On passe des heures ennuyeuses, fatigantes, en état de soumission, dans la seule attente de la sortie du boulot et de la monnaie finale. Sans broncher. Sans rire et sans chanter. « Faut bien vivre », comme on dit. Or la plupart des produits fabriqués sont socialement inutiles du point de vue d'une société non-salariale puisque leur seule utilité est ici marchande : elle enchaîne le salarié à la consommation pour réaliser en argent le travail gratuit qu'on vient de lui prendre ! Qui en profite ? Le capital et toute sa hiérarchie salariée qui use du savoir et du pouvoir. Par ailleurs, dans le cadre du salariat près de la moitié des salariés ordinaires passe son temps à surveiller, à contrôler un travail fait sans motivation et sans passion, dans le désintérêt total, ou à comptabiliser et vendre le surtravail des autres afin de le transformer en marchandise et en argent. On mesure l'énorme gâchis de temps de travail, sans parler de celui consommé par l'oppression étatique, par la centralisation économique et le gigantisme des échanges de la société salariale.
Supprimez le capital et le salariat, le salaire et l'argent, l'Etat et l'économie de marché des produits, inséparable de l'économie de marché des hommes, et vous libérez une masse énorme de temps de travail. Ajoutez le temps disponible de tous les reclus qui voudraient bien produire un peu mais pas trop, les vieux, les enfants, les handicapés, les femmes vouées au rôle de reproductrice ou de gardienne au foyer, mettez toutes les hiérarchies au travail productif et vous aboutissez au compte suivant : deux heures de travail par jour pour la production de biens socialement utiles suffiraient amplement pour vivre enfin dans une société non-salariale.
samedi 6 août 2011
Ils ont raison (8)
Claude Berger dans Pour l’abolition du salariat (1976)
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