si l’arrivée au pouvoir, en novembre 1917, d’un gouvernement despotique en Russie, s’attira, dès le départ, l’opposition des socialistes, il est un fait indéniable que la Russie a été, depuis lors, identifiée avec le socialisme, contribuant grandement au rejet de celui-ci de la part de la majorité des travailleurs de la planète… Pour le plus grand plaisir – et le plus grand soulagement – des capitalistes, trop heureux d’aider les « communistes » à perpétuer cette confusion. L’hostilité des salariés au socialisme, bienvenue des capitalistes, a eu pour effet de prolonger l’existence du capitalisme, un système qui, pourtant, leur mène la vie dure et condamne des millions d’entre eux au chômage et à la pauvreté.

En fait, ce que nous appelons socialisme n’a rien à voir avec l’acceptation générale du terme. Pour nous, le socialisme est un système dans lequel les moyens de production de la planète sont la propriété commune de tous les membres de la société qui peuvent ainsi les administrer démocratiquement. La population étant propriétaire des moyens d’existence et des richesses produites, elle n’a pas à acheter ce qui lui appartient déjà et se sert librement en fonction de ses besoins. En bref, il s’agit d’une organisation de la société basée sur le principe : de chacun selon ses capacités à chacun selon ses besoins. Il s’agit donc d’un monde sans argent ni salaires, sans États ni frontières, sans classes sociales ni guerres.

On le voit, un tel système n’a jamais existé, les pays considérés comme « socialistes » n’ayant jamais été des sociétés sans argent, sans classes sociales ni État. Mais parce que, en grande partie à cause de la Russie, le socialisme est, pour beaucoup, associé à un régime dictatorial pratiquant la violence et la terreur à grande échelle, nous allons examiner de plus près l’une des plus grandes mystifications et l’un des mensonges les plus grossiers de l’Histoire récente. La tâche des socialistes étant, entre autres, de faire naître en chacun le désir de vivre dans ce monde « meilleur » que sera le socialisme, il est clair que pour mener à bien cette œuvre, on se doit, tout d’abord, d’écarter certains obstacles, dont le mythe de la Russie « socialiste » n’est pas l’un des moindres.

Propriété d’État = propriété socialiste ?

Mais alors, si la Russie n’a jamais été socialiste, quel type de société s’est développé là-bas ? Parce que, dans ce pays, les moyens de production étaient nationalisés, on essaya (et on essaie encore !) de nous faire croire qu’ils étaient entre les mains de la population. C’est exactement comme si on nous disait que les entreprises d’État qui existent ou existaient dans nos pays occidentaux « nous » appartenaient. Une affirmation rapidement démentie par l’observation la plus superficielle. Avons-nous jamais eu notre mot à dire sur la manière de gérer les entreprises « publiques » ? Avons-nous jamais eu libre accès à l’électricité, à l’eau ou aux automobiles produites par les entreprises d’État ? Avons-nous jamais pu voyager librement sur les réseaux publics de transports de voyageurs ? Les salariés du public n’ont-ils pas toujours dû défendre leurs intérêts tout comme ceux du secteur privé ?

En fait, la propriété étatique (ou « publique ») est simplement une forme différente de gestion de l’économie capitaliste. Tout comme les sociétés privées, les entreprises étatiques fabriquent des marchandises ou fournissent des services en vue de réaliser un profit.

D’ailleurs, si l’on compare le modèle économique russe à celui des pays occidentaux, on peut observer quatre traits caractéristiques similaires :

1° le contrôle, par une minorité dirigeante, des moyens de production et, par conséquent, la division de la société en deux classes aux intérêts antagoniques ;

2° le système du salariat – caractéristique originale du capitalisme –, c’est-à-dire l’obligation, pour les travailleurs, de vendre leur force de travail à un employeur (l’État-patron, dans le cas de la Russie) en échange d’un salaire ;

3° un État, instrument de défense des intérêts de la classe dominante et d’asservissement des salariés ;

4° la production de marchandises, c’est-à-dire de biens et de services produits pour la vente en vue d’en tirer un profit.

Si, d’un autre côté, on se rappelle que le socialisme est basé sur :

1° le contrôle, par la société toute entière, des moyens d’existence et, donc, l’absence d’une classe possédante et d’une classe exploitée ;

2° l’égalité sociale, c’est-à-dire l’inexistence de la relation capitaliste employeur-employé ;

3° l’administration démocratique des moyens de production des richesses ;

4° la production des biens et des services en fonction des besoins exprimés par la population ;

on se rend compte que le système qui prévalut en Russie – et se perpétue en Chine – n’était ni le socialisme, ni le capitalisme privé, mais une forme particulière de capitalisme que nous qualifions de capitalisme d’État.

Russie « communiste » : une société divisée en classes

Nous l’avons vu, dans nos pays, l’appropriation des moyens d’existence de la société par la minorité capitaliste a comme conséquence, sur le plan social, de diviser la société en deux classes sociales principales aux intérêts opposés, d’un côté, la classe capitaliste, qui possède et/ou contrôle les moyens de production et, de l’autre, la classe salariée, obligée de travailler pour la première en échange d’un salaire.

Ce schéma se reproduit-il dans la Russie « communiste » ? Évidemment, oui ! Tout comme dans les pays occidentaux, il existait, en Russie « communiste » (tout comme il existe en Russie franchement capitaliste d‘aujourd‘hui), des salariés obligés de travailler pour un employeur afin de vivre. Et, tout comme dans nos pays, il existait en Russie une classe dirigeante qui avait le monopole des moyens de production, en tout cas ceux qui étaient les plus importants d’un point de vue économique et stratégique… à la différence que ce monopole ne revêtait pas les mêmes formes que dans les pays capitalistes occidentaux.

En effet, dans la Russie « socialiste », l’économie était presque complètement étatisée. Ainsi, ceux qui contrôlaient l’État étaient en mesure de s’approprier les richesses produites par les entreprises nationales. Dans le cas particulier de la Russie, cette classe dirigeante était formée de ceux qui occupaient les échelons supérieurs du Parti communiste – le Polit Buro, le Secrétariat, le Comité central –, et les postes clé de l’État et de l’économie – ministres, ambassadeurs, militaires de haut rang, directeurs d’entreprises, d’usines et de fermes collectives –, en un mot, la fameuse Nomenklatura. Bien sûr, ils ne possédaient pas (à l’instar des capitalistes privés occidentaux) de titres de propriété individuels sur les moyens de production (ils n’en n’avaient d’ailleurs que faire), mais ils contrôlaient ces derniers collectivement.

Cette forme d’appropriation collective de classe des moyens de production, certes différente de la propriété privée et individuelle qui s’est développée dans les pays occidentaux, n’a en fait rien de nouveau ni d’original dans l’Histoire. En effet, les rois de Babylone, les empereurs de Chine et les pharaons d’Égypte n’avaient nul besoin de titres de propriété pour mener leur existence fastueuse et parasitaire. Plus près de nous, au Moyen Age, le haut clergé n’était pas non plus individuellement propriétaire des domaines de l’Église catholique pour exploiter les serfs qui y travaillaient.

Russie d’hier et d’aujourd’hui : du capitalisme… au capitalisme

A la disparition de la Russie « socialiste », une partie de la Nomenklatura, l’ancienne classe capitaliste d’État, profita de sa position privilégiée pour se reconvertir en une classe capitaliste classique. Bien sûr, parmi les membres de l’ancienne classe dirigeante, nombreux sont ceux qui y laissèrent des plumes. Certains tentèrent bien dans les premières semaines, au milieu de la confusion, de reprendre le contrôle des événements pour revenir à l’ancien système nomenclaturiste, mais en vain.

Si l’on peut se réjouir de l’échec du capitalisme d’État en Russie, plusieurs décennies de propagande, animées aussi bien par les partisans de ce « socialisme » (prisonniers d’un discours conçu à une époque où ce terme jouissait d’un grand pouvoir d’attraction) que par ses adversaires (trop heureux de démontrer l’indéniable supériorité du capitalisme), ont amené une immense majorité de travailleurs à identifier le socialisme avec le capitalisme d’État, créant ainsi une des plus grandes confusions – et l’une des plus néfastes pour la classe salariée – du 20ème siècle.

Pour nous, socialistes, la disparition du capitalisme d’État, même affublé d’un masque « socialiste », n’affecte pas la cause socialiste. Parce que le socialisme n’a jamais encore été établi, il est toujours à l’ordre du jour. Après tout, comment la société actuelle, dans laquelle règne la loi du plus fort, où une minorité mène une existence privilégiée et insouciante pendant que la majorité est confrontée au (ou sous la menace du) chômage, à la pauvreté, au stress, à la précarité ici, à la faim et à la guerre ailleurs, comment cette société peut-elle être considérée comme « le meilleur des mondes possibles » ?

mardi 4 novembre 2008

Il y a 25 ans (4) : Le PSU au gouvernement

Huguette Bouchardeau, Secrétaire Nationale du PSU, entre donc au gouvernement avec le strapontin d'un secrétariat d'État (à l'environnement). Là elle retrouvera ses anciens camarades du PSU, non seulement Michel Rocard, secrétaire national de 1967 a 1974 (avant de passer au PS) mais aussi Pierre Bérégovoy, Charles Hernu et Alain Savary, également des ex-PSU. Désormais il faudra parler du gouvernement PS/PC/PSU de gestion du capitalisme français.
A première vue, entrer dans un gouvernement dominé par le PS, c'est peut-être incohérent de la part de quelqu'un qui a déclaré dans un tract diffusé pour appuyer sa candidature au premier tour des élections présidentielles de 1981:

« Le socialisme pour nous, doit correspondre à des transformations sociales réelles et non se réduire à une gestion « plus démocratique » de la crise: type de croissance, énergie, politique extérieure, défense, institutions, le PS ne propose que des ajustements ou des maigres changements é la politique giscardienne. »

Mais quand on connaît la nature et l’histoire du PSU on comprend mieux pourquoi il a finalement accepté de participer avec le PS à « une gestion « plus démocratique » (?) de la crise ».

Le PSU a été forme en 1960 par des dissidents de l'ancienne SFIO, du PCF, du radicalisme et du trotskysme, et des chrétiens de gauche. Il se voulait « une force socialiste neuve, différente du communisme et de la sociale-démocratie » et se décrivait comme « un parti révolutionnaire » ayant comme but « de libérer les travailleurs de l’exploitation capitaliste ». Il se situait, surtout après mai 1968, à gauche du PCF.

En réalité cependant il n'a jamais été plus qu'un petit parti réformiste. Sa confusion sur la nature du socialisme a toujours été totale, comme en témoigne l'attaque lancée contre l'idée d'une société sans argent (c'est-à-dire, contre une caractéristique essentielle de la société socialiste) par Michel Rocard, alors toujours Secrétaire National du PSU, en 1972 dans son livre Questions à l'État socialiste (en passant, un « État socialiste », c'est aussi une contradiction dans les termes). Après avoir écrit que « deux mythes tenaces » circulaient à propos de la monnaie, Rocard a poursuivi:

« L'un est celui de la disparition de toute monnaie. Elle serait remplacée par des « bons de travail », bons représentatifs du travail accompli et qui permettraient à leurs titulaires d'aller s'approvisionner dans les magasins collectifs (...). L'autre mythe tenace en ce qui concerne la monnaie vise sa disparition totale dans le cadre d'une économie intégralement distributive. »

Nous ne défendons pas l'idée de remplacer la monnaie par des « bons de travail », mais nous devons insister sur la nature « intégralement distributive » de la société socialiste. En fait celui qui la nie n'a pas le droit de se réclamer du socialisme. Le socialisme, par sa nature même de société sans propriété, verra la disparition de l'argent, de l'achat et la vente, du salariat et de toute autre catégorie monétaire ou marchande. Ceci, le PSU ne l'a jamais compris.

Son dada a toujours été l’autogestion mais puisque le PSU rejette la suppression de l'économie marchande, il ne peut que s'agir d'une réforme de la superstructure administrative du capitalisme, d'une nouvelle façon, moins autoritaire, de gérer l’exploitation de la classe salariée, même d'associer plus étroitement cette classe à sa propre exploitation. C'est là le point de rapprochement entre le PSU et les autres partis du gouvernement de gauche puisqu'ils veulent, eux aussi, « humaniser » le capitalisme, tâche impossible, soit dit en passant, mais ce n'est pas cela qui empêche la tentative.

En entrant au gouvernement le PSU a été quand même plus cohérent que certains autres groupes qui ont aussi appelé à voter pour Mitterrand et le PS et le PC au deuxième tour. Nous pensons, par exemple, à la LCR d'Alain Krivine, qui a déclaré dans un tract en mai 1981 « pas une voix ne doit manquer à Mitterrand », ainsi qu'aux autres trotskystes et maoïstes qui aujourd'hui veulent refuser toute responsabilité pour les actions d'un gouvernement qu'ils avaient aidé à accéder au pouvoir.

Quant à nous, nous avons, nous aussi, adopte une position cohérente mais dans le sens inverse du PSU. N'ayant pas appelé à voter pour Mitterrand ni au premier ni au deuxième tour, nous sommes libres de le critiquer sans avoir à faire face aux reproches que, paraît-il, certains travailleurs font, à juste titre, à ces soi-disant « révolutionnaires »:

« Bien des militants révolutionnaires d'entreprise, qui critiquent le gouvernement avec leurs camarades de travail, entendent déjà la réflexion qui est, un peu, un reproche: « Oui, mais vous aussi, vous avez fait voter pour Mitterrand » (Arlette Laguiller, Lutte Ouvrière, 19 mars 1983).

samedi 1 novembre 2008

Archives de Socialisme mondial (1983)

Nous avons numérisé les N° 22 à 24 de Socialisme mondial, bulletin francophone du Mouvement socialiste mondial, datés de 1983:

N°22 :

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Articles du N°22 déjà publiés:

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N°23:

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Article du N° 23 déjà publié:

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N° 24 (novembre 1983):

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Articles du N°24 déjà publiés: