lundi 23 avril 2012

Retour à 1981 ?

Soyez rassurés. Nous nous préparons, le cas éheant, à rééditer cette brochure !

mardi 3 avril 2012

Ils ont raison (10)

LE PLUS GROS CANULAR DU SIECLE

La plus grosse mystification du siècle, c'est de prétendre faire du socialisme en conservant le salariat. Le problème est qu'il n'y a pas de capital sans salariat et inversement. Inciter donc à de telles croyances est du même acabit que de parler de la « suppression du féodalisme par la nationalisation des propriétés des grands féodaux »... sans abolir le servage. Le plus ou moins d'autogestion ou de participation accordé aux serfs récalcitrants pour les motiver aux corvées ne change rien à la servitude. Même chose pour le salariat. Imaginez une usine autogérée fabriquant dés matraques de C.R.S. ou des gadgets qui s'usent très vite dès qu'on s'en sert, avec à la tète un patron autogestionnaire et toujours des salaires. Donc une fois pour toutes, nous sommes dans une société salariale et non pas — seulement — de « profit », « industrielle » ou « capitaliste ». De la même façon que la société féodale ne fut pas seulement de privilège, agraire ou artisanale, mais de servage.

C'est important d'annoncer le comment de la mise en servitude. Pour en finir avec lui. Pour démystifier le creux des mots qui nous abusent. Tenez, on nous parle souvent de « transition vers le socialisme » : pas possible ! Entre l'esclave et le non-esclave, entre les salariés solitaires et soumis et les producteurs librement associés et fédérés, it n'y a pas de transition possible. Parler de transition, c'est mettre de côté l'abolition du salariat, changer la façade du capital, supprimer son caractère privé, l'étatiser. Si le salariat devenait salariat d'Etat, ça ne changerait rien au mode de servitude et d'atomisation de l'existence. A l'ennui au travail, aux travaux socialement inutiles, à l'aliénation par le salaire, à la soumission aux autorités et autres « impératifs économiques et étatiques ». Ça renouvellerait un peu les hiérarchies : les bureaucrates au lieu des actionnaires. Les cadres, ça reste, ça suit les uns ou les autres. Et puis tout n'a qu'un temps. L'ordre revient vite, il faut savoir attendre. Fiat est à Moscou, Nivéa et Shell à Budapest. Et Pékin ? Ça vient, merci.

(Claude Berger, Pour l’abolition du salariat, 1976)