lundi 4 octobre 2010

Au-delà du syndicalisme

Nous souscrivons à la formule « n’importe quel syndicat vaut mieux que pas de syndicat », c’est-à-dire: il vaut mieux que les travailleurs soient organisés que pas organisés (autrement les employeurs vous marchent dessus). Ceci n’a rien à voir avec la révolution, mais simplement avec le fait de survivre le mieux possible sous le capitalisme.

Dans une période non révolutionnaire le concept de « syndicat révolutionnaire » est une contradiction dans les termes. Dans une telle période les syndicats ne peuvent être que des organes de défense. C’est pourquoi toutes les tentatives de créer des syndicats révolutionnaires ont toujours fini en création d’un nouveau syndicat ordinaire ou en disputes sectaires entre de petits groupes sans aucune influence sur le lieu de travail.

Pourquoi ne pas reconnaître simplement que n’importe quelle organisation sur le lieu de travail aujourd’hui va être, et ne peut qu’être, non révolutionnaire ? On adhère à un syndicat, non pas pour faire la révolution, mais pour protéger son beefsteak (c.à.d., par exemple, obtenir une compensation si on se blesse en trébuchant sur les fils de son ordinateur, être sûr que son salaire a été calculé correctement et autres questions éminemment non révolutionnaires).

Bien sûr il est légitime pour les socialistes de participer — simplement en tant que travailleurs salariés eux-mêmes — à ces luttes « économiques », forcément défensives, des travailleurs à propos de salaires, horaires, conditions de travail, etc.

Cela dit, il est vrai aussi que, lorsque les travailleurs deviennent révolutionnaires, les organisations « économiques » qu'ils ont formées le deviennent aussi. Soit par la transformation des syndicats actuels (pas impossible), soit par des scissions de ces syndicats (le plus probable, peut-être), soit par la formation de nouvelles organisations (aucune objection). C'est l'histoire qui en décidera. Ces organisations seraient, on pourrait le dire, des « syndicats révolutionnaires », dont la fonction serait d'organiser la continuité de la production pendant la période révolutionnaire.

Ce que Marx écrit au sujet du syndicalisme il y a presque 150 ans est toujours pertinent :

« Les syndicats agissent utilement en tant que centres de résistance aux empiétements du Capital, ils s'avèrent en partie inefficaces par suite de l'emploi peu judicieux qu'ils font de leur puissance. Ils manquent généralement leur but parce qu'ils se bornent à une guerre d'escarmouches contre les effets du régime existant, au lieu de travailler en même temps à sa transformation et se servir de leur force organisée comme d'un levier pour l'émancipation définitive de la classe travailleuse, c'est-à-dire pour l'abolition du salariat » (fin de Salaires, Prix et Profits).


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