dimanche 8 mars 2009

Pour libérer les femmes : féminisme ou socialisme ?

En devenant adultes, la plupart des adolescentes d'aujourd'hui s'aperçoivent que la société dans laquelle elles vivent a placé sur leur chemin des obstacles divers et souvent insurmontables. Comment se débarrasser du complexe d'infériorité qu'on vous a donné à la naissance, comment ne pas devenir un objet sexuel, comment combiner le travail et la famille, comment ne pas devenir dépendants d'un homme, comment ne pas tomber dans le rôle de servantes des hommes ? Toutes ces questions et bien d'autres encore représentent autant de problèmes qu'une femme doit résoudre. Certaines y renoncent et font simplement ce qu'on attend d'elles, en s'aidant souvent de tranquillisants. D'autres se rebellent, disent non au système qui les opprime et s'organisent avec d'autres qui pensent comme elles afin de faire pression sur la société. C'est ainsi que se forment les groupes féministes. Mais le féminisme est-il la seule solution, la meilleure solution aux problèmes des femmes ?

Le féminisme se propose aux femmes en tant que refuge où elles peuvent se retrouver, se reconnaître et se soutenir moralement et comme base à partir de laquelle elles peuvent lutter pour changer la société et obtenir leur libération. Ce que les femmes demandent principalement, c'est d'avoir accès au travail au même litre que les hommes, ce qui leur donnera, pensent-elles, leur indépendance financière ainsi que davantage de prestige et de pouvoir dans la société. Pour l'instant malgré leur activité et leur insistance, les féministes n'ont nullement atteint leur but. En effet même s'il y a de plus en plus de femmes qui travaillent pour un salaire, leurs emplois restent dans l'ensemble secondaires et mal payés, et lorsqu'elles envahissent en nombre une profession donnée, comme par exemple l'enseignement, ce ne sont pas elles qui y gagnent en prestige, mais la profession elle-même qui y perd. Pour ce qui est du pouvoir politique, même si y a aujourd'hui quelques femmes parmi les députés et même parmi les ministres, elles sont l'exception et non la règle.

Les féministes parlent du droit au travail, du droit a l'égalité, comme si le système de société dans lequel nous vivons, était organise dans l'intérêt des individus qui le composent et qu'il suffisait d'exprimer bien fort ses besoins pour qu'ils soient satisfaits. Mais il n'en est pas ainsi. Le système social dans lequel nous vivons n'a pour but ni de satisfaire les besoins matériels des habitants de la terre, ni de créer des activités utiles et intéressantes, ni de donner à chacun et a chacune l'occasion de développer pleinement son potentiel humain. Non. Notre système social, celui que la plupart des gens acceptent, pour lequel ils votent à chaque élection, et dans lequel ils veulent travailler, n'a qu'un but, seul et unique : produire des profits. Profits qui reviennent à une petite minorité de la population. Afin que ces profits soient produits, le reste de la population qui n'en verront jamais la couleur, doivent travailler et produire, et doivent, tous autant qu'ils sont, hommes et femmes, jouer leur rôle dans l'énorme machine capitaliste. Pour l'instant la femme a un rôle qui n'est pas net puisqu'on lui demande à la fois d'être prête à travailler si on a besoin d'elle, mais aussi d'être prête à produire et élever des enfants si c'est de cela qu'on a besoin. Que les femmes ne se fassent pas d'illusions, tant que la machine capitaliste existera c'est elle qui décidera, selon ses besoins, de ce que le rôle de chacun devra être.

Même si, dans cette perspective, il arrivait que les femmes se mettent à jouer exactement le même rôle que les hommes, auraient-elles pour autant obtenu leur libération ? Elles ne dépendraient plus d'un mari pour leur subsistance mais elles dépendraient à la place d'un employeur avec tous les inconvénients que cela comporte : risque de chômage, nécessité d'aller vivre la où on peut trouver du travail, difficulté de vivre avec qui on veut parce qu'on trouve rarement du travail au même endroit, nécessité de se battre continuellement, avec l'aide de son syndicat, pour maintenir son salaire à un niveau acceptable, humiliation de devoir se vendre pour pouvoir vivre. Est-ce cela l'indépendance, la liberté ? Quant au prestige que les hommes semblaient tirer de leur métier, on en reviendrait vite dans la monotonie de la routine quotidienne et l'inutilité manifeste de la plupart des tâches accomplies. Le pouvoir politique et social que les hommes semblaient détenir du fait de leur compétence dans le monde du travail, se révèlerait lui aussi très rapidement une pure illusion puisque seuls ont du pouvoir ceux qui sont en possession des moyens de production, c'est-à-dire une toute petite minorité de la population et même si cette petite minorité est principalement constituée d'hommes, il ne s'ensuit nullement que si l'on est homme, on est de ce fait en position de pouvoir.

Suivre les féministes et transformer la femme, elle aussi, en esclave salariée ne serait donc pas une véritable libération, car changer de maître, ce n'est pas se libérer. Une véritable libération implique qu'il n'y ait plus de maître, que chaque personne soit indépendante et autonome, qu'elle fasse sa part de travail selon ses capacités et qu'elle prenne ce dont elle a besoin, et ceci de l'enfance jusqu'à la mort, sans aucun besoin de se vendre à qui que ce soit, mari ou employeur, ni pour vivre dans le présent, ni par mesure de précaution pour l'avenir. Si l'on doit lutter pour quelque chose, alors luttons tous, travailleurs et travailleuses, pour bâtir une société ou chaque individu, homme, femme, ou enfant, sera véritablement libre.

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