lundi 28 septembre 2009

Crise du lait : produit du capitalisme


En Europe les producteurs déversent du lait dans la rue ou sur les champs pour protester contre la chute du prix. Mais pourquoi le prix a-t-il chuté ? Le Times de Londres (24 septembre) explique :

« L’effondrement de prix récent suit une forte hausse en 2007 des prix globaux de poudre de lait et du beurre. Ceci a entraîné une production augmentée qui est venue au marché au moment que la récession a frappé la demande »
Autrement dit, il s’agit d’une crise de surproduction - par rapport au marché, à la demande solvable, bien entendu, et non pas par rapport aux besoins réels. Ce n’est pas comme s’il n’y a pas de millions des enfants dans le monde qui ont besoin de la poudre du lait - dans les mêmes numéros des journaux on parle d’une famine en Éthiopie.

C’est le résultat inévitable du système de production pour le marché. Une hausse de prix dans n’importe quel domaine encourage les producteurs à augmenter la production dans l’espoir de récolter plus de bénéfices. Ils pensent tous que ce sera eux qui vont en profiter mais, à la fin, on trouve que la production totale a trop augmenté et les prix tombent. Et les producteurs protestent en demandant des mesures visant à réduire la production. Entre-temps des enfants continuent de mourir faute de poudre de lait. C’est vrai que les petits producteurs du lait sont, eux aussi, victimes des vicissitudes du marché mondial, marché que personne ne peut contrôler et auquel nous tous devons nous soumettre.

Quel système fou, qu'il faut remplacer par un nouveau système mondial dans lequel on produit pour satisfaire les besoins des gens et non pas pour faire un profit.

dimanche 20 septembre 2009

La famine se déchaîne encore

Encore une fois, et encore en l’Afrique de l’Est, les enfants qui meurent de faim font la une de l'actualité. Encore une fois nous voyons sur nos écrans de télévision quantité d'images de petits corps squelettiques et difformes, mais il ne faudrait pas penser pour autant que ce qui se passe en Éthiopie, au Kenya, en Somalie et au Djibouti est un phénomène exceptionnel.

Non. Des enfants qui meurent de faim dans un pays du Tiers monde il y en a beaucoup et il y en a tout le temps. Et l’important n'est pas de s'apitoyer sur leur sort, ni d'envoyer un chèque à une quelconque organisation charitable, ni de prier Dieu que les secours arrivent à temps car il ne s'agit là que d'un soulagement partiel et momentané alors qu'il faudrait guérir une fois pour toutes. Impossible, direz-vous. Mais pourquoi donc ? Mourir de faim au XXIe siècle, l'ère de la technologie, de la production illimitée, ça ne devrait pas exister.

Pourquoi cela arrive-t-il ? Pourquoi les habitants d'Afrique, continent fertile et particulièrement propice à l'agriculture, ne réussissent-ils pas à produire de quoi se nourrir ? Est-ce justement parce que, comme le suggèrent certains journalistes, l'introduction de cette technologie moderne dans des pays qui n'y sont pas habitués a un effet plus négatif que positif ?

Lorsque notre civilisation va pénétrer dans les pays du Tiers monde, est-ce parce que les moyens techniques apportés sont trop avancés, trop efficaces en somme, que les gens meurent ? Et comment cela se peut-il ? Comment se fait-il qu'une technique qui permet de produire plus et mieux ait pour effet de provoquer la famine et le manque ?

Il faut remarquer d'ailleurs que ces techniques dont on nous dit qu'elles sont la cause des difficultés de certaines populations, semblent pourtant avoir été parfaitement assimilées dans d'autres cas : ainsi les cultures sucrières intensives se font très bien en Afrique, ainsi par exemple que les cultures de bananes.

La vérité c'est que le problème de la faim dans les pays en voie de développement n'a rien à voir avec l'introduction de nouvelles techniques, mais résulte de la manière dont ces techniques sont utilisées. Elles sont utilisées pour produire très efficacement des produits comme le sucre et les bananes qui sont exportés, et les gens qui vivent dans la misère et voient leurs enfants mourir de faim n'ont nullement l'occasion de mettre ces nouvelles techniques à l'épreuve pour la bonne raison qu'ils ne possèdent ni champs, ni machines, ni rien qui leur permette de cultiver la terre du pays qu'ils appellent pourtant le leur. Ce pays n'est pas à eux, et c'est pourquoi ils y meurent de faim. La terre de ce pays appartient à quelques riches individus qui trouvent profitable de vendre des bananes, du sucre ou autre chose à l'étranger. Produire pour les populations locales ne présenterait aucun intérêt puisque celles-ci n'auraient pas d'argent pour acheter la nourriture ainsi produite et il n'y aurait donc aucune possibilité de profit.

Ce qui cause la faim et la misère dans les pays du Tiers Monde ce n'est donc pas l'introduction de nouvelles techniques, comme on voudrait parfois le faire croire, mais l'introduction de la loi du profit. Le profit motive tout et passe avant tout. La technique en soi devrait être une bonne chose puisqu'elle permet d'améliorer la production et de rendre le travail plus facile, mais tant qu'elle restera au service du profit, elle ne servira jamais l' humanité.

Ce qu'il nous reste à faire est donc de libérer ces techniques si pleines de possibilités, du joug qui les empêche de fonctionner au bénéfice de tous. Ce joug, c'est la loi du profit et de l'accumulation du capital. Le jour où nous déciderons de nous défaire de cette loi, la technique, ainsi libérée, deviendra à son tour libératrice et permettra de résoudre nombre de problèmes qui rendent la vie difficile aujourd'hui, et entre autres, celui de la faim dans le monde.

lundi 14 septembre 2009

Ce que nous voulons

Pour vous, le socialisme, qu'est-ce que ça veut dire? Est-ce que ça veut dire le PS ou le PC ou plutôt un des petits groupes de l'extrême-gauche ? Est-ce que vous donnez ce nom aux styles de régimes qui existaient en Russie et dans d'autres pays du même genre, et qui existent toujours en Chine, et à Cuba ? Ou peut-être pensez-vous tout simplement aux nationalisations, à l'activisme syndical ou aux mesures qui semblent améliorer le sort des plus défavorisés.

Pour nous, du Mouvement pour le socialisme mondial, le socialisme n'est rien de tout cela. C'est une société mondiale, démocratique dans laquelle toutes les ressources produites seront possession commune et dans laquelle chacun pourra se servir selon ses besoins. La production des biens se fera non pas pour vendre et faire des bénéfices, mais uniquement pour satisfaire les besoins humains. Le monde a déjà un potentiel technologique qui lui permettrait de produire plus qu'il ne faudrait pour satisfaire les besoins de son entière population, mais cette possibilité ne peut pas être réalisée tant que la production se fait pour la vente et la rentabilité.

Le socialisme mettra fin à toute vente (qui est une forme de rationnement dépassée) ainsi qu'à toutes les autres institutions financières et commerciales telles que l‘argent, les prix, les salaires, les banques et la publicité. Dans le socialisme les gens travailleront ensemble pour produire une suffisance de biens dont ils pourront se servir librement et gratuitement selon leurs besoins. Un monde socialiste ne sera pas divisé en États hostiles qui se font la guerre et ne connaîtra pas les problèmes de la faim, des récessions, du chômage, des grèves, du manque de sécurité ni ceux de la solitude et de l'anxiété si répandues aujourd'hui.

Une utopie impossible ? Ce n'est pas notre avis. Nous pensons que cela pourra se réaliser grâce à une révolution démocratique lorsque vous (les salariés de ce monde) le désirerez. Il ne s'agit pas de barricades ni de bains de sang. Il s'agit simplement que la majorité des gens, ayant compris ce que signifie le socialisme, décident qu'ils veulent l'établir et organisent une action politique pour le réaliser.

Par action politique et démocratique nous voulons dire qu'une majorité socialiste élira ses représentants au parlement, non pas évidemment pour former un "gouvernement socialiste" (ce qui serait une contradiction dans les termes) mais pour abolir le système actuel et établir de nouvelles institutions sociales, absolument démocratiques.

Les utopistes sont en réalité ceux qui dans les autres organisations politiques, à droite comme à gauche, pensent que les problèmes principaux de la vie moderne pourront être résolus, avec ou sans violence, dans le cadre du système actuel. La seule solution à ces problèmes est une communauté fondée sur la possession commune et l'organisation démocratique, et même si ceci peut sembler ne pas être pour demain, c'est en aidant la diffusion des idées socialistes que l'on s'en rapprochera.

vendredi 4 septembre 2009

Le credit-crunch : un an après

Ce mois il y a un an le capitalisme est entré dans une de ses crises économiques périodiques, cette fois plus importante que dans le passé récent. Comme d’habitude, c’est nous qui en sommes les victimes. Cette crise, comme toutes les crises capitalistes, résulte de la poursuite incontrôlable des profits qui est le moteur du système capitaliste.

Tandis que toutes les entreprises capitalistes chassent les profits, il est inévitable qu’un secteur ou un autre de l’économie capitaliste produise plus qu’il ne peut vendre. Cette fois c’était le secteur de la construction de logements aux États-Unis. Sa surexpansion a eu un effet immédiat sur le secteur bancaire qui, dans sa propre chasse aux profits, a eu recours à des pratiques douteuses. Cela a touché d’autres secteurs à tour de rôle et continue encore à se répandre dans l’économie. C’est là où nous en sommes aujourd’hui, avec les entreprises qui ferment et le chômage qui monte à côté des besoins non satisfaits.

Face à ce tsunami économique les gouvernements ont été perdus. Ils ont dépanné les banques mais à part cela tout ce qu’ils ont fait est de faire marcher la blanche à billets. Mais cela ne fera pas faire remonter la production. Cela ne donnera plus tard comme résultat que l’inflation. Encore une démonstration que les gouvernements ne contrôlent pas la façon dont l’économie capitaliste fonctionne.

L’économie capitaliste se redressera tôt ou tard mais d’elle-même, non pas comme résultat d’une action gouvernementale quelconque. Et non sans faire souffrir la classe travailleuse pour bien des mois à venir.

La reprise ne peut se faire sans que le taux de profit ne se redresse. Ce que les employeurs poursuivent activement en imposant des blocages, voire des diminutions, de salaires, des attaques aux régimes de retraite et toutes autres choses auxquelles ils peuvent penser pour réduire les coûts du travail. Certains ont même eu l’effronterie de demander à leurs employés de travailler pour rien. Entretemps les employeurs et les politiciens insistent que la misère doit s’étendre aux fonctionnaires.

Il faut que les travailleurs résistent. Mais la crise a poussé la balance des forces encore plus en faveur des employeurs. Dans les meilleures des circonstances, lorsque la production s’étend et qu’il y a une pénurie de travail, les syndicats luttent durement pour faire monter les salaires un peu plus que les prix. Aujourd’hui, quand la production tombe et le chômage monte, les syndicats ne peuvent faire davantage que retarder le déclin, empêcher que les choses empirent.

Posez-vous donc cette question : pourquoi devons-nous refaire les mêmes luttes continuellement ? Est-ce là le seul avenir ? Oui, aussi longtemps que le système capitaliste avec sa production en vue du profit existera. Heureusement le capitalisme n’est pas la seule façon d’organiser la production et la distribution de ce dont nous avons besoin. Il y a une alternative.

Apprenons la leçon de l’histoire qu’aucun gouvernement ne peut manipuler le capitalisme de façon à assurer de façon permanente le plein emploi et les augmentations salariales régulières. Même si cela était possible, l’exploitation du travail salarié sur laquelle se base le capitalisme existerait toujours.

Nous, travailleurs, nous pouvons — et nous devons — nous organiser pour mettre un fin au système capitaliste qui nous oblige à nous salarier. Nous devons nous organiser pour le remplacer par un système basé sur la production de ce dont nous avons besoin simplement parce que nous en avons besoin et non pas pour faire des profits comme actuellement. La production pour l’usage et non plus la production en vue du profit. Mais nous ne pouvons décider de ce qui sera produit sans posséder et gérer également les moyens de production. Bref, ce qu‘il faut, c’est le socialisme, la possession en commun et la gestion démocratique des moyens de production.

Pour le réaliser, il faut que nous entreprenions une action politique. Il faut que nous nous organisions non seulement en syndicats mais aussi dans un parti politique ayant le socialisme comme seul but et seule politique, un instrument que les travailleurs puissent utiliser afin de gagner le contrôle du pouvoir politique en vue de mettre fin au capitalisme et à son système de salariat et d’introduire à sa place un système basé sur la possession en commun et la gestion démocratique des moyens de production, pour que ceux-ci puissent être utilisés pour satisfaire les besoins de la population, en accord avec le principe « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ».

jeudi 3 septembre 2009

Les racines économiques de la deuxième guerre mondiale

Ce jour, le 3 septembre il y a 70 ans la Guerre mondiale de 1939-45 éclata. On dit souvent qu’il s’agissait d’une guerre entre la Démocratie et le Fascisme, voire entre la Civilisation et la Barbarie. Cependant en réalité il s'agissait d'un conflit d'intérêts matériels, à propos de débouchés, de sources de matières premières et d'itinéraires commerciaux, entre deux blocs rivaux de puissances impérialistes. L'origine économique de la deuxième guerre mondiale a été bien expliqué dans un livre de Henri Claude, De la crise économique à la guerre mondiale, écrit (avant qu'il ne soit passé au PCF) pendant la guerre et publié en 1945, dont nous publions des extraits ci-dessous. Si la structure économique capitaliste du monde était responsable de la guerre, c'est au capitalisme, et non pas à la méchanceté de certains hommes, qu'il faut attribuer tous les crimes, toutes les horreurs, toutes les barbaries que cette guerre a entraînés.

La crise du Profit eut ainsi pour résultat de diviser le monde capitaliste en deux groupes d'États : ceux qui possédaient ou contrôlaient or et matières premières et les autres. The Have et The Have not, comme disaient les Anglais. En 1937, huit nations (États-Unis, Angleterre, France, Pays-Bas, Suisse, Belgique, Argentine, Suède) détenaient 92 % du stock d'or mondial et, parmi elles, les trois premières : France, Angleterre, États-Unis, en possédaient à elles seules 80 %. Ces trois pays avaient, en effet, une encaisse de 16.424.000 kilogrammes d'or fin, alors que les réserves d'or de l'Allemagne, de l'Italie et du Japon n'atteignaient pas 736.000 kilogrammes.

Cette inégalité des conditions matérielles allait avoir des conséquences considérables sur la structure économique et politique des différents groupes d'États. Alors que les pays riches en or conservèrent tant bien que mal leur régime économique et politique, les autres, au contraire, accrurent à un degré inconnu jusqu'alors, les mesures de contrainte économique et politique. Car l'un ne va pas sans l'autre. Pour imposer des mesures de contrainte économique, il faut, évidemment, un pouvoir dictatorial, une soumission complète de la nation à l’Etat qui représente et défend les intérêts supérieurs du capitalisme national et qui prend, en conséquence, toutes les mesures de salut capitaliste pour assurer l'ordre et sauver le Profit. Manquant de matières premières et d'or, les capitalismes les plus pauvres ne pourront se payer le « luxe » d'une démocratie, même de façade. Car ils ne pourront tolérer ni grèves, ni revendications sociales qui risqueraient de faire effondrer l'édifice branlant de leur Économie. Ainsi, la différence des conditions matérielles engendrera-t-elle la différence des régimes économiques et politiques.

Ainsi de nécessité en nécessité, l'État allemand en était arrive à prendre la direction de l'économe tout entière. Pour sauver le Profit, il lui avait fallu se rendre maître des prix intérieurs, maître de la monnaie, maître des échanges avec l'étranger, maître du crédit. Dans les pays les moins riches en débouchés naturels et en matières premières, le capitalisme prit par la force des choses une forme étatique et autoritaire. L'Allemagne, puis l'Italie et le Japon, tendirent ainsi à constituer des cellules économiques isolées monétairement, financièrement, commercialement, du reste du monde, dans lesquelles le cycle des échanges se faisant en circuit fermé, échappait à l'influence du marché mondial. Le capitalisme, dans ces pays, revêtait un caractère « national » parce qu'il s'opposait au capitalisme « international », c'est-à-dire au capitalisme basé sur la liberté du commerce des monnaies et l’or. Poussés à l'autarcie par leurs nécessités propres, l'Allemagne, l'Italie et le Japon, furent amenés à rompre avec les conceptions capitalistes traditionnelles, en substituant le marché fermé au marché ouvert, le commerce bilatéral au commerce multilatéral, les échanges par compensation aux échanges libres, le capitalisme étatique au capitalisme individualiste, les monnaies « artificielles » aux monnaies gagées sur l’or.

L'expansion commerciale germano-nippone et la création de « sphères autarciques » en Europe et en Asie devaient provoquer des réactions inévitables de la part de leurs concurrents.

Nous avons vu en effet qu'à la suite de la crise et du rétrécissement des débouchés extérieurs, un pays capitaliste ne pouvait accroître, sur un marché, le volume de ses exportations qu'en évinçant ses concurrents. L'expansion commerciale du Japon et de l'Allemagne en Asie, en Europe centrale et en Amérique du Sud devait donc nécessairement se faire aux dépens du commerce d'autres puissances.

On constate donc que ce sont les mêmes pays qui faisaient les frais de l'augmentation des exportations germano-nippones. Or, l'Angleterre et les États-Unis pouvaient-ils accepter cette régression de leur commerce en Europe, en Asie et en Amérique ? Une entente était-elle quand même réalisable entre les deux groupes de pays, sur la base des conquêtes commerciales du Japon et de l'Allemagne ? La paix pouvait-elle être maintenue, en dépit de l'expansion économique des pays totalitaires ? Certains l'ont cru qui ont admis la possibilité d'un compromis : L'Allemagne, l'Italie et le Japon se seraient contentes des territoires conquis économiquement et politiquement jusqu'en 1939 et les « démocraties » auraient renoncé à reprendre les positions perdues en Europe et en Chine. Ces pacifistes (Emery et sa suite) voyaient, dans la création des blocs économiques allemands et japonais, à côté des empires anglais et français, et d'un bloc américain sous la tutelle yankee, des gages de paix. Bel exemple des illusions du pacifisme idéaliste ! Pour croire à la viabilité d'un tel compromis, il fallait n'avoir rien compris aux nécessités du régime capitaliste, rien compris aux conditions particulières des échanges après la crise de 1929, rien compris aux conditions fondamentales de la paix. En réalité, toute entente prolongée était rigoureusement impossible entre les États autarciques et les autres grandes puissances. Car les unes ne pouvaient accepter de considérer les conquêtes de l'Allemagne, de l'Italie et du Japon, comme des conquêtes définitives et les autres ne pouvaient pas davantage arrêter leur expansion aux limites de 1939.

L'impossibilité du régime échangiste à fournir normalement et régulièrement les matières premières essentielles à tous les pays, divisa le monde en deux groupes antagonistes : celui des nations dites « insatisfaites » qui réunissait les impérialismes derniers-nés : Allemagne, Italie et Japon, et celui des nations prétendues « satisfaites », Empire britannique, Empire français et États-Unis. Cet antagonisme ne pouvait pas plus que l'antagonisme commercial, recevoir de solution pacifique.

Le premier groupe cherchera à s'emparer, par tous les moyens, des richesses naturelles qu'il ne peut se procurer autrement, et le second résistera, égalaient avec violence, à une dépossession qui l'aurait ruiné. La puissance mondiale de la City de Londres dépendait en effet, du contrôle des matières premières et financières. Y renoncer, c'eût été abdiquer.

Les impérialismes les plus riches étaient donc dans l'incapacité de faire la moindre concession aux impérialismes les moins riches. Le capitalisme ne peut pas davantage résoudre pacifiquement les inégalités entre nations que les inégalités entre les classes sociales. En régime échangiste, tout s'échange, rien ne se donne. Le riche n'est pas libre d'être généreux et l'aumône, quand elle est régulière, s'inscrit dans les prix de revient. Ainsi la guerre était-elle inévitable. Elle l'était d'autant plus que les États autarciques, non seulement ne pouvaient plus reculer, mais étaient obligés d'aller encore plus loin dans la voie des conquêtes.