Les paysans français ne sont pas contents. La commission européenne vient d’insister pour qu’ils remboursent des subventions reçues de l’État entre 1992 et 2002. Selon Jacques Rouchaussé, secrétaire général des Producteurs de légumes de France, association spécialisée de la FNSEA, premier syndicat agricole, ces subventions
« visaient à réguler le marché lorsqu'il était engorgé. On autorise le retrait, c’est-à-dire la destruction d’une partie de la marchandise et, pour compenser sa perte, le producteur percevait une aide. » (Libération, 3 août).
Cette année aussi, les conditions climatiques favorables ont entraîné des récoltes massives qui n’ont pas toutes trouvé acheteur. Déjà on a commencé à détruire cette soi-disant « surproduction » (voir
ici).
La destruction des « excédents » des denrées alimentaires est scandaleuse. Car il ne s'agit pas d'une véritable surproduction par rapport aux besoins réels mais seulement par rapport aux marchés solvables. A part les millions d'hommes, de femmes et d'enfants dans le monde qui meurt chaque année de faim et les millions d'autres qui sont sous-alimentées, il y en a beaucoup en France qui n’ont pas assez à manger. Pourtant on détruit de la nourriture !
Comment expliquer ce cruel paradoxe de la misère dans l'abondance ? Est-ce qu'il n'y a pas une solution ? Bien sûr qu’il y en a une, mais il faut penser gros. Il faudra en finir complément avec le système de prix-salaires-profits où les biens sont produits non pas pour satisfaire les besoins humains mais pour être vendus en vue du profit.
Pour permettre une telle réorientation rationnelle de la production, il faudra que toutes les ressources du globe deviennent le patrimoine commun de toute l’humanité. Seulement alors des récoltes massives cesseront-t-elles d'être le fléau qu'elles sont dans le monde actuel pour devenir le bonheur qu'elles devraient être.
Certains songent à mettre ces denrées gratuitement à la disposition, par exemple, des établissements hospitaliers de toutes sortes. Sans doute que oui, mais ce n'est pas praticable dans le cadre du système actuel puisque ce serait faire rétrécir encore plus le marché solvable et donc ruiner davantage des producteurs.
Si, par contre, on remplaçait la production pour la vente par la production pour la seule satisfaction des besoins humains, l’abondance serait telle que l'on pourrait penser à distribuer gratuitement à tout le monde non simplement des denrées alimentaires, mais d'autres produits également.
Pourquoi pas ? Ce serait plus logique que ce qui se passe actuellement.
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