vendredi 17 décembre 2010

Pas de leadership

Lettre publiée dans le Weekly Worker (journal du Parti communiste de Grande-Bretagne) N°845 du 9 décembre 2010 (pp. 2-3).

Vos correspondants, Phil Kent et Tony Clark, manquent leur but en décrivant le Parti Socialiste de Grande-Bretagne comme anarchiste ou pratiquant un “abstentionnisme démocratique abstrait”, quoi que ça veuille signifier (Lettres, 2 décembre). L'extrême gauche ne parvient généralement pas à comprendre notre position, parce qu'elle s'est trouvée, depuis la Révolution russe, intoxiquée par le léninisme.

Si vous voulez qualifier notre position, n'est-elle pas marxiste ? Ou engelsiste ? Vers la fin de leurs vies, tant Marx qu'Engels ont pensé que “… Le temps des coups de main, des révolutions exécutées par de petites minorités conscientes à la tête des masses inconscientes, est passé. Là où il s'agit d'une transformation complète de l'organisation de la société, il faut que les masses elles-mêmes y coopèrent, qu'elles aient déjà compris elles-mêmes de quoi il s'agit, pour quoi elles interviennent.” [*]

C'est pourquoi nous nous opposons au leadership politique. Certaines personnes auront une meilleure compréhension de la théorie que d'autres, certains seront dans une meilleure position que d'autres pour faire le travail pratique, etc. C'est évidemment vrai. Mais c'est très différent de dire que ces gens devraient prendre le pouvoir au nom du reste d'entre nous. Quand il s'agit de la transformation complète de l'organisation sociale, la classe  dans son ensemble doit savoir ce qu'elle veut et où elle va et s'organiser démocratiquement pour l'accomplir. Le reste n'est au mieux qu'illusion. Au pire c'est la voie vers une autre dictature exécrable qui discréditerait le nom du socialisme pour encore quelques générations.

Stuart Watkins
SPGB

lundi 13 décembre 2010

Pourquoi ?

Travailleurs du Monde, pourquoi suer sang et eau pour produire des profits pour nos maîtres ? Pourquoi bâtir des palais pour nos supérieurs quand nous nous contentons de demeures misérables, de taudis auprès des châteaux de nos employeurs ? Pourquoi servir des festins sur des écuelles d'or à nos gouvernants quand nos salaires ne suffisent pas pour nous acheter de la nourriture de qualité supérieure et en abondance, et quand un tiers de la population humaine est sous-alimentée ? Pourquoi permettre qu'une minorité oisive reçoive les meilleurs soins médicaux que la science moderne puisse fournir, quand nous, classe productive, devons faire la queue dans les hôpitaux pour découvrir que notre plus grande maladie est la pauvreté ? Pourquoi massacrer nos confrères de la classe travailleuse internationale dans des guerres pour les marchés de nos patrons ? Nous, nous ne possédons qu'une seule marchandise -- la force de travail dont le marché représente la lutte des classes ; une lutte parce que c'est l'intérêt du capital de serrer les salaires et l'intérêt du travailleur de vendre son énergie pour le prix le plus haut que le marché puisse subir.

Dans le capitalisme, alors, pour quoi protéger les profits de nos maîtres, quand les fruits de notre travail nous ont été volés (légalement), et sont employés à réinvestir pour enrichir de plus en plus cette classe de parasites ? Pourquoi subir les pressions et les peines de la course aux rats de la société moderne capitaliste, dans laquelle nous devons mettre nos miettes en réserve pour le cas où nous nous trouverions sans travail, ou pour des vacances bien méritées, pendant que nous entretenons nos maîtres dans le luxe, et les envoyons en croisière tandis que nous, nous devons nous contenter des plages publiques serrées ? Pourquoi permettre que les matières premières de notre bonne terre soient gaspillées à construire les armes nucléaires pour nous tuer, que des millions de tonnes de nourriture soient détruits quand des millions de gens sont affamés, tout cela au nom du profit, et dans l'intérêt de la classe des patrons ?

lundi 6 décembre 2010

Demain la Révolution ?

Eric Cantona estime que « la révolution, aujourd'hui, se fait dans les banques : tu vas dans la banque de ton village et tu retires ton argent. Et s'il y avait 20 millions qui retirent leur argent, le système s'écroule » (Libération, le 1er décembre). D'autres (www.bankrun2010.com) ont repris cette idée et c'est demain, mardi le 7 décembre, qu'ils proposent que cette « révolution » commence.

Supposons – éventualité peu réaliste – que 20 millions entendent cet appel et retirent leur argent et que le système bancaire s'écroule, alors que faire ? Qu'est ce que l'on va mettre à sa place ?

Cantona n'en dit rien, mais les autres exigent « la création d'une banque citoyenne [. . .] qui mettrait notre argent à l'abri des fièvres spéculatives » ?

On ferait une révolution pour cela ? Simplement pour réformer le système bancaire en laissant le reste du système capitaliste comme il est ?

Une révolution véritable mettrait fin au système capitaliste tout entier et les banques avec. En effet, pour résoudre les problèmes auxquels les gens font face aujourd'hui, il faut que les ressources productives deviennent l'héritage commun de tous afin qu'ils puissent être utilisés pour subvenir directement aux besoins selon le principe « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ». Après cette révolution plus besoin d'argent et encore moins des banques.

Cela n'est pas l'avis des trotskistes tel que « Lutte Ouvrière ». Selon eux, « le problème c'est que les banques, on en a besoin, elles sont utiles » (Libération. le 3 décembre). Au sein du capitalisme, oui, on ne peut se passer des banques puisqu’on ne peut se passer d'argent. Elles y sont utiles, même indispensables. Par contre, dans une société socialiste elles ne sont d'aucune utilité. Elles y disparaissent tout simplement.

Le fait que LO veut garder un système bancaire montre que les trotskistes veulent garder le système capitaliste même si sous la forme d'un capitalisme d'État avec une seule banque d'État.

Si jamais le résultat de son initiative devait être cela, Cantona aurait marqué un but contre son camp.