jeudi 2 octobre 2008

En attendant le vote

Certains prétendent que la crise actuelle montre « la faillite du système marchand que manifeste la crise liée à la saturation des marchés solvables et à l'impossibilité de créer de nouveaux marchés (ou de solvabiliser ceux existants)».

Le problème n'est pas (et n'a jamais été) celui des marchés. Globalement la production elle-même génère toujours un pouvoir d'achat (« un marché ») suffisant pour absorber ce qui est produit. Le problème du capitalisme, c'est la motivation pour produire, c'est-à-dire le taux de profit. Ce sont les variations, en hausse et en baisse, de ce taux qui règlent le cycle de la production dans le capitalisme. Lorsque les perspectives de profits sont mauvaises, la production se ralentit mais puisqu’il y a eu une diminution de la production il y a aussi une diminution du pouvoir d'achat généré et donc un rétrécissement du marché.

C'est ici que beaucoup de gens se trompent en prenant la saturation apparente des marchés comme la cause de la chute de la production, tandis qu'en réalité c'est précisément l'inverse : c'est la chute de la production qui a entraîné la soi-disant saturation des marchés. De même, pour sortir d'une crise ce n'est pas de nouveaux marchés qu'il faut, c'est une hausse du taux de profit, mais c'est la crise elle-même qui recrée cette condition pour une reprise de la production. Elle le fait en dévaluant le capital (le capital, il faut se rappeler, n'est qu'une somme de valeurs et dans une crise ces valeurs se déprécient par les faillites, les restructurations financières, la baisse des prix réels, etc. . . .) et en augmentant le taux de plus-value (diminution des salaires réels). Et c’est la reprise de la production qui crée les nouveaux marchés. Donc la crise actuelle n’est pas la crise finale du capitalisme mais simplement une crise cyclique de laquelle le capitalisme sortira tôt ou tard.

Cela dit, une crise financière peut aggraver une crise économique. Comme Marx disait, en analysant dans le tome III du Capital les crises financière de 1848 et de 1857 en Angleterre:

"Une législation bancaire ignorante et absurde, comme celle de 1844-1845, peut aggraver la crise. Mais il n'est pas de législation qui puisse écarter la crise" (chapitre XXX).

Quelque chose à retenir en attendant le vote de la Chambre des représentants à Washington sur le plan Paulson.

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